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opus 586 : POEME D'UNE VIE ANTERIEURE
Par dominiqueOriata TRON dans GRIOTERIES DU MAROC, DES BALEARES ET DE FRANCE le 26 Février 2013 à 17:09version 1
Il s'agit d'un poème écrit le 25 mars 1966 qui a été dit par moi même à la télévision, au Club des poètes de Jean Pierre Rosnay en 1966 ou 1967 . Pour voir et entendre cliquer sur :
http://www.youtube.com/watch?v=xq1Pfl2qPzs&list=PL3D927E87226FF9DF&index=2
ou
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version 3
Je me suis tué un soir de septembre
J'avais froid et je voulais danser avec toi sur les violons
mais tu n'as pas tenu ta promesse
Je suis monté seul dans l'avion vers le soleil couchant
j'ai mis fin à ma vie passée en Occident
J'ai voulu mourir à cette vie en résidence surveillée
à cette vie où il fallait adorer les capitaines du vaisseau fantôme
et vénérer leur despotisme déguisé en immémoriale sagesse
Fuir, fuir, mais où ?
Je suis monté dans un avion qui m'appelait portes ouvertes sur la piste
J'ai appuyé sur les boutons enchantés pour allumer le moteur
et j'ai tiré sur la poignée du décollage ,
j'ai soulevé la vitre à côté de mon siège ...
Et j'ai foncé vers le soleil couchant !
L' air des hauteurs me nettoyait enfin des remugles de la ville ...
Avant de partir j'ai anéanti l'empereur de Chine
sur les détritus de mon enfance .
Les membres de ma tribu de singes m'appellaient Paul ou Poltron
je ne sais pas si c'était pour me retenir
ou me pousser au meurtre qu'ils n'avaient pas le courage d'accomplir
Il faut parfois la moitié d'un siècle pour démasquer les hypocrites ...
Non , leur répondis je , je ne m'appelle pas Paul
ne me provoquez pas davantage
oui , je m'enfuis, je suis un escapiste ...
Peut être je reviendrai , mais pas pour parader dans les salons !
Je me suis envolé vers le soleil couchant
c'est comme cela que je me suis tué , en y plongeant
Mes ancêtres regardaient cela de leur planète obscurcie de nuages
et ont crié : regardez, il est devenu transparent !
mais qu'auraient ils donc pu voir, qu'auraient ils plus entendre ?
Ma musique n'était plus conçue pour exalter leurs nostalgies
Ils n'y retrouveraient plus jamais leur piment
alors leur langue resterait morte d'être entêtée dans ses aveuglements
Ils diront que j'ai perdu tous mes élans, ils penseront seulement
que je me suis tué un soir de septembre !
Mon ami Jean Noël qui jouait de la guitare
accusait les survivants d'avoir voulu voler mon âme
en l'enchaînant, en la défigurant, en la déguisant, en la manipulant ...
Et d'autres concluaient que j'avais eu un égo géant
Mes tribulations étaient comme des impasses inventées
pour retenir l'attention des égarés
ceux qui comme moi pour plonger en eux mêmes
ont préférer aller découvrir ailleurs ...
Au premier rang des flatteurs il y avait cette femme
exaltée de clamer qu'elle m'accompagnerait jusqu'au bout du monde
mais elle n'est pas même venue danser sur les violons tziganes !
Tout ce qui l'intéressait c'était de s'enivrer
et de capituler devant les projecteurs de la mondanité
tout en se donnant des airs de rebelle fidèle ...
J'étais une ombre qui cherchait la réalité
dans l'offrande de son esprit, de son coeur,
de ses seins, et de sa vulve entre ses jambes ...
Je n'étais pas encore né , j'attendais cet évènement de ses baisers
mais elle m'aimait ombre parmi les ombres
et non pas pour construire au moins à nous deux un meilleur monde ...
Et maintenant je ne me souviens ni de son visage ni de son nom
Peut être s'agissait il de cette fille d'armateur richissime
à qui j'ai fait rêvé d'une vie sur les cimes ...
En fait elle me voulait comme un caniche dans son salon
qu'on retient pour toujours en lui mettant des loukoums dans la bouche ...
Ah non je n'agoniserai pas en me tuant,
je m'en irai joyeux, loin des voraces voraces ...
Je ne suis plus l'enfant d'une famille , d'une nation,
ni l'amant d'une traîtresse ...
L'urgence c'est seulement que je disparaisse
Les trônes de vanité sont enduits de glu
qui brûle la peau des fesses !
Je me suis tué un soir de septembre
Et c'est comme cela que je suis devenu vivant
car le soleil couchant où je me suis immolé
était déjà soleil levant pour une autre face de la planète !
J'ai seulement disparu du regard
des despotes d'Orient et d'Occident ...
Pour m'enfuir alors qu'ils pensaient me couper en deux
le bibliothécaire avait commandé sur ma suggestion
un attirail de prestidigitateur amateur ...
Néammoins il ne pouvait agir que sur les apparences
ce n'était pas la magie de la mort et de la nouvelle naissance .
Maintenant voilà que j'ai pris refuge dans un corps illuminé
Celui qui danse en moi est esprit, personne ne pourra le tuer
Je me suis laissé habité par la féérie des bienveillants célestes
J'ai appris l'invisibilité pour déjouer la hargne des robots animaux
Les arbres m'ont confié leur secret de jouvence, surtout le cocotier
lui qui bande vers le soleil sans jamais se lasser
et qui donne son eau immaculée et puissante
avec une foule de mamelles toujours renouvellées !
O toi qui m'entends , ne capitule pas !
lève toi et danse et chante !
Et même immobile, en méditation en silence
fais reculer la hiérarchie qui ensemence les offenses !
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Sauf celle où je suis à côté du Cessna , les photographies publiées ci dessous ont été prises par moi même par la fenêtre de ce petit avion, par lequel un ami de Moorea m'emmenait le matin travailler à Tahiti, et me ramenait , dans les années 90.
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