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Par dominiqueOriata TRON le 10 Août 2015 à 10:08
Il était une fois un arbre qui à chaque nouvelle lune
donnait deux cent fruits que venait cueillir
un ours habile pour sa soeur l'oursonne sa disciple
qui les portait ensuite aux dirigeants patentés
d'un grand abattoir vendeur de charges subalternes.
Mais voilà que la mère des ours aussitôt
flagellait l'arbre d'un fouet hérissé de couteaux
qui tailladaient son écorce , son tronc, elle criait
''Injuste est l'arbre qui donne 200 fruits à ma fille
et n'a pas prévu de me donner davantage,
est ce que moi j'ai besoin de son ombrage ?''
Cependant elle continuait à se protéger des rayons trop brûlants
quoique menaçant l'arbre de son fouet s'il pleurait de l'entendre
et le frappant dès qu'il tentait d'expliquer son sort
et de lever la malédiction de la surdité.
La màre ourse criait : ''De quoi te plains tu, l'arbre ,
vois mon malheur, voudrais tu empêcher de parler
et qu'en plus j' arrose tes racines ? Je peux les torturer !''
La société humaine orchestre toutes sortes de terreurs petites et grandes.
Certains terrifiés hésitent entre le suicide et le meurtre
ou encore le suicide des kamikazes qui est un meurtre,
une façon de se montrer capable de davantage de terreur
et de dépasser l'exemple donné par les bandits hypocrites
arborant des casquettes de bienfaiteurs pour chanter avec leurs complices.
Les arbres endurent, jusqu'à ce qu'on les abatte.
Le mauvais coeur de ceux qui stérilisent la plaine
s'inspire de l'exemple des termites, et non des fleurs.
L'hypnose ne suffira pas à perpétuer l'esclavage ;
on nous gouverne avec la douleur, alternée avec le plaisir ;
c'est là la source du masochisme , pour endurer les pièges.
Souvent les victimes libérées sont promptes à endosser la tunique des bourreaux.
Alors que les coeurs éclairés et conscients migrent où ne rodent
ni moustiques ni requins , ni même humains masculins ou féminins
Adieux couloirs du narcissisme, qui prétendent par orgueil
en finir avec le mal prédateur avec un voile visible ou invisible.
J'ai lu que des sourires tentaient de remédier aux larmes
alors peut être l' énigme de cet arbre parviendra
à regarder de très loin le désespoir de la planète maltraitée
en contournant le tabou des mots à ne pas prononcer
sous peine de représailles encore plus catastrophiques,
la politique du pire et ses épouvantails
faire valoirs des exploiteurs et manipulateurs de toute échelle.
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Par dominiqueOriata TRON le 18 Juin 2015 à 21:25
opus 1131
(version du 26 Mai 2015)
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Galapagos
J'ai fui dans le poème de la chaleur les malentendus sans fin ,
les obsessions des humains et leurs contradictions
contagieuses jusqu'aux confins de la planète ...
L'iguane et l'otarie (ou plutôt le lobo de mar) deviennent mes semblables,
affalés sans pudeur sur la roche noire et explosée des rivages
ou sur les pavés des quais de Puerto Ayora,
indifférents à la folie de la ville qui ici les laisse vivre,
vivants ils sont de sûrs aimants pour les touristes,
on leur dresse des monuments .
J'ai rêvé que les immeubles étaient hantés par un insecte géant de béton
pendu à l'envers sur plusieurs étages
à la façon des chauve-souris, la tête en bas ...
Galapagos
Bêtes baveuses et dentées paradoxalement inoffensives
comme le paraissent aussi les humains
qui de même ne sont pas toujours photographiables au fil de leurs prédations ...
Et ces bêtes sorties repues des eaux, épuisées
quel égo osera stigmatiser leurs égos ?
Galapagos
Le monde à l'envers des égos sur le monde à l'endroit
des chansons sereines des vagues et des arbres ...
Le bonheur d'oublier la succion inextinguible des vampires
la spirale de ruine enfantée par l'ambition dévoratrice des virus en tous genres.
Oublier la mendicité chronique
même pour les droits qui nous sont reconnus, en parole ou par écrit,
sans parler des promesses, des stationnements jusqu'aux lendemains sans cesse reportés...
Du moins le travail vrai de poésie
nous dresse des remparts , des tours de voyance
à l'abri de l'encre des poulpes ...
Galapagos,
je contemple l'aube qui vient, assis dans la nuit
près d'un pélican perché sur le wharf
dans l'attente du départ en speed-boat pour Puerto Villamil ...
Puis c'est la traversée sur la houle qui gicle
et l'arrivée sur le sable où les iguanes noirs végétariens
se réchauffent après leurs plongées.
Je nourris ma chance par l'ascèse et je suspends le désir
sur les pierres qui sont moins coupantes que les besoins d'argent,
ou que les urgences irréalisables qui frappent la tête...
Planète humaine
débordante de compassion partout dans les mots
et très peu dans les faits,
une vie de bètes à digérer comme le fait le pinson,
sans ressentiment ni amertume.
Digérer les graines , déjouer la prophétie des naufrages, l'impunité des naufrageurs,
la certitude d'innocence du rat qui dévaste les oeufs des tortues,
du rapace qui s'en prend au pingouin équatorial
lui venu de si loin apparemment
et qui comme les flamands roses ici a cessé d'être oiseau migrateur ...
Galapagos, me voici, toujours porté par un vent téméraire et divin qui force la chance
Kamikaze sur les pierres coupantes, lave éteinte
pas vraiment résigné sous ma carapace à ma condition de singe ...
Où est la mort, où est la vie ?
Les tortues géantes lutinent ,leurs nez comme des radars
ou plutòt les deux trous qui sont leur nez respirent l'amour
puis voilà que le mâle glisse un sexe gros comme son cou sous la carapace de la femelle
un sexe serein, et je me sens un sexe de tortue
le temps d'une incarnation avec cette forme qu'on me connait,
une variation d'oeil, d'oreille et de langue ...
Galapagos
J'arpente les rues de Puerto Ayora côté colline
Je croise quantité de métis à têtes d'incas de tous âges
Beaucoup reviennent de leurs travaux plus ou moins sensés , plus ou moins rémunérés
somnambules à travers le choeur des automobiles,
à travers l'orchestre criard des boutiques et des illusions de la séduction ...même pesanteur rassurante et inquiétante (selon le regard) que dans toutes les villes du monde
Toutes les ethnies de la planète humaine semblent converger vers la même fatalité des caprices et des privations
et glorifier les mèmes feuilletons télévisés traduits en tant de langues
Islas Galapagos, je vous ai rèvées, je vous ai vues et pénétrées , vous m'avez pénétré
car elle est là la plage où se croisent en paix
otaries et iguanes, tortues marines,
oiseaux aux pieds qui bleuissent d'autant qu'ils mangent du poisson ...
Paix en dépit des requins, mais pas paix pour les poissons capturés ...
Paix en dépit des traìtrises ingénues, des spoliations, des persécutions
Paix en dépit de la condition animalo-humaine, plaisir et douleur
Paix de la conscience spectatrice et créatrice de l'infini à retrouver fusion d'amour ...
Et l' oiseau anonyme s'est laissé photographié à dix centimètres, imperturbable ...
J'ai déplié en moi son vol tandis qu'il restait immobile, ami confiant ...
Où donc commence le premier éclair et cri de guerre ?
Et sera-t-elle retrouvée partout, la confiance entre les créatures
ainsi que la vigilance qui fait que la confiance soit crédible ...
afin que la vie retrouve partout son sens et soit digne d'amour ?
Dominique Oriata Tron
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Par dominiqueOriata TRON le 23 Mai 2014 à 17:54
Ce poème de la version 3 de Kamikaze Galapagos est ci dessous chanté le 21 mai 2014 par Dominique Oriata Tron , avec l'accompagnement de sa guitare :
https://www.youtube.com/watch?v=Kqg_NozSGKg&index=49&list=PL4gp5C6JUVN6xt0qkpNgbwjrCXd5yqjwH
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opus 1016
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Par dominiqueOriata TRON le 21 Mai 2014 à 19:01
Poème du recueil Kamikaze Galapagos lu en 1966 par Elisabeth Tramon dans une émission de télévision , cliquer sur :
https://www.youtube.com/watch?v=rWVEtJUuF-E&index=33&list=PL4gp5C6JUVN6xt0qkpNgbwjrCXd5yqjwH
Ce poème a été publié l'année suivante (1967) dans le recueil KAMIKAZE GALAPAGOS, pages 39 et 40 . Scans ci dessous :
page 39 :
page 40 :
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