• opus 618 : Le caravansérail du Purgatoire

    Photographies de peintures  de Jérôme Bosch :

     

    version 3

    ____

     

    J'ai encore fait un de ces rêves ! 

    C'était dans un tunnel qui allait vers le haut.

    Peu à peu ,comme j'avançais 

    l'obscurité s'approfondissait .

    Apres quelques kilomètres, il y avait comme une muraille, 

    avec un tout petit trou qui laissait passer la lumière, 

    une porte minuscule, et devant

     mon ange gardien,Sri  Agastyar ,qui m'attendait. 

    .

    Chaque fois qu'il m'était apparu,

     toutes les difficultés avaient trouvé leur solution. 

    Pas toujours les difficultés matérielles de l'incarnation humaine,

     car elles se multiplient tellement vite, 

    comme des lapins en cage,ou comme les chèvres qui

    sur  l'île Mehetia,avaient tellement dévoré toutes les jeunes pousses, 

    que les sources avaient reculé plus profondément dans la Terre.

     

     

    Mais lui, Agastyar, il était lumineux , et c'était contagieux. 

    Alors qu'importaient les enjeux de l'échec et de la réussite 

    dans cette peau d'animal, qui bientôt ne serait qu'une vieille mue,

     juste bonne à jeter aux asticots... 

    quoique  les asticots, parait il ils n'en veulent pas, 

    lorsqu'on  a juste tendance à sécher

    et pas à pourrir ....

     

     

    Je  lui avais demandé maintes fois, à mon ange gardien ,

     d'habiter mon corps pour toujours. 

    Mais il m'avait répondu : " Dominique !

     il n'y a pas que toi que je dois aider à y voir clair sur cette planète !

    Tu dois donc cultiver les traces de mon passage,

     et puis un jour peut-être, tu m'aideras dans ce travail, 

    tu entreras  dans un de ces corps déboussolés,

     et parce qu'il aura la nostalgie de ta danse,

     tu le feras voler dans la Lumière .... 

    et comme toi il devra apprendre à s'y maintenir,

     à trouver son être réel dans ce monde de fiction..."

     

    Et là maintenant dans mon rêve, il  paraissait  si simple 

    de passer par la porte minuscule où pointait la lumiere.

     il suffisait de n'être presque plus rien du tout, 

    donc petit comme un atome de clarté,

    et dedans  immense comme l'univers entier.

    Pour  cette gymnastique, il faut se donner tout entier, 

    au point que le corps animal n'est plus à la fin 

    qu'un outil pour les Rayons Divins ...

    Et le jour où il est épuisé

    on est devenu un rayon de lumière soi même...

    On l'avait toujours été quelque part

    mais sans s'en souvenir.

     

    je passais donc la porte, mais je revins bientôt dans le tunnel, 

    pour converser encore  avec mon maître phosphorescent, 

    qui donnait des explications sur le seuil

    et qui m'avait guidé jusqu'à cette liberté

     

     Il me dit :

    "- ah tu as compris que tu étais en train de rêver

    , et que j'avais quelque chose à te montrer pour t'encourager."

     A ce moment là , j'entendis des grommellements.

     C'étaient des âmes affublées de formes cabossées,

     

    L'une d'elle se plaignait :

     - C'est quoi encore cette farce ? 

    Est-ce que je suis en train de mourir, 

    ou est-ce qu'on va me laisser retourner à mon travail ? 

    j'ai tout un pays  à gouverner, moi... 

    alors qu'est-ce qu'on me convoque ici,

     au milieu des cafards puants... 

     

     

    - Eh donc toi, répondit une autre de ces âmes errantes

    pour qui tu te prends ?

    "- Figure toi, pauv con, 

    que tu es en train de faire perdre son temps 

    à un roi de France

    Nas tu jamais entendu parlé de Kossar 1er , 

     grand balayeur au service des mâitres de l'univers.

     Et toi , pour qui tu te prends , cafard?"

     

    "- Moi, monsieur, je suis Maniswami, 

    homme de main  du village de Tanthirayankuppam, 

    de la caste des Chettiars,

     c'est à dire des pêcheurs de la côte de Coromandel

    , et je n'ai jamais entendu parlé de toi....

    C'est moi qui faisait désigner les chefs, 

    ça faisait bien mes affaires. 

    Je  n'avais donc pas le temps de m'interesser à toi, nabot,

     et à ton petit pays de merde "

     

    Alors une troisième voix se fait entendre :

    "- Eh cafard, la ferme !

     Un peu de respect tout de même, devant notre suzerain. 

    Sache que moi qui te parle, j'étais Akawa,

     le frere du roi Godibon du pays Mékako ! 

    Insolent ! tu mériterais d'être vendu comme esclave !

    et que si tu veux éviter le mauvais sort, 

    Tu dois apprendre à respecter les hiérarchies, 

    ne serait ce que pour éviter le mauvais sort , ignorant !

    Moi, moi, moi, qui possède tout un peuple et 40 épouses, 

    mais aussi Kossar 1er , notre bienfaiteur , notre suzerain

     qui protége notre indépendance !"

     

    Une quatrieme voix se met alors à rugir :

    - Je savais bien que vous en Afrique, vous êtes tous des vendus. 

    C'est pour cela qu'on vous l'a donnée votre indépendance, 

    et qu'à moi on me la refuse

    mais on va me laisser entrer au paradis, moi

    moi qui met la croix de notre séigneur à côté de mon nom 

    sur les bulletins de vote ,

    moi qui protège le pur maohi de la pollution de la race blanche

    ces traitres à la vraie religion !

     

    "- et qui es tu donc, l'invendu ? " ricana Maniswamy .

    - Je suis Karos 1er le roi du Pacifique...

     Mon pays est plus grand que l'Europe,

     mais encore sous le joug colonial,

     nous sommes les derniers chrétiens, 

    persécutés par ce diable appellé Kossar

    qui se dit grand balayeur 

    au service de la civilisation chrétienne. 

    Or, j'en témoigne ;

    c'est lui qui me casse mon balai

     à chacun de mes nettoyages,

     c'est lui que nous devons empêcher d'entrer au Paradis , 

    et c'est pour cela que nous sommes là, mes frères !

     

    Kossar  1er pouffa un peu, et fit remarquer à Karos :

      - Eh, l'identité chrétienne , elle ne t'appartient pas. 

    C'est nous qui te l'avons apportée, 

    à l'époque où vous voliez des clous  sur nos bateaux

    et vous imaginiez qu'en les arrosant 

     vous alliez faire pousser des arbres à clous ! 

    Pauv con !

     

     Kossar  1 er s'adresse alors  à mon maître   : 

    eh toi le planton, peux tu m'expliquer  où l'on est

     et pourquoi je suis dans la même file d'attente 

    que ces abrutis et ce cafard,

     qu'ai-je en commun avec eux 

    qu'on me fasse subir leurs démangeaisons ?

     

    Mon ange gardien se mit à rire de bon coeur 

    de voir ce fou de Kossar le traiter comme un valet, 

    et il lui répondit :

     

    -  Apparemment vous êtes des gens trop importants 

    pour  entrer par la petite porte au paradis

    Vos âmes se sont enflées d'une mauvaise vapeur d'orgueil

    qui semble mettre du temps à se dissiper. 

    Pourtant la lumière 

    qui passe par le trou de cette serrure 

    vous attire encore , l'espoir n'est pas mort  ...

     

    Kossar 1er  le bavard agité, réplique alors :

    - Je ne vois pas en quoi ces gens sont importants

    on ne devrait pas mélanger les torchons et les serviettes

    et toi , gardien , vas dire à ton patron

    que le roi de la France mère ainée de l'Eglise

    veut lui parler en tête à tête !

     

    Réponse :

    - Mais tu te trompes tous ces gens

     sont comme toi des gens trop importants

    pour passere pare le trou de serrure

    du paradis !

    Toi le français arrogant, fils de hongrois réfugié

    te voici donc en bonne compagnie

    avec le  mékako arrogant , le tamoul arrogant,  et le  tahitien arrogant, 

    vous vous mettez pres de la porte parce que vous attendez qu'elle s'ouvre

    mais si tu regardes bien tout autour dans la pénombre

    d'autres grands rois comme toi attendent depuis des siècles

    prisonniers de leur ennui

    et attendant qu'on les serve

    alors qu'ils ont besoin tellement d'étudier 

    et de secourir les parias pour parvenir 

    à franchir la porte du Paradis ..;

    Je ne suis pas un vigile  comme à la porte

     des consulats de ton pays en Afrique

    où lois officieuses et officielles 

    ne coîncident pas ...

    Je suis là pour répondre aux questions, et expliquer

    qu'il reste à tous possible de passer par ce trou de serrure ...

    D'ailleurs un dromadaire y est entré tout à l'heure

    ou plutôt son âme, il avait déjà compris dans le désert

    le sens  et les limites de  son incarnation

     Mais la vérité du dromadaire illuminé 

    est taxée d'irrespect et d'erreur entêtée  

    par tous ces rois et leurs valets dévôts ...

    alors te voilà dans la file d'attente avec

     François 1er de France, Saddam Hussein, Bokassa  ,Ben Laden 

    et plusieurs papes animateurs de croisades  

    ainsi que des fanatiques de toutes religions ou causes

    qui sont tres doués en  mimiques de sainteté

    ils  espérent me convaincre d'ouvrir la porte... 

    Mais voilà, on n'entre que par le trou de la serrure

    il faut d'abord devenir une clef !

    Regarde, ces  rois sont maintenant comme des sans papiers 

    qui passent des nuits devant une préfecture , 

    mais les plus humbles sont déjà entrés au paradis ...

    Mais pour les orgueilleux c'est la vie de bête éternelle  

    devant la porte  jusqu'à ce qu'ils comprennent

    comment se faire tout petits, même en perdant la face

    afin de se glisser par le trou de cette serrure 

    d'où les éclaire un peu la Lumière ...

    n'es tu pas fier  d'être  parmi 

    de rois et  gens importants, 

    dans la même file d'attentente

    ils se sont éloignés de l'entrée par mépris ..;

    vexés ils ont décrétés que cette lumière

    n'éclairait rien, trop minuscule

    et  ils attendent depuis si longtemps, 

    que  maintenant ils se taisent car ils commencent à se dire

    que je vais les laisser passer puisqu'ils ont arrêté de brailler

     

    "- Ah donc si on la ferme tu vas nous laisser passer  ?

    tu sais que tu ressemble à ce grand saint Sri Agastyar 

    qui a grande réputation dans mon pays ? "

    suggère Manisam avec une modestie affectée

     

    - A vrai dire, répondit mon maître, 

    ce n'est pas en mon pouvoir de vous  laisser passer. 

    Je crois  qu'arrivé devant cette porte 

    vous êtes automatiquement traités

    comme  vous avez traité vos contemporains.

    Alors comme vous faites partie des gens

     qui ont embêté beaucoup de monde, 

    ça vous fait beaucoup attendre , 

    Mais vous pouvez aller vous distraire sur cette montagne ,

    et méditer un peu sans pour autant entrer 

    dans le pays des Iwawas. Là ce sont des zombis

     anthropophages qui mangent même les âmes,

     sauf qu'ils n'en viennent jamais à bout.

    Du coup certaines des âmes se font même si petites

    afin d'être épargnées , inaperçues,

    qu'en rappliquant en courant

    elles parviennent à passer sans peine par le trou de la serrure !

     

    - Je ne suis pas d'accord, planton, lance Kossar,

    je te défie de me trouver un seul homme de valeur

    que j'ai jadis tourmenté, quand j'étais encore incarné !

     

    - Et moi de même , rugit Akawa je n'ai fait que défendre la coutume

    et le respect des anciens contre les insensés

     

    - Bien vrai, dit Manisam, que moi aussi 

     je n'ai fait que mon devoir

    celui que ma conscience m'avait donné

    et j'ai chassé les impudiques pour que le peuple ait un exemple

    d'homme tamil qui ne se laisse pas marcher sur les pieds

     

    - Mais ,ajoute alors Karos 1er, roi du Pacifique, 

    le peuple avait besoin de moi !

    Jusqu'à quand nous les grands guerriers, 

    les porteurs de la parole de Dieu lui même

    nous nous abaisserons comme des prostituées

    Nous ne sommes pas les danseuses de la France 

    mais j'ai su toujours être courtois

    avec tous ses gradés et ses guignols, même au sommet !

     

     

    Sri Agastyar se tourne alors vers moi

    qui était assis sur le rebord de la serrure comme un liliputien ;

    et il affirme :

    eh bien voilà, je vous présente ... DomDom System

    L'exemple même du citoyen 

    à qui vous avez tous les quatre pourrit la vie

    durablement, alors qu'il était un grand bénévole 

    pour partager tout ce que je chuchotais à ses oreilles 

    pour que malgré vos bombardements aveugles

    il continue à semer ses clés dans la sérénité

    en dépit de la fosse aux lions où vous l'aviez acculé !

     

    Les voix fusèrent, ironiques :

    - Qui  ça ? DomDom comment ?

    - un illustre inconnu celui là !

    - eh bien il peut nous remercier,

     puisque ça l'a rendu si petit, 

    et qu'il peut passer .

     Mais que fait il encore de ce côté ?

    -  T'aurais pas bu, planton ? Tu hallucines !

    Ta vedette on ne la voit même pas .

    - Sûrement  encore un poète, un danseur, un saltimbanque

    - un prétentieux , un narcissique, un sorcier, un ingrat, un mythomane !

    - Ou alors un peintre ! 

    Quand j'étais dans mon équipe de foot,

     et qu'un nase ratait le ballon, 

    on lui disait : t'es un vrai peintre toi !

    Recycle toi ....

     

     Et derrière , on entend maugreer 

    comme par mimétisme,

    tous ceux qui attendent perpétuellement , 

    avec des pensées cancrelats qui parcourent

    les entrailles de leurs corps à moitié morts

    tous ces grands rois  et leurs larbins décorés

    ont  en effet suivi  la conversation  ...

    Ils   sentent qu'on leur reproche

     d'avoir fait souffrirdes innocents, 

    alors ,plutôt que de se rapetisser 

    en demandant le pardon pour avoir 

    défiguré la planète

    ils disent que l'erreur judiciare est humaine

     ils jurent qu'ils n'étaient pas vraiment responsables, 

    et qu' on ne fait pas d'omelettes sans casser les oeufs

    et que chacun chez soi ,les chèvres seront bien gardées

    Ils protestent , car selon eux on insulte leur dignité

    Certains même sont tellement fâchés 

     qu'ils partent vers la montagne des iwawas

    où là pensent ils in va les acclamer

     

    Alors mon maître se dédouble, et me dit :

    Saute dans mon coeur bleu , à l'abri

    je vais te montrer ce qu'il arrive chez les iwawas

    aux despotes de toutes tailles quand

    ils  préfèrent  adopter pour se rassasier

    la compagnie et l'espérance des zombis iwawas ...

     

    Bien sûr je saute...

    Avec mon ange gardien je me sens  en sécurité.

    Même quand j'étais incarné , il était mon refuge 

    face aux problèmes administratifs et financiers

    ensuite j'avais la banane pour réconforter 

    ceux qui m'aimaient et ne me fuyaient pas, 

    qui m'écoutaient même parfois

    moi, Dom dom system, l'éternel écolier !

     

    Alors au pays des Iwawas qu'on survole de haut

    et invisibles car en enfer on ne regarde qu'en bas

    je  vois qu'on admire les colériques 

    les Iwawas invitent les nouveaux arrivants

    à donner le fouet à leurs sujets, les petits diables

    Mais c'est un piege , bientôt il sont enchaînés

    par leurs victimes qui se vengent sur eux

    ils espèrent que cela les fera de nouveau bander ...

     

    Finalement mon maître me dit : 

    "Dominique, ceci n'est qu'un rêve. 

    Dans le monde des formes, les songes  et les fables 

    sont parfois une façon de montrer la réalité 

    telle leque le langage usuel n'y parviendra jamais,

     car il est trop asservi aux réflexes du commerce et de l'animalité.

     Bientôt tu vas te réveiller, 

    et te retrouver dans l'Empire illusoire 

    qu'orchestrent ces âmes damnées.

    Pendant ton existence incarnée 

    tu as su semer les quelques graines que je t'avais confiées, 

    il reste à espérer que ces déments 

    ne parviendront pas à bétonner  les jardins 

    où elles ont commencé à croitre.

     Peu importe l'échec et le succes dans l'assemblée des bêtes. 

    L'important est d'avoir reçu le rayon Divin, et de l'avoir partagé.

     N'attends pas que ces âmes damnées te reconnaissent,

     et si cela arrive, aies crainte aue ce soit une manoeuvre

    afin de manipuler les consciences

     avec un nouvel appât 

    et les symboles que tu leur auras fournis.

     Il te reste donc un  travail à faire, 

    c'est de raconter ton histoire, 

    et pas seulement la tienne, 

     il faut que tu informes  tes contemporains

    sur le mal dont tu es témoin

    cela sera utile aux enfants  et aux repentis 

    pour mieux s'orienter

    et devenir tout petit pour pouvoir passer

    dans le caravansérail du Paradis "

     

    *

     

     

    version 4

     

    ____

    J'ai encore fait un de ces rêves ! 

    C'était dans un tunnel qui allait vers le haut.

    Peu à peu ,comme j'avançais 

    l'obscurité s'approfondissait .

    Apres quelques kilomètres, il y avait comme une muraille, 

    avec un tout petit trou qui laissait passer la lumière, 

    une porte minuscule, et devant

     mon ange gardien,Sri  Agastyar ,qui m'attendait. 

    .

    Chaque fois qu'il m'était apparu,

    Toutes les difficultés avaient trouvé leur solution. 

    Pas toujours les difficultés matérielles de l'incarnation humaine,

     car elles se multiplient tellement vite, 

    comme des lapins en cage,ou comme les chèvres qui

    sur  l'île Mehetia,

    avaient tellement dévoré toutes les jeunes pousses, 

    que les sources avaient reculé plus profondément dans la Terre.

     

     

    Mais lui, Agastyar, il était lumineux , et c'était contagieux. 

    Alors qu'importaient les enjeux de l'échec et de la réussite 

    dans cette peau d'animal, qui bientôt ne serait 

    qu'une vieille mue,

    juste bonne à jeter aux asticots... 

    quoique  les asticots, parait il ils n'en veulent pas, 

    lorsqu'on  a juste tendance à sécher

    et pas à pourrir ....

     

     

    Je  lui avais demandé maintes fois, à mon ange gardien ,

     d'habiter mon corps pour toujours. 

    Mais il m'avait répondu : " Dominique !

     il n'y a pas que toi que je dois aider 

    à y voir clair sur cette planète !

    Tu dois donc cultiver les traces de mon passage,

     et puis un jour peut-être, tu m'aideras dans ce travail, 

    tu entreras  dans un de ces corps déboussolés,

     et parce qu'il aura la nostalgie de ta danse,

     tu le feras voler dans la Lumière .... 

    et comme toi il devra apprendre à s'y maintenir,

     à trouver son être réel dans ce monde de fiction..."

     

    Et là maintenant dans mon rêve, il  paraissait  si simple 

    de passer par la porte minuscule où pointait la lumiere.

     il suffisait de n'être presque plus rien du tout, 

    donc petit comme un atome de clarté,

    et dedans  immense comme l'univers entier.

    Pour  cette gymnastique, il faut se donner tout entier, 

    au point que le corps animal n'est plus à la fin 

    qu'un outil pour les Rayons Divins ...

    Et le jour où il est épuisé

    on est devenu un rayon de lumière soi même...

    On l'avait toujours été quelque part

    mais sans s'en souvenir.

     

    je passais donc la porte, mais je revins bientôt dans le tunnel, 

    pour converser encore  avec mon maître phosphorescent, 

    qui donnait des explications sur le seuil

    et qui m'avait guidé jusqu'à cette liberté

     

     Il me dit :

    "- ah tu as compris que tu étais en train de rêver

    , et que j'avais quelque chose à te montrer pour t'encourager."

     A ce moment là , j'entendis des grommellements.

     C'étaient des âmes affublées de formes cabossées,

     

    L'une d'elle se plaignait :

     - C'est quoi encore cette farce ? 

    Est-ce que je suis en train de mourir, 

    ou est-ce qu'on va me laisser retourner à mon travail ? 

    j'ai tout un pays  à gouverner, moi... 

    alors qu'est-ce qu'on me convoque ici,

     au milieu des cafards puants... 

     

     

    - Eh donc toi, répondit une autre de ces âmes errantes

    pour qui tu te prends ?

    "- Figure toi, pauv con, 

    que tu es en train de faire perdre son temps 

    à un roi de France

    Nas tu jamais entendu parlé de Kossar 1er , 

     grand balayeur au service des mâitres de l'univers.

     Et toi , pour qui tu te prends , cafard?"

     

    "- Moi, monsieur, je suis Maniswami, 

    homme de main  du village de Tanthirayankuppam, 

    de la caste des Chettiars,

     c'est à dire des pêcheurs de la côte de Coromandel

    , et je n'ai jamais entendu parlé de toi....

    C'est moi qui faisait désigner les chefs, 

    ça faisait bien mes affaires. 

    Je  n'avais donc pas le temps de m'interesser à toi, nabot,

     et à ton petit pays de merde "

     

    Alors une troisième voix se fait entendre :

    "- Eh cafard, la ferme !

     Un peu de respect tout de même, devant notre suzerain. 

    Sache que moi qui te parle, j'étais Akawa,

     le frere du roi Godibon du pays Mékako ! 

    Insolent ! tu mériterais d'être vendu comme esclave !

    et que si tu veux éviter le mauvais sort, 

    Tu dois apprendre à respecter les hiérarchies, 

    ne serait ce que pour éviter le mauvais sort , ignorant !

    Moi, moi, moi, qui possède tout un peuple et 40 épouses, 

    mais aussi Kossar 1er , notre bienfaiteur , notre suzerain

     qui protége notre indépendance !"

     

    Une quatrieme voix se met alors à rugir :

    - Je savais bien que vous en Afrique, vous êtes tous des vendus. 

    C'est pour cela qu'on vous l'a donnée votre indépendance, 

    et qu'à moi on me la refuse

    mais on va me laisser entrer au paradis, moi

    moi qui met la croix de notre séigneur à côté de mon nom 

    sur les bulletins de vote ,

    moi qui protège le pur maohi de la pollution de la race blanche

    ces traitres à la vraie religion !

     

    "- et qui es tu donc, l'invendu ? " ricana Maniswamy .

    - Je suis Karos 1er le roi du Pacifique...

     Mon pays est plus grand que l'Europe,

     mais encore sous le joug colonial,

     nous sommes les derniers chrétiens, 

    persécutés par ce diable appellé Kossar

    qui se dit grand balayeur 

    au service de la civilisation chrétienne. 

    Or, j'en témoigne ;

    c'est lui qui me casse mon balai

     à chacun de mes nettoyages,

     c'est lui que nous devons empêcher d'entrer au Paradis , 

    et c'est pour cela que nous sommes là, mes frères !

     

    Kossar  1er pouffa un peu, et fit remarquer à Karos :

      - Eh, l'identité chrétienne , elle ne t'appartient pas. 

    C'est nous qui te l'avons apportée, 

    à l'époque où vous voliez des clous  sur nos bateaux

    et vous imaginiez qu'en les arrosant 

     vous alliez faire pousser des arbres à clous ! 

    Pauv con !

     

     Kossar  1 er s'adresse alors  à mon maître   : 

    - Oui,fit Karros 1er, mais explique moi : 

    qu'est-ce que j'ai fait  pour me retrouver

     dans ce même hangar d'attente, 

    dans cette puanteur, avec  cet indien  , 

    cet africain et ce tahitien sans cervelle

     

    - je proteste, fit Maniswami, je ne suis pas un indien, je suis un tamoul, 

    et si me traite d'indien, je vais te traiter de mérovingien  ! 

    Et toi aussi tu sens mauvais, 

    quoique je ne vois  même pas ton corps, 

    c'est ta présence qui empeste l'atmosphère. 

    Tu n'as pas vu qu'ici on n'a plus de nez, 

    alors ce qui pue c'est ta façon de me regarder

     

    - je crois , ajouta Akawa, que si  le portier que voila ne nous répond pas,

     c'est que nous lui avons manqué de respect. 

    Gardien, il est clair que tu es un grand sorcier comme moi-même. 

    En toi je reconnais un frere et un égal, comme aussi en Kossar 1er. 

    Il est le roi de la France, et moi frère du roi du Mékako, 

    Tous les notables connaissent notre sagesse 

    nous ne voulons pas  finir  avec des têtes de cochon. 

    Eminent gardien de ce pays d'outre tombe

    accepte que je mette à ton service ma propre sorcellerie ! 

    Designe moi tes ennemis dans mon pays, 

    je vais les empoisonner, fais moi confiance.

     Nous on connait le respect, la coutume !

     

     

    Kossar 1er était tordu de rire  et  ajouta:

     -  Planton, ne te fie pas à ce fantome,

     il fait partie des êtres qui n'existe pas. 

    Ce n'est pas à lui qu'il faut demander de l'aide, 

    sa sorcellerie est épuisée !

    Il y a un grand malentendu malentendu politique et religieux

    , et le Grand chef de l'Univers va venir éclaicir tout ca .

     Pour l'instant nous en bavons  car c'est le prix à payer 

    pour être de grands guerriers gagnants et méritants 

    Soyons patient  comme François 1er.

     Apres tout dans le monde réel on sait deja 

    que nous sommes des grands rois, 

    et n'est-ce pas, même en Afrique, cousin Akawa....

     

     

    Mon ange gardien les laissa  se calmer , 

    puis se résolut à répondre à la question qu'avait posé Karsso 

    , sur le ton hésitant de celui qui se doute bien

     que ses paroles seront mal interprétées .

     

    - Eh bien voilà.. si tu te trouves 

    avec tous ces gens là, c'est qu'aujourd'hui on fait le point

    sur tous ceux , pauvres ou riches

    qui ont pourri la vie à mon étudiant Oriata ...

    C'est une réunion automatique

    les uns ont empoisonné son quotidien

    par leurs complots, ou leurs rackets

    leurs calomnies, ou leurs chantages

    ou tout simplement par des directives  administratives 

    qui violaient les principes que tu proclamais.

    Selon toi mon élève et sa bien aimée

    menaçaient la civilisation de la France !

    tu les a déclarés immigration subie

    car ils n'étaient pas assez riches

    et toi tu voudrais  être admis dans un vrai paradis ?

    tu n'auras droit qu'à un paradis qui te ressemble,

    une longue file d'attente

     Bref, je vous ai réunis pour qu'en rêve Oriata

    soit rassuré sur la justice Divine

    Elle est automatique, car chacun met son âme

    en généreuse ou méchante posture

    et en quittant le corps où elle avait pu s'orienter

    l'âme rejoint  sa véritable identité

     

    Vous  persécuteurs à force d'ambition,

     d'orgueil , d'aveuglement, d'usurpation

     et de dissimulation vous faites souffrir 

    ceux qui ne suivent pas votre mauvais exemple

    ils n'ont que le refuge  du supramental

    car vos tentatives d'étouffement 

    passent inaperçues, bien déguisées

    et face à l'indifférence apeurée

    vos victimes doivent juste se faire minuscules , se faire oublier

    Du coup ils passent à travers le trou de la serrure

    du paradis, imitez les

     

     

    - Attention, attention, maugréa Kossar 1er,

     je ne connais pas ce monsieur,

     je ne lui ai jamais porté préjudice,

     j'ai bien dit qu'il fallait s'occuper des demandeurs d'asile, 

    qu'ils prouvent seulement être  menacés

    d'assassinat, ce clown prétend être français

    mais pauvre comme il est , il aurait sûrement mendié

    notre pâtée pour sa femme étrangère   ! 

    Je suis innocent !

     

    - Pardon, ajouta Kaross le roi du pacifique, 

    pardon , pardon pour nos péchés.

     De toutes façons, c'est grâce à nous qu'il s'est fait si petit

    Nous, on avait de meilleures graines à semer... 

    moi qui suis roi de l'océan Pacifique,

     il m'est impossible de surveiller toutes les  vagues  

    alors comment savoir qui va nous attaquer

     on a plein d'ennemis puissants  dans le dos, 

    et on ne fait pas d'omelette 

    sans casser les oeufs....

     

    - Je regrette , protesta Akawa,

    nous lui avons vendu 

    des papiers en règle

     mais dans notre coutume, 

    les femmes sont un trésor.

     Ce Monsieur  est un sorcier, avec sa danse 

     et il a voulu s'enfuir sans nous payer le prix

     que notre princesse  valait.  

    Moi personnellement j'avais très tôt financé 

    trois crayons, ou deux, je n'en suis pas sûr

     à cette belle enfant pour l'encourager 

    dans ses études... 

    C'et parcequ'elle a pu apprendre à écrire

    qu'elle a invité  le blanc via le net sans nous avertir

    Avec le temps cette dette a grossi

    or nous avions deja de gros clients ,

     prêts à  l'acheter par chèque, 

    on avait même reçu des avances en cash, 

     il a fallu rembourser,  ce n'était pas facile, 

     on avait déjà partagé entre nous 

     on avait déjà presque tout bu et tout mangé...

    Elle et son amant ont manqué de respect

    pour la sagesse coutumière dont nous sommes

    les défenseurs attitrés !

     

    - C'est vrai, s'étouffa  Maniswami, 

    que nous avions pris ce garçon pour un voleur.

    Il prétendait soigner et enseigner sans salaire

    or ca n'existe pas les gens les gens désintéressés. 

    Donc on était sûr qu'il avait touché des milliards 

    de roupies pour ses activités....

     On l'aimait bien pourtant,

     mais on voulait lui faire un peu peur 

    pour qu'il accepte de partager son gros butin,

     puisqu'il était né chanceux ...

    nous on est pour l'égalité. 

    Lachevre broute où elle est attachée,

     chacun s'en sort comme il peut, 

    et ceux qui ne sont pas un peu bandits 

    ne s'en sortent jamais !

     

    Sri Agastyar, mon maître,laissait parler 

     cette assemblée de fous 

    qui s'était donné le relais pendant toute ma vie 

    pour me tourmenter , et saboter 

    tous mes efforts tous mes succés ...

    Ainsi c'étaient à leur tour  d'être bloqués 

    devant la porte du paradis, 

    sans aucune certitude de pouvoir y entrer , 

    à cause de leur propre démence,

     leurs propres logiques complètement détraquées,

    et pourtant on leur expliquait sincèrement la règle du jeu

    ce qu'ils s'étaient bien garder de faire pour m'enliser ...

     

    mais rien ne semblait pouvoir démystifier

    l'image qu'ils avaient d'eux mêmes , 

    même morts ou à moitié ...

    Celui  qu'ils appelaient Dieu était un grand démon, 

    et ceux  qu'ils prenaient pour anges, c'étaient les diablotins 

    et eux ils les piégeaient pour les vampiriser

    et ils les attiraient dans tous les recoins de leurs âmes. 

     

    Finalement mon maître me dit : 

    "Dominique, ceci n'est qu'un rêve. 

    Dans le monde des formes, les songes  et les fables 

    sont parfois une façon de montrer la réalité 

    telle que le langage usuel n'y parviendra jamais,

     car il est trop asservi aux réflexes 

    du commerce et de l'animalité.

     Bientôt tu vas te réveiller, 

    et te retrouver dans l'Empire illusoire 

    qu'orchestrent ces âmes damnées.

    Pendant ton existence incarnée 

    tu as su semer les quelques graines que je t'avais confiées, 

    il reste à espérer que ces déments 

    ne parviendront pas à bétonner  les jardins 

    où elles ont commencé à croitre.

     Peu importe l'échec et le succès dans l'assemblée des bêtes. 

    L'important est d'avoir reçu le rayon Divin, et de l'avoir partagé.

     N'attends pas que ces âmes damnées te reconnaissent,

     et si cela arrive, aies crainte que ce soit une manoeuvre

    afin de manipuler les consciences

     avec un nouvel appât 

    et les symboles que tu leur auras fournis.

     Il te reste donc un  travail à faire, 

    c'est de raconter ton histoire, 

    et pas seulement la tienne, 

     il faut que tu informes  tes contemporains

    sur le mal dont tu es témoin

    cela sera utile aux enfants  et aux repentis 

    pour mieux s'orienter

    et devenir tout petits pour pouvoir passer

    dans le caravansérail du Paradis "

     

     

    .

     

    ci dessous , image extraite de :

    http://cereales.lapin.org/index.php?number=1441#strips

     

     

     purgatoire

    *

    extrait de la page PTV Catalunya :

     

     

     


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