• opus 1842 : LA CHUTE QUE L'ON A PRIS POUR LA VIE

    Opus 1842, version du 6 novembre 2022

    LA CHUTE QUE L’ON A PRIS POUR VIE

     

    Qu’est-ce qui serait plus cruel

    que la prison injuste et les harassements

    sinon de s’éveiller dans son cercueil  cloué

    après que l’on fût cru mort et enterré?

    Voilà ce que craignait ma mère  ,Yvette

    et pour cela elle voulait être brûlée

    et qu’on mêle ses cendres à la terre

    au pied de l’arbre de la Sainte-Baume

    où elle avait cueilli son premier champignon

    reconnu comme non vénéneux, bon à manger.

     

    Je ne comprenais pas enfant , pourquoi ,

    arrivé à Marseille par bateau

    avec elle et mon père Ferdinand

    après être passé devant la colline des singes à Gibraltar

    Il fallait désormais se passer de jardin,

    Et vivre  entre des murs  avec un  couloir étroit,

    traverser l’asphyxie nauséabonde qui pourtant

    paraissait déléctable à tant de rats ,de cafards ,

    et même à quantité d’hommes, femmes et enfants

    addictés au prestige des distractions toxiques des villes.

     

    C’était pour moi déjà la mort à petit feu, une angoisse

    de somnambule acrobate au cœur de l’endormissement

    Oh oui que je sombre plutôt dans le sommeil profond

    Pour me refaire  dans le ciel des immortels ou au moins

    m’éveiller face à face avec les monts enneigés de l’Atlas

    Oh oui que je grandisse encore en vis-à-vis

     Des eaux qui submergèrent  dit-on une  Atlantide !

    Pourquoi mon père fit cesser mes doigts sur le piano

    qui faisait se lever mon chant ma danse à Agadir ?

     

    Pourquoi  ensuite dus je voir  tant de villes s’accroître  non-stop

    et débordersur toutes les campagnes où je vécus par la suite ?

    Pondichéry, Tahiti, Den Pasar à Bali , et pourquoi

    ceux qui fuient la campagne l’associent à l’ennui

    lui préférant la servitude volontaire à travailler la terre,

    et bradant la verdure héritée  ou conquise

    et méritée par des travaux sensés , le labeur-jeu fertile ?

     

    Et pourquoi taxe –t-on d’indécence la nudité 

    en  appelant péché et tentation ce que la conscience

    ordonne  au sexe d’engendrer  par instinct inconscient ?

    Partout , même dans les paroles il reste scandaleux

    de déchirer les voiles qui déguisent la piraterie,

    les vrais péchés de l’orgueil populaire et des tyrans icônes ?

     

    Ces murs ne protègent plus des razzias  mais asservissent

    et si je resister à l’appel  de déchirer l’ensorcelement

    des vêtements et des œillères pour les bras et les jambes

    ce n’est que bien caché que  j’écoute sans crainte

    mes fontaines d’atomes, les yeux ouverts et fermés

    Et ce n’est que sur scène ou loin de tout témoin

    que je peux tâtonner  rayonner , réinventer ma forme

    sans  que les regards des soumis  et des dominateurs

    deviennent  astralement coupants comme couteaux-cuisine

     

    il est bien loin le temps où sur les quais du vieux port à Marseille

    les saltimbanques sur leur seule inspiration partageaient leurs talents

    Désormais pour l’espace public il faut faire processions

    Dans les bureaux des services compétents pour des autorisations

    Et j’ai entendu même sur la plage une mère dire à son enfant :

    « Ne le le regarde pas , ce fou qui danse au lieu de se poser

    Viens plutôt , j’ai du pain-beurre et de la confiture si tu as faim »

     

    Et voilà qu’avec le  jour qui avance vers midi,

    des groupes affluent avec leurs décibels et leurs alcools.

    Les murs sont dans la tête avec leurs bruits à l’extérieur

    d’adaptation  et de consentement aux industries d’hypnose

    dont l’ivresse détourne de l’infini ce qui n’est pas payant.

     

    O faux médicaments , boutiques où s’achètent

    La caricature de joie revendiquée  à faire fuir les méditants

     

    Oh saccage du temple des forêts pour élever des sancruaires

    Aux  fleurs du mal avec quelques reflets de vraie beauté

    Fugace…  Où donc fuir, s’isoler, seul ou en groupe au delà

    de ces enfers tonitruants se clamant paradis ?

     

    Peu à peu les jardiniers qu’étaient supposés devenir

    les primates humains désaddictés des mirages de leurs chutes

    ont sacré les hiérarchies qui transforment la planète en tombeaux

    où le grand air du large est diffmam ou distillé au compte goutte

     pour que survivent les zombis du monde virtuel

    car même pour atteindre les lupanars et les abattoirs

    où éteindre l’ennui il leur faut des bouffées d’oxygène


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