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Par dominiqueOriata TRON le 4 Mars 2013 à 17:22
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1976 : photos de la Ras Leela avant l'arrivée de Christine en 1977 . En haut avec Chinnapen et Jannagah :
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1977 : Christine dans la Ras Leela
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1978 : à droite de Christine : Soleïman Iqbal.
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Faute de permis de séjour en 1974,
apres avoir passé une année à Bali,
où j'avais cru pouvoir vivre toujours
je m'installais en Inde , d'abord à Bangalore
puis sur la plage de Sérénité
entre les deux villages de Naddukuppam et de Tandhirayankuppam ...
Je faisais danser aux enfants, ils adoraient,
le temps où Krishna jouait de son bambou au milieu des vachères !
L' arbre géant banyan sentait bon la campagne presque déserte
et j'y grimpais sans craindre le cobra qui y avait son repère ...
Les villageois ne s'étaient pas encore reproduit au point
de transformer son ombrage en pissotière ...
Et quand les enfants dansaient au son de mon tambour
et de mon chant ou de ma flûte
il y avait du côté du soleil ,
une gardienne de chèvre qui s'appliquait
à ne laisser aucun animal franchir
le cercle de notre Râs Leela enchantée !
Or un jour elle vint jusqu'à ma hutte me vendre des oeufs ,
elle me dit son nom, Laxmi, je la fis entrer
et elle me demanda de lui apprendre à danser
car à force de voir tous les matins
mes élèves tellement joyeux sous l'arbre banyan
elle ne cessait de regretter de ne plus avoir l'âge
d'aller à cette école ...
je l'invitais, mais sa famille dès le matin
avaient défini son quotidien
J' allais chercher de quoi payer les oeufs dans la mezzanine
de ma hutte couverte de feuilles de cocotiers
, et quand j'en descendis et me retournais
je vis que Laxmi avait retroussé son sari jusqu'à la taille
elle était allongée sur le sol, les yeux fermés
les jambes écartées, le sexe nu , j'étais émerveillé
et je m'étendis directement pour la sucer
c'était enfin le parfum de la fleur
sans avoir même eu besoin de mendier
et parce que je savais qu'elle était venue pour danser
je m'enivrais même de son goût d'urine ...
Il y a dans l'esprit de l'étude et de l'amour
le pouvoir enchanté de transmuter l'incarnation
en simple extase et satisfaction ...
Laxmi pendant quelques mois revenait tous les jours
Elle passait d'abord à la douche au milieu des feuillages
Chez elle il n'y avait que l'eau qu'on tirait du puits
En famille il était hors de question de se déshabiller.
En ce temps là au pays tamil on interdisait
aux filles de se baigner dans la mer et même
de monter sur une bicyclette et elles devaient accepter
comme mari les hommes de leur caste choisis par les ancêtres ...
Ainsi une heure ou deux avant que le soleil
fasse semblant de se coucher
Laxmi arrivait , je la faisais danser sur ma musique,
je corrigeais le port de ses bras , de ses jambes,
la moue de ses lèvres en sourire,
mais nous allions toujours ,avant qu'elle transpire
nous réjouir sur le matelas et les draps de la mezzanine ...
Elle me demandait d'éviter la pénétration
car sa famille avait déjà choisi son futur époux
et si jamais l'hymen s'avérait transpercé
elle serait battue et ostracisée ou enfermée ...
Je lui disais que nous devions nous évader
mais comment ? Il fallait bien plus d'argent, et des visas
pour échapper à notre sort rapidement ...
L'école , où j'étais bénévole
était financée par la Sri Aurobindo Society
qui m'accordait cette cabane , en tant que logement de fonction
et me faisait porter par un cycliste
un repas chaque jour des cuisines de l'ashram...
Entre mes professeurs et mes élèves j'avais trouvé l'équilibre ...
En fait j'étais en charge de l'école tout entiere
notamment de son budget, et de l'hygiène ...
Aussi chaque matin je faisais mettre nus les enfants
et je les arrosais copieusement pendant qu'ils se nettoyaient
avec du savon, et il fallait soigner aussi leur gale.
Il y avait à côté de l'école en forme d'étoile
un jardin qui servait de modèle agricole
et que le gardien était payé pour cultiver
mais comme celui ci était de caste de pêcheur
il se contentait de le composter en déféquant .
C'est plutôt l'instituteur qui s' occupait du potager
L'instituteur, Soleiman Iqbal, que j'avais recruté
Laxmi avait si peur de sa propre famille
qu' elle ne voulait pas que je propose le mariage ...
En fait je n'étais toujours pas divorcé d'Elisabeth ,
c'était compliqué
Elisabeth à cette époque m'avait rejoint
et comme on se permettait toutes les aventures qu'on voulait
elle était ces temps là avac un antillais à coiffure rasta,
les enfants du village se succédaient derriere leur hutte
afin d'apercevoir par les trous des feuilles sèches leurs corps dénudés
qui fusionnaient toutes la journée
dans une odeur d'encens et de fumée
car en ces temps là le cannabis était autorisé en Inde...
L'alcool par contre était prohibé.
Ce spectacle avait donné à Laxmi l'audace de me visiter.
Ensuite arriva Christine, en 1977 !
Elisabeth était en voyage au cap Comorin avec son amant
A peine arrivée Christine assista à une fête avec des danses
que j'orchestrais sur la demande d'une association
qui contribuait aux finances de l'école
mais tellement peu qu'apres avoir fait danser les enfants
et reçu des notables les félicitations d'usage
j'exhibais le cahier de comptes et me mit à le lire ...
et à demander un rapport immédiat et précis
Sur l'argent qui était collecté jusqu'en France
après le journal télévisé.
On me promit tout cela
mais ce ne fut jamais concrétisé.
A l'issue de la fête , comme je m'éloignais Christine m'arrêta
et me dit " Dominique, je veux bosser avec toi !"
Aussitôt je commençais l'entraînement ,elle était douée
Elle avait appris le yoga avec Babakhar Khan
puis donné des cours dans un centre social de son village
et suivi ceux de Françoise et Dominique Dupuy,
condisciples de Roger Ribes
mon maître de danse en France,
tous trois étaient élèves de Jérôme Andrews .
Chaque matin Christine m'accompagnait à l'école
Elle était mon élève, et ma collaboratrice
et Laxmi venait ensuite me visiter dans ma hutte
pour la danse et les câlins sans frein...
jusqu'au jour où au retour du bain avec Christine
Il y eut la fusion , sur une natte, dans sa hutte
Et désormais je ne fus plus qu'avec elle
Il fut facile d'expliquer à Laxmi ma rencontre
Elle était encore plus persuadée que moi même
de l'impossibilité d'échapper à sa caste
en fait elle espérait que même mariée
elle pourrait toujours me rencontrer
en allant me vendre des oeufs ou des idlis.
Et maintenant qu'elle me visitait dans la hutte de Christine
Laxmi se blottissait contre elle comme une amie très chère
et ses mains se rapprochaient de ses seins
ou de son entre-jambes et Laxmi demandait
qu'on ferme la porte et les volets , en cas de visite ...
Alors Christine se levait, se dérobait
et on se contentait de la faire danser,
et comme notre ami l'instituteur
était émerveillé de l'ademirer et soupirait
en regrettant de ne pouvoir la marier
nous lui demandâmes pourquoi c'était tant impossible
L'instituteur Soleiman Iqbal était un jeune musulman
qui m'avait abordé sur la plage où je dansais en chantant ...
Lui aussi ,avant Laxmi ,avait voulu apprendre avec moi
mais ce n'était possible que caché
car les anciens de sa communauté étaient des fanatiques
ils méprisaient la danse comme un vice de prostitué
Je donnais donc des cours à Soleiman
à l'intérieur de l'école
après que les enfants soient rentrrés chez eux
Et quand fut nommé ailleurs l'ancien instituteur
en ville comme il l'espérait depuis longtemps
je proposais que Soleïman le remplace et ce fut accepté
On lui donna aussi une hutte gratuite en plus du salaire
Sur les mariages tamils il confirma les propos de Laxmi
et si jamais il tentait d'épouser civilement une hindoue
chaque communauté taperait sur le couple toute leur vie durant
ils se feraient tabasser au détour des sentiers ...
Leur famille seule pouvait décider
qui serait leurs conjoints, et il était exclu
d'épouser une femme idôlâtre ,
et de toutes façons les villageois ne se mariaient
qu'à l'intérieur de leur caste.
On punissait les jeunes épouses trouvées déflorées
, déjà dépucelées la nuit de noces
en les hissant d'abord nues sur des ânes
avec la tête vers l'arrière , et dans cette posture
on leur faisait traverser le village et la ville
afin que toute femme ait peur du sort qui attendaient
celles qui cèderaient aux amours clandestines ...
Ensuite plus personne ne les marieraient
Pour la vie elles seraient des souffre-douleurs
servantes de leurs soeurs ...
Et même si les amoureux s'enfuyaient
dans les hôtels on demanderait leurs papiers,
on n'autorisait pas les couples non mariés ...
Selon Soleiman ce serait difficile de trouver à louer
sauf à vivre chez les blancs , mais de l'autre côté du pays
barricadés dans un riche quartier ...
Finalement Laxmi , soeur de l'usurier du village
fut mariée à un riche marchand ...
il l'emmena dans la ville de Marekannam
Elle eut de lui un enfant , et quelques temps après
on retrouva son mari empoisonné ...
Par qui, personne ne put le prouver
ni même soupçonner la jeune veuve éplorée
qui désormais se promena en sari de luxe
et quand en vieille amie elle vint nous visiter
avec son gamin, ni lui ni elle ne demandèrent
à danser .
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Par dominiqueOriata TRON le 4 Mars 2013 à 15:09
Ci dessus photo de Christine du temps de notre rencontre en 1977. Ci dessus image extraite réalisée peu après avec Christine. La plage de Sérénité à Tandhirayankuppam a considérablement retréci à la suite du tsunami du début du 21 ème siècle, l'endroit où fut tourné ce film est maintenant dans l'océan .Consulter la playlist des danses de l'Eden Duo sur http://www.youtube.com/playlist?list=PL10044D4AF7D7B3E6
O toi mon amour dans le silence
dans le temps des vagues qui dansent
ton sourire nous rend la jungle facile
et la mort légère, illusoire
Nous nous cherchions à tâtons
nous étions portés l'un vers l'autre
par des vents qui se sont croisés
et nous voilà à l'ombre, près de la rivière
comme un cerf , une biche apaisés.
La flamme qui nous unit dans sa douce brûlure
est plus éternelle que les serments
mais la moindre bourrasque peut l'éteindre
Et pourtant elle se multiplie spontanément
comme les feuilles sur l'arbre
et nous engendre,
comme les graines dans la terre
Elle se pose sur nos lèvres jointes
comme un papillon sur une fleur
O toi mon amour éperdu
dans le silence d'une nouvelle enfance
tu me donnes les fruits de ta confiance
danse sans te lasser sur nos refrains de chance
lance tes bras suis les d'un regard léger
qu'ils te soulèvent et te fassent tourbillonner !
Que ton écho soit pour chacun offrande de bonheur
miracle de la nature !
Prudence , l'ignorance a vite fait de saccager
l'équilibre au présent, cette beauté
invisible et omniprésente dans la forêt
sève de l'instant vivant de nos renaissances
le coeur à l'abri du mauvais oeil !
Soyons discrets pour ne pas être capturés...
Elle est là enfin ,enjouée
la femme qui ensoleille le Temps
je n'ai rien d'autre à espérer ou à chercher ...
une brise passe sur la mer
le soleil caresse nos coeurs satisfaits
Tous deux nous avançons sur des rayons de Soleil
et demandons la vue à la Lumière aveuglante ...
Attention à ne pas laisser notre paix chavirer
taisons nous de plus en plus profondément
Eloignons nous de nos corps îles offertes à l'Espérance
La campagne est déserte
La rosée tremble à la brise sur les bourgeons, les herbes
Vois tu le temps rouler sa houle et ses baisers ?
Vois tu le gardien brandir son épée à l'entrée du pont ?
Vois tu l' Arbre de Vie où nous avons fusionnés
et ses racines dans nos corps surgis de la Terre ensommeillée
et le parfum de sa Fleur que nous avions tant mendié ...
Vois tu comment le Souffle du Supramental Divin
a éveillé sa vie sur tous les astres de la Galaxie
à tous les recoins de notre présence ?
Inspire l'air du large qui t'inonde sans se lasser
Eteins ta distaction à chaque gong sonné
par le fracas des vagues sur le rivage qui scintille
Ferme les yeux quelques instants et laisse l'océan
te bercer , te nettoyer, te caresser à distance
O le sable jaune où tes cheveux s'enfouissent !
O l'orange encore verte qui roule sur le sol !
O la voile bleue dans le ciel où tu hisses
ta poitrine nue et habitée qui caracole !
Mon amour , le Soleil ouvre nos fronts de ses spirales
et nous nous souvenons que chaque être vivant
en naissant est toujours une semence d'étoiles ...
Pour trouver l'énergie de gravir plus haut cet escalier
Il faut la paix , l'urgence , la patience, la gratitude
et ne plus rien chercher à la dérive ... en effet tout est là
sauf le visa , l'Inde comme toute contrée
est un champs de bataille
entre Dévas et Raksasas
entre les anges et les diables !
Mais l'Amour est le charme qui nous fortifie face aux obstacles
à condition de préserver la pureté de nos consécrations
et de nous défier des tentations , des fausses fêtes qui épuisent ...
Aimons nous sur le fil enchanté au dessus du précipice
Il nous conduit jusqu'à la Paix totale du refuge Céleste
où la règle du jeu cosmique offre sa liberté par son savoir
O toi mon bel amour avec tes tresses soleilleuses
ouvrons nos existences à tous les vents d'en haut
et que nos graines soient dispersées pour la faim et la fertilité
Approche tes lèvres électriques et viens t'asseoir
sur la pierre levée de mon lingam aimanté
Fait moi boire ton lait astral, oublie, oublie ton nom !
Le chemin de l'évasion nous sourit avec sa brise
il fallait déserter le chantage des tricheries
et préférer l'ascèse qui donne la force et le regard serein
En dépit des erreurs, des chutes , de l'ensorcèlement
par les miasmes karmiques et les folies humaines
il t'aimante le sentier du ciel que tu as désiré
si tu donne sans limite à la recherche du vrai !
Si la montagne est haute c'est pour que tu la gravisse
en attendant de savoir t'envoler ...
Oui l'escalade est raide sur la pente abrupte
il faut que tu découvres comment la roche peut t'aider !
Alors les cascades tinteront pour toujours dans ta conscience
et tes paroles seront douces comme la mousse des forêts
mais ne recule pas devant les reflets éblouissants
résiste à la violence des vagues , et ne t'éloigne pas
du temps de la moisson, aiguise à l'avance ta faux
Sinon les tempêtes humaines avaleront ta chance
comme le papillon aimanté par les lampes
ou projeté sur les murs par la bourrasque turbulente !
Femme plus fraîche que l'herbe et la rosée
tes cheveux ont l'odeur des cendres,
comme si l'astre avait incendié
les obstacles où tu campais
Tu étais assoiffée et tu as découvert
des fruits pour te sourire dans le jardin du monde
et se donner à toi pour te rassasier ...
Toi même tu es un brin de vie qui peut fertiliser
le désert d'humanité où tu avances !
Maintenant nous flottons sur l'eau et étirons nos fibres
Les nuages auréolent la lune matinale
les rouleaux de la mer te renversent, les eaux te massent, te caressent
un chien aboie au loin, son cri fait frémir les arbres
et me fait bondir comme une toupie pour danser ...
Une étincelle s'est éveillée immobile
comme à l'axe central de tes cabrioles exaltées ...
Nous avons bondi la tête en haut dans les étoiles
et nos os se consument dans l'avalanche éternelle !
Chaque instant est à doser dans la vertu pour te manifester
ô lumière suprême, amour multiple , Seul Regard
pour nous lever, nous conquérir par tes offrandes impassibles ...
et faire de chacun de nous des hommes et des femmes libres !
le vent souffle et devient brise , et tout se calme
c'est le silence et l'immobilité
La couleur de ton regard qui m'enlace comme des lianes
éveille avec un chant la foumillière
où se cherche la Terre au delà de ses labyrinthes ...
Tu es là, beau coquillage;
à ouvrir chacun de tes grains de matière
à dérouler ta spirale dans les espaces sidéraux
du dedans accordés aux orgues des étoiles
Et toi mon amour tu aimes ma caresse inlassable
et louer en bondissant avec la mer
Au loin tourne le phare de Pondichéry
l^où la ville sans répit se construit et s'effondre
dans le sommeil qui pompe ses vapeurs souterraines
Ton sein Christine éveille en moi la force de la plante
et me tourne vers le Soleil où tendus on se déverse
pour qu'il habite pour toujours nos chansons et nos danses
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Par dominiqueOriata TRON le 3 Mars 2013 à 16:27
1974 : Dominique Tron à Bali
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La fleur est le sexe de la plante
C'est par là qu'elle se reproduit
et se protège ,si belle qu'au pire
elle va se faire désirer
pour se faire arracher
mais aussi cultiver.
J'étais parti d'abord étudier dans une ville
qui s'appelait Paris, et là je ne cessais de penser ) Bali
c'est là que je voulais vivre.
Dans un dictionnaire de Chine j'ai lu que Paris se disait parfois Bali
A bali on tient entre ses doigts des fleurs aux moments des prières
mais à paris, ville enfumée se croyant encore ville Lumière
la pire insulte pour dénigrer un poème
c'était qu'il était "fleur bleue".
J'avais en ces lieux l'impression
que les écrivains étaient des sortes de fantômes
alors que les danseuses semblaient exister
parfumées jusque dans les coins secrets
sans artifice, juste parcequ'elles se construisaient
plutôt que de se battre contre les moulins à vent
sans jamais s'inquiéter des dénis de dignité ...
Dans les hiérarchies de l'époque
il n'était pas évident de considérer la danse comme un art
alors les danseuses pour se faire valoir
se laissaient ventriloquer par les fantasmes des bavards
c'étaient eux qui décidaient de toutes les valeurs
dans le microcosme de la ville ...
Et moi je mendiais en chaque femme l'esprit de la fleur !
Celles qui venaient vers moi étaient addictées aux illusions citadines
c'est parce que j 'y scintillais qu'elles m'avaient dragué ...
Quant aux autres j'avais renoncé à les courtiser
cela ne menait à rien , ce qu'elles voulaient faire adorer
c'étaient leurs préjugés montés sur pattes, et talons hauts ...
La dictature , même du sexe, était annoncée, dissuasive ...
Il y avait tout à perdre, même l'inspiration, rien à gagner
sauf peut être un emploi de valet patron ou de valet valet
au service de femmes éprises de marionnettes ...
Finalement je partis à Bali, et restais un an chaste ...
Il fallait que je me nettoie de quelques partouzes insensées
et puis c'était mon tour de me refuser aux orgueilleuses ...
Elles n'avaient pas l'habitude elles étaient vexées ...
J'étais en fait amoureux de Dewi, une balinaise
qui venait se baigner seins nus devant la maison que j'habitais
son pere,Bharata, homme gambuh ,voulait que je l'épouse
mais de toutes façons je n'étais pas encore divorcé d'Elisabeth
et tout sur le plan de l'organisation était si compliqué ...
Tout mon argent , je l'avais donné à mon maître de danse
et du coup j'avais vaincu en lui toute avarice de pédagogue
frustré de manquer de la meilleure renommée
et accusé de résister à la discrimination par la sorcellerie ...
Il disait qu'à cause de sa peau trop noire
et de ses pieds tout aplatis à force d'arpenter la boue des rizières
on ne le laissait danser que des rôles de démon
et pourtant il avait deux femmes ,
l'une splendide, et l'autre pleine de bonté, ainsi qu' un fils
et nous tous nous construisions la maison qu'ils avaient rêvé
avec l'argent que j'avais apporté, une chambre pour chacun .
Cette année là , la seule demoiselle que je touchai
fut une prostituée, voilà comment ça s'est passé :
Mon ami Astawa, le peintre balinais cousin de mon maître Raï
me donna rendez vous dans un bar
pour me ramener de la plage en moto.
Il me dit qu'il avait déjà payée la prostituée,
il se demandait seulement
quelle sorte d'homme j'étais ...
car plusieurs fois il avait fait l'entremetteur
mais les femmes séduites par ma danse ,
je les avais laissées sur le palier
Au dessus de ma porte un dessin en couleur
proclamait à peu près , par la bouche d'un paradisier
" L'amour est impossible à emprisonner"
Les putes avaient toujours été pour moi un mystère ...
On disait mêmes qu'elles seules savaient contenter un homme ...
Par le truchement de quelques billets devenaient elles habiles ?
Fallait il négocier à chaque pas comme avec les vaniteuses ?
Le cadeau d'Astawa semblait sans risque d'enlisement ...
Je trouvais la fille laide et épaisse
mais je me décidais à aller l'explorer ,
ce ne serait qu'un court voyage sans lendemain ...
Mon étonnement fut extrême avec cette pute
En fait elle me traita comme une machine à baiser,
ce qu'elle était , je n'avais jamais vu ça...
Apres ma douche elle écarta les jambes et me dit " Vas y !"
Son vagin était sec comme l'étui de cuir d'un couteau ...
A peine j'étais entré elle me dit "Fais vite"
et moi quoique bandant je n'étais pas excité ...
Cela ne venait pas , or pour la satisfaire
il fallait que j'en finisse avant d'avoir commencé ...
décidément Astawa avait du payer pour un quart d'heure
et moi qui m'attendait à être plus que caressé !
Bref au bout d'un temps à force de m'appliquer
j'arrivais à lâcher mon sperme en elle et bientôt
nous étions tous deux comme des robots dissociés
qui se lavaient et puis se rhabillaient
C'était encore moins instructif qu'une partouze
où chacun tente quand même de concrétiser ses obsessions
ses désirs névrosés et nauséeux,
ses projections , son narcissisme ...
Même si c'est stérile c'est instructif , et nécessite
de la tolérance, de l'humour et de la générosité ...
C'est là qu'on voit que le sexe n'existe pas
il n'y a que des personnes , et un rat accouplé à un rat
jamais d'un éléphant n'enfantera !
Et malgré tout l'orgueil collectif parisien
il n'y avait pas de gloire à s'être montré nu
ni de honte à avoir osé ce genre de festin
juste bon à en effacer le désir
hélas sans avenir comme les écoliers et écolières
une fois qu'ils ont pour toujours renoncé à l'étude ...
J'avais compris que je pouvais seulement aimer vraiment
qu'une femme aimantée par mon chant et ma danse,
et qui vive à l'écart des fumées et les bruits
des idoles sacrées de la musique mécanisée ...
Avec de tels critères j'étais confronté
à l'extrême rareté ...
Pourtant il y avait toujours des voyageuses
en quête d'un homme pur à dépuceler ...
et le compliment qu'on me faisait, c'était
"beau comme un puceau" ...
J'expliquais ne chercher qu'une femme pour la vie
et pour cela il fallait que je lui apprenne à danser à chanter
sans même tenter de rivaliser avec les refrains pathogènes
que tous s'accordaient à louer sur les médias dégénérés ...
Je revis plu tarde la pute balinaise ...
Astawa m'avait dit : "c"est une javanaise"
En effet à Bali, c'était un métier
jugé indigne d' une fille de l'île
où tout devait paraître parfait, par exemple
on ne voyait jamais de mendiant, il y avait
un village où tout le monde était mendiant
et que les pélerins entretenaient ...
Néammoins , un jour de 1974 dans un temple éloigné
Où mon maitre officiait comme marionnettiste
après avoir le matin limé les dents des jeunes à initier,
je me trouvais face à face avec la prostituée
enveloppée comme un joyau dans un cabaya vert ...
Elle avait des airs de jeune mère de famille
appliquée à ses prières avec des fleurs dans les doigts
Elle resta impassible en me voyant, et je compris
qu'à la moindre parole elle changerait de place ...
Elle me regardait avec les yeux d'une poupée en plastique
et plus tard dans la nuit je partis avec mon maître
sur la benne d'un camion à travers les chemins de terre
sous les étoiles, comme j'étais venu
avec les instruments et les musiciens ...
C'est de cette façon que Raï m'emmenait
gravir et descendre les pentes
jusqu'aux villages où il me faisait danser
et même si mon tour était prévu pour minuit
on m'entortillait dès l'arrivée dans des habits étroits
conçus pour aider les enfants
à garder les coudes hauts ...
Moi j'étouffais , sauf allongé sur une natte
, cela pouvait durer une heure ou deux d'attente
en transpirant jusqu'à ce qu'on dise que c' était mon tour
et comme Raï m'avait conseillé pendant ce temps de méditer
je n'avais que le choix d'oublier mon corps et le temps
il m'avait dit Siva est ton unique spectateur
écoute le il te parle au milieu de ton front ...
Moi j'entendais qu'il me disait de patienter
et qu' un jour je pourrai danser nu ou presque
La culture des moeurs n'est pas celle des connaissances !
Le père de Raï était prêtre et prétendait
que le kawi sacré dérivait du latin ...
Cela impressionnait probablement ses ouailles, comme le fait
qu'il ne pouvait se déplacer qu'en chaise en porteurs ...
C'était la coutume chez les bhramanes Bouddha
et le fils ainé qui succèrait à sa mort au prêtre dit pedanda
ne serait plus ensuite autorisé
à marcher à pieds ...
Le nom complet de Raï c'était
Ida Bagous Ktut Raï Datah
Dans les villages àù Raï fournissait du spectacle
j' attendais donc quasiment ligoté
que ce soit mon tour de danser sur la piste
Le moment venu un éclair se déchaînait
en moi ; en guise de mémoire
au son du gamelan qui m'habitait tout entier !
En fait je ne dansais pas, j'étais dansé !
En vertu d'une grâce aidée peut être d'un breuvage
où mon maître avait pilé des champignons sacrés
les danses que trouvent trop longues les occidentaux éduqués
me paraissaient n'avoir duré qu'un seul instant illuminé ...
Un jour Astawa invita à aimer ses peintures
et si possible à en acheter
une riche française qui parlait comme un livre
A chaque mot elle faisait la louange de l'île
en indonésien , en anglais ou en français
et fit savoir qu'elle était professeur d'Université
Astawa me présenta comme un danseur de baris
Mais la dame aussitôt se montra très sceptique
et me dit : "ne croyez pas à ces flatteries là
seuls savent danser le baris
ceux qui nés dans cette île
ont commencé l'apprentissage à l'âge de quatre ans.
N'ayez pas d'illusion, vous n'y parviendrez pas
sauf à faire rire de vous , ce n'est pas votre culture !"
Astawa lui signala que la veille elle m'avait vu danser
elle se récria : "non hier je n'ai vu que des balinais"
Il insista , elle n'en démordit pas
Elle ne pouvait pas se tromper
Il faut dire que j'étais tres costumé
et qu' en mémoire des conquêtes aryennes
dans les épopées de l'Inde jouées à Bali
les danseurs se poudraient de blanc tant qu'ils pouvaient
Quant à ceux qui pouvaient à peine gommer leur noirceur
ils devaient se résigner à des rôles de raksasas.
Eh oui tous les pays ont leurs précieux et précieuses ridicules
Helas bien souvent ce sont eux qui décident entre eux
des priorités dans les programmes scolaires
et barricadent les frontieres en décidant des visas
et c'est pourquoi l'humanité ne progresse pas
On a besoin de tout un clergé superstitieux même athée
pour éviter aux enfants de rencontrer face à face
le souffle supramental Divin et sa grâce
Alors des fous espèrent que Dieu démissionnent
ils le confondent avec les usurpateurs de son identité
Et pourtant en dépit des imbéciles patentés
bhramanes , mandarins , spécialistes des livres sacrés
inquisiteurs de l'université de Coïmbre
économistes, démagogues , gardiens ignorants d'enfers et de paradis
je n'ai pas dédaigné le sens symbolique des images
ni le paradoxe des cérémonies sacrées ...
l' être humain est un animal apparemment incurable
et pourtant à force d'imiter les Dieux qu'il a rêvé
il en connait l'amour quelques instants
et pour son âme ce sont là des signes d'Eternité !
*
Ida Bagous Ktut Raï Datah :
*
Image de Siva
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Par dominiqueOriata TRON le 24 Février 2013 à 19:14
*
version 2 :
(YOGUI)
*
version 5
C'était un roi dépossédé par son jeune frère
Il se battit longtemps, très longtemps
Pour reconquérir son royaume.
Puis il vainquit, et il comprit
qu'il s'était battu pour une illusion
Il retourna dans la forêt
Nu, en instase, avec dans le coeur les clés
De la source de Félicité.
On érigea une statue énorme de granit
Sur la colline de Sravanabelgola.
Par hélicoptère les riches marchands jaïns de Bombay
Déversent des seaux de beurre fondu
Sur la tête de l'ascète qui avait renoncé
A toute royauté terrestre.
Ils sont là, les Vivants, perceptibles plutôt
Par le sacrifice des patentes spirituelles
Et non par le gaspillage
L'oubli du sens
Il y eut des milliers d'ascètes nus
vêtus de vent.
Devant eux les femmes se coupaient les cheveux
Ils sont là, les Vivants, perceptibles plutôt
Par le sacrifice des patentes spirituelles
Et non par le gaspillage
L'oubli du sens
Un saint anonyme passe
Devant le pouce énorme de la statue.
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version 1
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version 3
On a remarqué des analogies entre l'histoire de Bahubali et celle du roi mis en scène par Shakespeare, dans "Comme il vous plaira" .
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Par dominiqueOriata TRON le 23 Février 2013 à 19:44
version 1 :
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version 3 :
EN HAUT
Sonnent les tambours
Deux moines fument le shilom.
L'un est installé ici depuis trois ans.
"Quand il vint", me dit-il
"vivait un seul sadhou sur le sommet
De cette montagne.
Puis il mourut.
Depuis on a taillé ce long chemin
Avec des escaliers dans la roche."
La prière est chantée
Il y a une quête
Un voyageur s'insurge
Rien n'est exigé pourtant
Une petite pièce de chaque pélerin
Suffit à l'entretien des sannyasins
Des singes font mine de jouer
l'un d'eux soudain s'enfuit avec un sac.
Poursuivi, il le lâche
On dit qu'ici jadis naquit Hanoman.
Au loin un palais en ruine
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