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    1976 :  photos de la Ras Leela  avant l'arrivée de Christine en 1977 . En haut avec Chinnapen et Jannagah :

     

    opus 587 : LE JARDINIER DES FLEURS HUMAINES

     

     
     
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    opus 587 : LE JARDINIER DES FLEURS HUMAINES

     
     
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     1977 :  Christine dans la Ras Leela

     

    opus 587 : LE JARDINIER DES FLEURS HUMAINES

     

     

     
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    1978 : à droite de Christine : Soleïman Iqbal. 
     

     

     

     opus 587 :

     

     

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    Faute de permis de séjour en 1974,

    apres avoir passé une année à Bali,

    où j'avais cru pouvoir vivre toujours

    je m'installais en Inde , d'abord à Bangalore

    puis sur la plage de Sérénité

    entre les deux villages de Naddukuppam et de Tandhirayankuppam ...

    Je faisais danser aux enfants, ils adoraient, 

    le temps où Krishna jouait de son bambou au milieu des vachères !

     

    L' arbre géant banyan  sentait bon la campagne presque déserte

    et j'y grimpais  sans craindre le cobra qui  y avait son repère ...

    Les villageois ne s'étaient pas encore reproduit au point

    de transformer son ombrage en pissotière  ...

     

    Et quand les enfants dansaient au son de mon tambour

     et de mon chant ou de ma flûte

    il y avait du côté du soleil  ,

    une  gardienne de chèvre qui s'appliquait

    à ne laisser aucun animal franchir

    le cercle de notre Râs Leela enchantée !

     

    Or un jour elle vint  jusqu'à ma hutte me vendre des oeufs ,

    elle me dit son nom, Laxmi, je la fis entrer

    et  elle me demanda de lui apprendre à danser

    car à force de voir tous les matins

     mes élèves tellement joyeux sous l'arbre banyan

    elle ne cessait de regretter de ne plus avoir l'âge

    d'aller à cette école ... 

    je l'invitais, mais sa famille  dès le matin 

    avaient défini son quotidien

     

    J' allais chercher de quoi payer les oeufs dans la mezzanine

    de ma hutte couverte de feuilles de cocotiers

    , et quand j'en descendis et me retournais 

    je vis que Laxmi  avait retroussé son sari jusqu'à la taille

    elle était allongée sur le sol, les yeux fermés

    les jambes écartées, le sexe nu , j'étais émerveillé

    et je m'étendis directement pour la sucer

    c'était enfin le parfum de la fleur

    sans avoir même eu besoin de mendier 

    et parce que je savais qu'elle était venue pour danser

    je m'enivrais même de son goût d'urine  ...

    Il y a dans l'esprit de l'étude et de l'amour

    le pouvoir enchanté de transmuter l'incarnation

    en simple extase et satisfaction ...

     

    Laxmi pendant quelques mois  revenait tous les jours

    Elle passait d'abord à la douche au milieu des feuillages 

    Chez  elle il n'y avait que l'eau qu'on tirait du puits

    En famille il était hors de question de se déshabiller.

    En ce temps là au pays tamil on interdisait 

    aux filles de se baigner dans la mer et même

    de monter sur une bicyclette et elles devaient accepter

    comme mari les hommes de leur caste choisis par les ancêtres ...

     

    Ainsi une heure ou deux avant que le soleil

    fasse semblant de se coucher

    Laxmi  arrivait , je la faisais danser sur ma musique,

    je corrigeais le port de ses bras , de ses jambes,

    la moue de ses lèvres en sourire,

    mais nous allions toujours   ,avant qu'elle transpire

    nous réjouir sur le matelas et les draps de la mezzanine ...

     

    Elle me demandait d'éviter la pénétration

    car sa famille avait déjà choisi son futur époux

    et si jamais l'hymen s'avérait transpercé

    elle serait battue et  ostracisée ou enfermée ...

    Je lui disais que nous devions nous évader

    mais comment ? Il fallait bien plus d'argent, et des visas

    pour échapper à notre sort rapidement ...

     

    L'école , où j'étais bénévole

     était financée par la Sri Aurobindo Society

    qui m'accordait cette cabane , en tant que logement de fonction

    et me faisait porter par un cycliste

    un repas chaque jour des cuisines de l'ashram...

    Entre mes professeurs et mes élèves j'avais trouvé l'équilibre ...

     

     

    En fait j'étais en charge de l'école tout entiere

    notamment de son budget, et de l'hygiène ...

    Aussi  chaque matin je faisais mettre nus les enfants

    et je les arrosais copieusement pendant qu'ils se nettoyaient

    avec du savon, et il fallait soigner aussi leur gale.

    Il y avait à côté de l'école en forme d'étoile

    un jardin qui servait de modèle  agricole

    et que le gardien était payé pour cultiver

    mais comme celui ci  était de caste de  pêcheur 

    il se contentait de le composter en déféquant .

     

    C'est plutôt l'instituteur qui s' occupait du potager

    L'instituteur, Soleiman Iqbal, que j'avais  recruté

     

    Laxmi avait si peur de sa propre famille

    qu' elle ne voulait pas  que je propose le mariage ...

    En fait  je n'étais toujours pas divorcé d'Elisabeth ,

    c'était compliqué

    Elisabeth à cette époque m'avait rejoint

    et comme on se permettait toutes les aventures qu'on voulait

    elle était ces temps là avac un antillais à coiffure rasta,

    les enfants du village se succédaient derriere leur hutte

    afin d'apercevoir par les trous des feuilles sèches leurs corps dénudés 

    qui fusionnaient toutes la journée 

    dans une odeur d'encens et de fumée

    car en ces temps là le cannabis était autorisé  en Inde...

    L'alcool par contre était prohibé.

    Ce spectacle avait donné à Laxmi  l'audace de me visiter.

     

    Ensuite arriva Christine,  en 1977 !

    Elisabeth était en voyage au cap Comorin  avec son amant

    A peine arrivée Christine assista  à une fête avec des danses

    que j'orchestrais  sur la demande  d'une association 

    qui contribuait aux finances de l'école

    mais tellement peu qu'apres avoir fait danser les enfants

    et reçu des notables les félicitations d'usage

    j'exhibais le cahier de comptes et me mit à le lire ...

    et à demander  un rapport immédiat et précis

    Sur l'argent qui était collecté jusqu'en France

    après le journal télévisé.

    On me promit  tout cela

    mais ce ne  fut jamais concrétisé.

     

    A l'issue de la fête , comme je m'éloignais Christine m'arrêta

    et me dit " Dominique, je veux bosser avec toi !"

    Aussitôt je commençais l'entraînement ,elle était douée

     

    Elle avait appris le yoga avec Babakhar Khan 

    puis  donné des cours dans un centre social de son village

    et suivi ceux de Françoise  et Dominique Dupuy,

    condisciples de Roger Ribes

    mon maître de danse en France,

    tous trois étaient élèves de Jérôme Andrews .

     

    Chaque matin Christine m'accompagnait à l'école 

    Elle était mon élève, et ma collaboratrice 

    et Laxmi venait ensuite me visiter dans ma hutte

    pour la danse et les câlins sans frein...

    jusqu'au  jour où au retour du bain avec Christine

    Il y eut la fusion , sur une natte, dans sa hutte

    Et désormais je ne fus plus qu'avec elle

     

    Il fut facile d'expliquer à Laxmi ma rencontre

    Elle était encore plus persuadée que moi même 

    de l'impossibilité  d'échapper à sa caste

    en fait elle espérait que même mariée

    elle pourrait toujours me rencontrer

    en allant me vendre des oeufs ou des idlis.

     

    Et maintenant qu'elle me visitait dans la hutte de  Christine

    Laxmi se blottissait contre elle comme une amie très chère

    et ses mains  se rapprochaient de  ses seins

    ou de son entre-jambes  et  Laxmi demandait

    qu'on ferme la porte et les volets , en cas de visite ...

     

    Alors Christine se levait, se dérobait

    et on se contentait de la faire danser,

    et comme notre ami l'instituteur

    était émerveillé  de l'ademirer et soupirait

    en regrettant de ne pouvoir la marier

    nous lui demandâmes pourquoi c'était tant impossible 

     

     L'instituteur Soleiman Iqbal était un jeune musulman  

    qui  m'avait abordé sur la plage où je dansais en chantant ...

    Lui aussi ,avant Laxmi ,avait voulu apprendre avec moi 

     mais ce n'était possible que caché

    car les anciens de sa communauté étaient des fanatiques

    ils méprisaient la danse comme un vice  de prostitué

     

    Je donnais donc des cours à Soleiman

    à l'intérieur de l'école

    après que les enfants soient rentrrés chez eux

    Et quand fut nommé ailleurs l'ancien instituteur

    en ville comme il l'espérait depuis longtemps

    je proposais que Soleïman le remplace et ce fut accepté

    On lui donna aussi une hutte gratuite en plus du salaire

     

     

    Sur les mariages tamils il confirma les propos  de Laxmi

    et si  jamais il tentait d'épouser civilement une hindoue

    chaque communauté taperait sur le couple toute leur vie durant

    ils se feraient tabasser au détour des sentiers ...

    Leur  famille seule pouvait décider

    qui serait leurs conjoints, et il était exclu

    d'épouser une femme idôlâtre ,

    et de toutes façons les villageois ne se mariaient

    qu'à l'intérieur de leur caste.

     

    On punissait les jeunes épouses trouvées déflorées

    , déjà dépucelées la nuit de noces 

    en les hissant d'abord nues sur des ânes 

    avec la tête vers l'arrière , et dans cette posture

    on leur faisait traverser le village et la ville

    afin que toute femme ait peur du sort qui attendaient

    celles qui cèderaient aux amours clandestines ...

     

    Ensuite plus personne ne les marieraient

    Pour la vie elles seraient des souffre-douleurs

    servantes de leurs soeurs ...

     

    Et même si les amoureux s'enfuyaient 

    dans les hôtels on demanderait leurs papiers,

    on n'autorisait pas les couples non mariés ...

    Selon Soleiman  ce serait difficile de trouver à louer

    sauf à vivre chez les blancs , mais de l'autre côté du pays

    barricadés dans un riche quartier ... 

     

    Finalement Laxmi , soeur de l'usurier du village

     fut mariée à un riche marchand ...

    il l'emmena dans la ville de Marekannam

    Elle eut de lui un enfant , et quelques temps après

    on retrouva son mari empoisonné ...

     

    Par qui, personne ne put le prouver

    ni même soupçonner la jeune veuve éplorée

    qui désormais se promena en sari de luxe

    et quand  en vieille amie  elle vint nous visiter

    avec son gamin, ni lui ni elle ne demandèrent

    à danser .

     

     

     


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    opus 588 :  LA PAIX DE L'AMOUR

    Ci dessus photo de Christine du temps de notre rencontre  en 1977. Ci dessus image extraite réalisée peu après  avec Christine. La plage de Sérénité à Tandhirayankuppam a considérablement retréci à la suite du tsunami du début du 21 ème siècle, l'endroit où fut tourné  ce film est maintenant dans l'océan .Consulter la playlist  des danses de l'Eden Duo  sur http://www.youtube.com/playlist?list=PL10044D4AF7D7B3E6

    opus 588 :  LA PAIX DE L'AMOUR

     

    O toi mon amour dans le silence

    dans le temps des vagues qui dansent

    ton sourire nous rend la jungle facile

    et la mort légère, illusoire

     

    Nous nous cherchions à tâtons

    nous étions portés l'un vers l'autre

    par des vents qui se sont croisés

    et nous voilà à l'ombre, près de la rivière

    comme un cerf , une biche apaisés.

     

    La flamme qui nous unit dans sa douce brûlure

    est plus éternelle que les serments

    mais la moindre bourrasque peut l'éteindre 

    Et pourtant elle se multiplie spontanément

    comme les feuilles sur l'arbre

    et nous engendre, 

    comme les graines dans la terre

    Elle se pose sur nos lèvres jointes  

    comme un papillon sur une fleur

     

    O toi mon amour éperdu

    dans le silence d'une nouvelle enfance

    tu me donnes les fruits de ta confiance

    danse sans te lasser sur nos refrains de chance

    lance tes bras suis les d'un regard léger

    qu'ils te soulèvent et te fassent tourbillonner !

    Que ton écho soit pour chacun  offrande de bonheur

     miracle de la nature !

     

    Prudence , l'ignorance a vite fait de saccager

    l'équilibre au présent, cette  beauté

    invisible et omniprésente dans la forêt

    sève de l'instant vivant de nos renaissances

    le coeur à l'abri du mauvais oeil !

    Soyons discrets pour ne pas être capturés...

     

     

    Elle est  là enfin ,enjouée 

    la femme qui ensoleille le Temps

    je n'ai rien d'autre à espérer ou à chercher ...

    une brise passe sur la mer

    le soleil caresse nos coeurs satisfaits

     

    Tous deux nous avançons  sur des rayons de Soleil

    et demandons la vue à la Lumière aveuglante ...

    Attention à ne pas laisser notre paix chavirer

    taisons nous de plus en plus profondément

    Eloignons nous de nos corps îles offertes à l'Espérance

    La campagne est déserte

    La rosée tremble à la brise sur les bourgeons, les herbes

     

    Vois tu le temps rouler sa houle et ses baisers ?

    Vois tu le gardien brandir son épée à l'entrée du pont ?

    Vois tu  l' Arbre de Vie où nous avons fusionnés 

    et ses racines  dans nos corps surgis de la Terre ensommeillée 

    et le parfum de sa  Fleur que nous avions tant mendié ...

     

    Vois tu comment le Souffle du Supramental Divin

    a éveillé sa vie sur tous les astres de la Galaxie

    à tous les recoins de notre présence ?

     

    Inspire l'air du large qui t'inonde sans se lasser

    Eteins ta distaction à chaque gong sonné

    par le fracas des vagues  sur le rivage  qui scintille

    Ferme les yeux quelques instants et laisse l'océan

    te bercer , te nettoyer, te caresser à distance

     

    O le sable jaune où tes cheveux s'enfouissent ! 

    O l'orange encore verte qui roule sur le sol !

    O la voile bleue dans le ciel où tu hisses

    ta poitrine nue  et habitée qui caracole !

     

    Mon amour , le Soleil ouvre nos fronts de ses spirales

    et nous nous souvenons que chaque être vivant

    en naissant  est toujours une semence d'étoiles ...

     

    Pour trouver l'énergie de gravir plus haut cet escalier

    Il faut la paix , l'urgence , la patience, la gratitude

    et ne plus rien chercher à la dérive ... en effet tout est là

    sauf le visa , l'Inde comme toute contrée

    est un champs de bataille

    entre  Dévas et Raksasas

    entre les anges et les diables !

     

    Mais l'Amour est le charme qui nous fortifie face aux obstacles

    à condition de préserver la pureté  de nos consécrations

    et de nous défier des tentations , des fausses fêtes qui épuisent ...

    Aimons nous sur le fil enchanté au dessus du précipice

    Il nous conduit jusqu'à la Paix totale du refuge Céleste

    où la règle du jeu cosmique offre sa liberté par  son savoir

     

    O toi mon bel amour avec tes tresses soleilleuses

    ouvrons nos existences à tous les vents d'en haut

    et que nos graines soient dispersées pour la faim et la fertilité

     

     

    Approche tes lèvres électriques  et viens t'asseoir

    sur la pierre levée de mon lingam aimanté 

    Fait moi boire ton lait astral, oublie, oublie ton nom !

     

    Le chemin de l'évasion nous sourit avec sa brise

    il fallait déserter le chantage des tricheries 

    et préférer l'ascèse qui donne la force et le regard serein

     

    En dépit des erreurs, des chutes , de l'ensorcèlement 

     par les miasmes karmiques et les folies humaines 

    il t'aimante le sentier du ciel que tu as désiré

    si tu donne sans limite  à la recherche du vrai !

     

    Si la montagne est haute c'est pour que tu la gravisse

    en attendant de savoir t'envoler ...

    Oui  l'escalade est raide sur la pente abrupte

    il faut que tu découvres comment la roche peut t'aider !

     

    Alors les cascades tinteront pour toujours dans ta conscience

    et tes paroles seront douces comme la mousse des forêts

    mais ne recule pas devant les reflets éblouissants

    résiste à la violence des vagues  , et ne t'éloigne pas

    du temps de la moisson, aiguise à l'avance ta faux

     

    Sinon  les tempêtes humaines avaleront ta chance

    comme le papillon aimanté par  les lampes 

    ou projeté sur les murs par la bourrasque turbulente !

     

    Femme plus fraîche  que l'herbe et la rosée

    tes cheveux ont l'odeur des cendres, 

    comme si l'astre avait incendié

    les obstacles où tu campais 

     

    Tu étais assoiffée et tu as découvert

    des fruits pour te sourire dans le jardin du monde 

    et se donner à toi pour te rassasier ...

    Toi même tu es un brin de vie qui peut fertiliser

    le désert d'humanité où tu avances !

     

    Maintenant nous flottons sur l'eau et étirons nos fibres

    Les nuages auréolent la lune matinale 

    les rouleaux de la mer te renversent, les eaux te massent, te caressent

    un chien aboie au loin, son cri fait frémir les arbres

    et  me fait bondir comme une toupie pour danser ...

    Une étincelle s'est éveillée immobile 

    comme à l'axe central de tes cabrioles exaltées ...

    Nous avons  bondi la tête en haut dans les étoiles

    et nos os se consument dans l'avalanche éternelle !

     

    Chaque instant est à doser dans la vertu pour te manifester

    ô lumière suprême, amour multiple , Seul Regard

    pour nous lever, nous conquérir par tes offrandes impassibles ...

    et faire de chacun de nous des hommes et des femmes libres !

     

    le vent souffle  et devient brise , et tout se calme

    c'est le silence et l'immobilité

    La couleur de ton regard qui m'enlace comme des lianes 

    éveille avec un chant la foumillière

    où se cherche la Terre au delà de ses labyrinthes ...

     

    Tu es là, beau coquillage;

    à ouvrir chacun de tes grains de matière

    à dérouler ta spirale  dans les espaces sidéraux 

    du dedans accordés aux orgues des étoiles

     

    Et toi mon amour tu aimes ma caresse inlassable 

    et louer en bondissant avec la mer 

     

     

    Au loin tourne le phare de Pondichéry 

    l^où la ville sans répit se construit et s'effondre 

    dans le sommeil qui pompe ses vapeurs souterraines

     

    Ton sein Christine éveille en moi la force de la plante

    et me tourne vers le Soleil où tendus on se déverse 

    pour qu'il habite  pour toujours nos  chansons et nos danses

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • 1974 : Dominique Tron à Bali
     

    opus 587 : LE JARDINIER DES FLEURS HUMAINES

     

     

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    La fleur est le sexe de la plante

    C'est par là qu'elle se reproduit

    et se protège ,si belle qu'au pire

    elle va se faire désirer

    pour se faire arracher 

    mais aussi cultiver.

     

     

    J'étais parti d'abord étudier dans une ville

    qui s'appelait Paris, et là je ne cessais de penser ) Bali

    c'est là que je voulais vivre.

     

    Dans  un dictionnaire de Chine j'ai lu que Paris se disait parfois Bali

    A bali on tient entre ses doigts des fleurs aux moments des prières

    mais à paris, ville enfumée se croyant encore ville Lumière

    la pire insulte pour dénigrer un poème

    c'était qu'il était "fleur bleue".

     

    J'avais en ces lieux l'impression

    que les écrivains étaient des sortes de  fantômes

    alors que les danseuses semblaient exister

    parfumées jusque dans les coins secrets

    sans artifice, juste parcequ'elles se construisaient

    plutôt que de se battre contre les moulins à vent

    sans jamais s'inquiéter des dénis de dignité ...

     

     

    Dans les hiérarchies de l'époque

    il n'était pas évident de considérer la danse comme un art

    alors les danseuses pour se faire valoir

    se laissaient ventriloquer par les fantasmes des bavards

    c'étaient eux qui décidaient de toutes les valeurs 

     dans le microcosme de la ville ...

     

    Et moi je mendiais en chaque femme l'esprit de la fleur !

    Celles qui venaient vers moi étaient addictées aux illusions citadines 

    c'est parce que j 'y  scintillais qu'elles m'avaient dragué  ...

    Quant aux autres j'avais renoncé à les courtiser

    cela ne menait à rien , ce qu'elles voulaient faire adorer

    c'étaient leurs préjugés montés sur pattes, et talons hauts ... 

    La dictature , même du sexe, était annoncée, dissuasive ...

    Il y avait tout à perdre, même l'inspiration, rien à gagner

    sauf peut être un emploi de valet patron ou de valet valet

    au service de femmes éprises de marionnettes ...

     

    Finalement je partis à Bali, et restais un an chaste ...

    Il fallait que je me nettoie de quelques  partouzes insensées 

    et puis c'était mon tour de me  refuser aux orgueilleuses ... 

    Elles n'avaient pas l'habitude elles étaient vexées ...

     

     

    J'étais en fait amoureux de Dewi, une balinaise

    qui venait se baigner  seins  nus devant la maison que j'habitais

    son pere,Bharata,   homme gambuh ,voulait que je l'épouse

    mais de toutes façons je n'étais pas encore divorcé d'Elisabeth

    et tout sur le plan de l'organisation était si compliqué ...

     

    Tout mon argent , je l'avais donné à mon maître de danse

    et du coup j'avais vaincu  en lui toute avarice de pédagogue 

    frustré de manquer de la meilleure renommée

    et accusé de résister à la discrimination  par la sorcellerie  ...

     

    Il disait qu'à cause  de sa peau trop noire

    et de ses pieds tout aplatis à force d'arpenter la boue des rizières

    on ne le laissait danser que  des  rôles de démon

    et pourtant il avait deux femmes ,

     l'une splendide, et l'autre pleine de bonté, ainsi qu' un fils

    et nous tous nous construisions la maison qu'ils avaient rêvé 

    avec l'argent que j'avais apporté,  une chambre pour chacun .

     

    Cette année là , la seule demoiselle que je touchai 

    fut une prostituée, voilà comment ça s'est passé :

    Mon ami Astawa, le peintre balinais cousin de mon maître Raï

    me donna rendez vous dans un bar

    pour me ramener de la plage en moto.

     

    Il me dit qu'il avait déjà payée la prostituée,

    il se demandait seulement

    quelle sorte d'homme j'étais ...

    car plusieurs fois il avait fait l'entremetteur

    mais les femmes séduites par ma danse ,

    je les avais laissées sur le palier

     

    Au dessus  de ma porte  un dessin en couleur

    proclamait à peu près , par la bouche d'un paradisier

    " L'amour est impossible à emprisonner"

     

     

    Les putes avaient toujours été pour moi un mystère ...

    On disait mêmes qu'elles seules savaient contenter un homme ...

    Par le truchement de quelques billets devenaient elles habiles ?

    Fallait il négocier à chaque pas comme avec les vaniteuses ?

    Le  cadeau d'Astawa semblait sans risque d'enlisement ...

    Je trouvais la fille laide et épaisse

    mais je me décidais à aller l'explorer ,

    ce ne serait qu'un court voyage sans lendemain ...

     

    Mon étonnement fut extrême avec cette pute

    En fait elle me traita comme une machine à baiser,

    ce qu'elle était , je n'avais jamais vu ça...

    Apres ma douche elle écarta les jambes et me dit " Vas y  !"

    Son vagin était sec comme l'étui de cuir d'un couteau ...

    A peine j'étais entré elle me dit "Fais vite"

    et moi quoique bandant je n'étais pas excité ...

    Cela ne venait pas , or pour la satisfaire

    il fallait que j'en finisse avant d'avoir commencé ...

    décidément Astawa avait du payer pour un quart d'heure

     et moi qui m'attendait à être plus que caressé !

     

    Bref au bout d'un temps à force de m'appliquer

    j'arrivais à lâcher mon sperme  en elle et bientôt

    nous étions tous deux comme des robots dissociés

    qui se lavaient et puis se rhabillaient

    C'était encore moins instructif qu'une partouze

    où chacun tente quand même de concrétiser ses obsessions

    ses désirs névrosés et nauséeux,

    ses projections , son narcissisme ...

     

    Même si c'est stérile c'est instructif , et  nécessite

    de la tolérance, de l'humour et de la générosité ...

    C'est là qu'on voit que le sexe n'existe pas

    il n'y a que des personnes , et un rat accouplé à un rat 

    jamais d'un éléphant n'enfantera !

     

    Et malgré tout l'orgueil collectif parisien 

    il n'y avait pas de gloire à s'être montré nu

    ni de honte à avoir osé ce genre de festin

    juste bon à en effacer le désir 

    hélas sans avenir comme les écoliers et écolières

    une fois qu'ils ont pour toujours renoncé à l'étude ...

     

    J'avais compris que je pouvais seulement aimer vraiment 

    qu'une femme aimantée par mon chant et ma danse,

    et qui vive à l'écart  des fumées et les bruits

    des idoles sacrées de la musique mécanisée ...

    Avec de tels critères  j'étais confronté

    à l'extrême rareté ...

     

    Pourtant il y avait toujours des voyageuses

    en quête d'un  homme pur à dépuceler ...

    et le compliment qu'on me faisait, c'était

    "beau comme un puceau" ...

    J'expliquais ne chercher qu'une femme pour la vie

    et pour cela  il fallait que je lui apprenne à danser à chanter

    sans même tenter de rivaliser avec les refrains pathogènes

    que tous s'accordaient à louer sur les médias dégénérés ...

     

     

     

    Je revis plu tarde la pute balinaise ...

    Astawa m'avait dit : "c"est une javanaise"

    En effet à Bali, c'était un métier 

    jugé indigne d' une fille de l'île

    où tout devait paraître parfait,  par exemple

    on ne voyait jamais de mendiant, il y avait

    un village où tout le monde était mendiant

    et que les pélerins entretenaient ...

     

    Néammoins , un jour de 1974 dans un temple éloigné

    Où mon maitre officiait comme marionnettiste

    après avoir le matin limé les dents des jeunes à initier,

    je me trouvais  face à face avec la prostituée

    enveloppée comme un joyau  dans un cabaya vert ...

    Elle avait des airs de jeune mère de famille

    appliquée à ses prières avec des fleurs dans les doigts

    Elle resta impassible en me voyant, et je compris

    qu'à la moindre parole elle changerait de place ...

     

    Elle me regardait avec les yeux  d'une poupée en plastique

    et plus tard dans la nuit je partis avec mon maître 

    sur la benne d'un camion à travers les chemins de terre

    sous les étoiles, comme j'étais venu

    avec les instruments et les musiciens  ...

     

    C'est de cette façon que Raï m'emmenait

    gravir et descendre les pentes

    jusqu'aux villages où il me faisait danser

    et même si mon tour était prévu pour minuit

    on m'entortillait dès l'arrivée dans des habits étroits 

    conçus pour aider les enfants

    à garder les coudes hauts ...

     

    Moi j'étouffais , sauf allongé sur une natte

    , cela pouvait durer une heure ou deux d'attente

     en transpirant  jusqu'à ce qu'on dise que c' était  mon tour

    et comme Raï m'avait conseillé pendant ce temps de méditer

    je n'avais que le choix d'oublier mon corps et le temps

    il m'avait dit Siva est ton unique  spectateur

    écoute le il te parle au milieu de ton front ...

     

     

    Moi j'entendais qu'il me disait de patienter

    et qu' un jour je pourrai danser nu ou presque

    La culture des moeurs n'est pas celle des connaissances !

    Le père de Raï était prêtre et prétendait 

    que le kawi sacré dérivait du latin ...

    Cela impressionnait probablement ses ouailles, comme le fait

    qu'il ne pouvait se déplacer qu'en chaise en porteurs ...

    C'était la coutume chez les bhramanes Bouddha

    et le fils ainé qui succèrait à sa mort au prêtre dit pedanda

    ne serait plus ensuite autorisé

    à marcher à pieds ...

     

    Le nom complet de Raï c'était 

    Ida Bagous Ktut Raï Datah

     

    Dans les villages àù Raï fournissait du spectacle

    j' attendais donc quasiment ligoté

     que ce soit mon tour de danser sur la piste

     

    Le moment venu un éclair se déchaînait 

    en moi ; en guise de mémoire

    au son du gamelan qui m'habitait tout entier  !

    En fait je ne dansais pas, j'étais dansé !

     

    En vertu d'une grâce aidée peut être d'un  breuvage

    où mon maître avait pilé des champignons sacrés

    les danses que trouvent trop longues les occidentaux éduqués

    me paraissaient n'avoir duré qu'un seul instant illuminé ...

     

    Un jour Astawa invita à aimer ses peintures

    et si possible à en acheter

    une riche française qui parlait comme un livre

    A chaque mot elle faisait la louange de l'île 

    en indonésien  , en anglais  ou en français 

    et fit savoir qu'elle était professeur d'Université

     

    Astawa me présenta comme un danseur de baris

    Mais la dame aussitôt se montra très sceptique

    et me dit : "ne croyez pas à ces flatteries là

    seuls savent danser  le baris

    ceux qui nés dans cette île

    ont commencé l'apprentissage à l'âge de quatre ans.

    N'ayez pas d'illusion, vous n'y parviendrez pas

    sauf à  faire rire de vous , ce n'est pas votre culture !"

     

    Astawa lui signala que la veille elle m'avait vu danser 

    elle se récria : "non hier je n'ai vu que des balinais"

    Il insista ,  elle n'en démordit pas

    Elle ne pouvait pas se tromper

    Il faut dire que j'étais tres costumé

    et qu' en mémoire des conquêtes aryennes

    dans les épopées de l'Inde jouées à Bali

    les danseurs  se poudraient de blanc tant qu'ils pouvaient

     

    Quant à ceux qui pouvaient à peine gommer leur noirceur 

    ils devaient  se résigner à des rôles de raksasas.

     

    Eh oui tous les pays ont leurs précieux et précieuses ridicules

    Helas bien souvent ce sont eux qui décident entre  eux

    des priorités dans les programmes scolaires

    et barricadent les frontieres en décidant des visas

    et c'est pourquoi l'humanité ne progresse pas

     

    On a besoin de tout un clergé superstitieux même athée

    pour éviter  aux enfants de rencontrer face à face

     le souffle supramental  Divin et sa grâce

    Alors des fous espèrent que Dieu démissionnent

    ils le confondent avec les usurpateurs de son identité

     

     

     

    Et pourtant en dépit des  imbéciles patentés

    bhramanes , mandarins , spécialistes des livres sacrés

    inquisiteurs de l'université de Coïmbre

    économistes, démagogues , gardiens ignorants d'enfers et de paradis

    je n'ai pas dédaigné le sens symbolique des images

    ni le paradoxe des cérémonies sacrées ...

    l' être humain  est un animal apparemment incurable

     et pourtant à force d'imiter les Dieux qu'il a rêvé

    il  en connait l'amour quelques instants

    et pour son âme ce sont là des signes d'Eternité !

     

     

     

     

    *

     

    Ida Bagous Ktut Raï Datah :

     

     

    opus 587 : LE JARDINIER DES FLEURS HUMAINES

     

    *

     

    Image de Siva

     

    opus 587 : LE JARDINIER DES FLEURS HUMAINES

     

     


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  •  

    opus 48 : BAHUBALI

    *

    version 2 :

    opus 48 : BAHUBALI

    (YOGUI)

    opus 48 : BAHUBALI

    *

    version 5 

     

    C'était un roi dépossédé par son jeune frère

    Il se battit longtemps, très longtemps

    Pour reconquérir son royaume.

     

    Puis il vainquit, et il comprit

    qu'il s'était battu pour une illusion

     

    Il retourna dans la forêt

    Nu, en instase, avec  dans le coeur les clés

    De la source de Félicité.

     

    On érigea une statue énorme de granit

    Sur la colline de Sravanabelgola.

     

    Par hélicoptère les riches marchands jaïns de Bombay

    Déversent des seaux de beurre fondu

    Sur la tête de l'ascète qui avait renoncé

    A toute royauté terrestre.

     

    Ils sont là, les Vivants, perceptibles plutôt

    Par le sacrifice des patentes spirituelles

    Et non par le gaspillage

    L'oubli du sens

     

    Il y eut des milliers d'ascètes nus

    vêtus de vent.

    Devant eux les femmes se coupaient les cheveux

     

    Ils sont là, les Vivants, perceptibles plutôt

    Par le sacrifice des patentes spirituelles

    Et non par le gaspillage

    L'oubli du sens

     

    Un saint anonyme passe

    Devant le pouce énorme de la statue.

     

    *

    version 1

     

     

    opus 48 : BAHUBALI

    *

    version 3 

     

    On a remarqué des analogies entre l'histoire de Bahubali et  celle  du roi mis en scène par Shakespeare, dans "Comme il vous plaira" .

     

    opus 48 : BAHUBALI


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  •  

    version 1 :

     

     

    EN HAUT DE LA MONTAGNE D'HANOMAN A HAMPI

     

     

     

     

    EN HAUT DE LA MONTAGNE D'HANOMAN A HAMPI

    ___

    version 3 :

    EN HAUT

     

     

    Sonnent les tambours

    Deux moines fument le shilom.

     

    L'un est installé ici depuis trois ans.

    "Quand il vint", me dit-il

    "vivait un seul sadhou sur le sommet

    De cette montagne.

    Puis il mourut.

     

    Depuis on a taillé ce long chemin

    Avec des escaliers dans la roche."

     

    La prière est chantée

    Il y a une quête

    Un voyageur s'insurge

    Rien n'est exigé pourtant

    Une petite pièce de chaque pélerin

    Suffit à l'entretien des sannyasins

     

    Des singes font mine de jouer

    l'un d'eux soudain s'enfuit avec un sac.

    Poursuivi, il le lâche

    On dit qu'ici jadis naquit Hanoman.

     

    Au loin un palais en ruine

     

     

    *

     


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