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opus 499 : La dernière île
Par dominiqueOriata TRON dans GRIOTERIES DE MON TEMPS D' AFRIQUE EQUATORIALE le 25 Février 2013 à 13:38Ci dessus photo de Nimozette le 15 juin 2010 . En page d'accueil on trouvera une très courte autobiographie avec des photos, qui permettra de mieux comprendre cet opus .La première version de ce poème, datée du 7 juillet 2010 fut publiée cette année là sur blogg.org. La deuxième version a été écrite le 25 février 2013. Après le poème on trouvera le lien de la vidéo où Rodrigue Kebeh chante la légende de Nimozette et de Dominique qu'il a composée apres nous avoir rencontrés . Pour la danse de Nim sur la musique KAMALEVA de Pedro Kouyaté , cliquer sur http://www.youtube.com/watch?v=nzhr6TA1F6U&list=PL3D927E87226FF9DF&index=10 de Pour la danse catalytique de Nim et de Dom qui chante , cliquer sur http://www.youtube.com/playlist?list=PLDCC2DBBFAE263702
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version 2
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Ce matin je me suis éveillé alors que je rêvais que le soleil
venait de se coucher
et que pour l'atteindre
tu étais partie à la nage vers l'horizon ...
Tu avais emporté avec toi des graines de guérison
Tu avais craint d'en manquer pour te soigner
de toutes les malédictions des sorciers jaloux
et de leurs hordes de requins
aux dents qui repoussent constamment ...
On a vu de loin qu'avec ces semences de lumiere
attachées en ceinture et autour du cou et des chevilles
tu devenais toi même phosphorescente
Tu devenais un écho du rayonnement du soleil
alors que lui disparaissait peu à peu de nos regards ...
Et donc nous pouvions encore t'apercevoir sur la ligne d'horizon
alors que l'obscurité de la nuit
se répandait peu à peu sur ce côté de la planète ...
J'étais maintenant debout sur le rivage avec ta soeur Nathalie
et nous commencions à craindre
que tu ne puisses plus revenir à cause des courants ...
Savais tu qu' il faut alors attendre patiemment
qu'ils s'inversent comme ils le font régulièrement ...
S'épuiser en gesticulant c'est la noyade
et la victoire de toute tempête totalitaire ...
Nous t'appelions en criant pour que tu reviennes
Dans ce rêve nous t'appelions : "Aïmého ! Aïmého !"
Plutôt que par ton prénom Nimozette ou Nimo ,
Nim ou Mimoza ou Filola comme te nomma aussi ta mère
en souvenir de la reine des serpents afin qu'ils te respectent
au temps où en Afrique on projetait des films indiens sur grand écran .
Dans ce rêve on t'avait baptisée du nom de l'île Aïmeho
qui dans les Mers du Sud m'avait longtemps enseigné
à écouter battre comme un coeur
le tambour de pierre des montagnes !
C'est là qu'enfin j'avais rencontré le vrai visage
de la planète accueillante et pas défigurée par l'être humain
l'île chaque jour m'avait fortifié dans mes élans
par l'exemple de ses pics verdoyants !
Je savais désormais que toute terre émergée
pourra redevenir souriante et propice
à condition d'abolir les enfers totalitaires
et de bannir leurs illusions dans nos respirations quotidiennes ...
Désormais où que je sois , que j'aie le choix ou non
mes yeux seront polynésiens , tatoués du dedans
en résonance avec le corail, les rochers et les buissons d'Aïmeho
indifférents aux hiérarchies des âmes malveillantes
à leurs bijouteries jamais à la hauteur
des simples coquillages et plantes de couleur !
J'étais finalement devenu un brin de cette île
un petit morceau flottant dans les airs
les pieds sur terre, la tête dans le ciel
Et j'ai quitté l'île Aïmého
A la façon un noix de coco flottante
Mais qui porte définitivement dans le murmure intime
son blason , son sceau et son cerceau !
Je n'avais plus peur d'errer sur l'océan
et de germer sur tout autre rivage
afin de multiplier en chair et en os une vivante image
où puisse s'élever de vrais chants sans mirages ...
Ce que j'appelle mirage , c'est la matraquage électronique
la sauce qui vient gâter le miracle acoustique !
nimozette je t'avais fait danser de loin de webcam à webcam
Tu étais aux antipodes mais je te voyais sur mon écran
tu me voyais tu m'entendais, et tu dansais
dans un cyber d'Afrique et moi au sud du Pacifique
et je t'aimantais tu m'aimantais
nous nous étions trouvés disponibles...
Sur cette planète il est si difficile et si facile de se rencontrer
à moins de savoir quelle ambiance il nous fallait planter
pour que soient encore vivables nos incarnations
dans ce monde d'ivrognes , d'addictions ruineuses et de diables !
J'avais d'abord pensé t'inviter à Ua Huka
où poussent désormais tous les arbres fruitiers des tropiques
mais finalement c'est moi qui avait pris l'avion
de Polynésie jusqu'en Nimonézie
vu qu'il y avait tellement de barrières de visa pour toi
Les cyborgs identitaires avaient à chaque sas commencé
à verrouiller même les chemins des mers et des airs
en suspectant à priori nos dons et nos semences
comme si la planète leur appartenait ,
à eux fourmis et araignées , homo pseudosapiens sapiens
mais inhumains,
inventeurs du malheur pour donner toute gloire
à leurs jouissances virtuelles et avortées .
Sans relache ils ont tenté de nous aveugler
sur la réalité de la félicité, de la véridicité cosmique
Ils s'en faisaient les grands prêtres, pour décider
de nos libertés, qu' en théorie ils prétendaient sacrées !
Voilà comment toi Nimozette tu es devenue ma derniere île
Le mého chassé de partout survit dans nos chansons
pour oublier les dangers, les rackets , les maladies sans remèdes de la jungle ,
afin de nous protéger de la malédiction
des sorciers savants de l'apartheid !
Tu as accueilli la lumière intérieure de l'oiseau sage dans ton coeur
du meho oiseau messager de Dieu que l'on dit disparu
En fait les prédateurs à deux ou quatre pattes l'ont pris en chasse
il se fait transparent pour éviter de finir en gibier dans les assiettes des flatteurs ...
Il redevient visible quand la campagne est vide
mais se cache dans un buisson quand retentit le mauvais oeil ...
C'est sans doute pour toutes ces raisons
et parce que j'ai trouvé en toi ja sauvagerie civilisée
de l'île des temps d'avant l'urbanisation effrenée
que dans mon rêve je t'ai appelé de loin Aïmého !
Ne nage pas plus loin, je t'offre ma vie comme un soleil levant
Continuons à nous guérir de la vieillesse comme de la jeunesse
et du mauvais sort des esprits pour qui la poésie
n'est qu'une façon de déguiser l'éducation
alors qu'elle est la mise en scène de la vie
sur les ruines du monde des zombis,
de la vie à partager au delà des voeux pieux , des théories
mais en chantant et en dansant
insouciants comme les oiseaux dans les arbres !
Enfin dans la nuit nous te vîmes revenir en nageant ,
nous t'attendions sur le sable, et pour me répondre
tu m'appelais aussi "Aïmeho ,Aïmeho !"
Elle t'était interdite l'île ancienne
par les scrutateurs identitaires des passeports
qui prétendaient protéger contre nous
leur caricature mortifère de civilisation française et maohi
alors que nous étions l'incarnation même de la civilisation sans frontières
celle qui hérite de toutes les connaissances
même que sur Aïmeho le hombo pacifique
m'avait nommé "l'homme de toutes les danses" ...
Et voilà qu'ensuite les puissants cyborgs nous ont traité comme du bétail
juste bon à brouter dans les clôtures des fermes de leur pillage.
D'évidence notre amour était la dernière île échappant à leur pouvoir
Alors ils s'acharnaient à le rendre impossible
avec les armes modernes du mensonge
et de la ségrégation en catamini.
Et comme le mého maintenant nous nous appliquons à la discrétion
sauf pour nos alliés, nos amis aimantés
par nos offrandes qu'ils voulaient faire crôitre en eux-mêmes
ou devant eux mais pas pour une friture ...
Car nous amis ne sont pas comme ces têtes barrogantes
sans complexe anthropophages de toute fleur paisible
car même s'ils ne mangent pas la chair de leur semblable
ils nous poubellisent vivants car ils gérent le temps
du haut de leurs diamants volés ici et là et de leurs montres Rolex ...
Mon amour mon oiseau de nuit et de jour
qui par tes baisers soulève notre lit comme un tapis volant
très au dessus des empoisonnements
tu m'as encore enivré ce matin de tes seins
et de ta vulve parfaite comme la source éternellement fraîche
qui s'offre dans la montagne gratuitement même aux bêtes traquées
pour avoir renié leurs chaînes tribales !
O mon amour vois tu à mon front
l'astre que tu poursuivais en vain dans la mer ?
C'est le désir de combler ton espérance qui le fait scintiller radieux
afin que soit faite la lumière sur tous les crimes
commis par les humains au nom de tous les idéaux
A peine étais je arrivé près de toi que Rodrigue le griot
te faisait danser en chantant notre légende.
Il ne nous reste plus qu'à veiller sur l'île de notre amour
à hériter de la bonté des arbres et de la fertilité de la Terre
en déjouant les simulacres des héritiers aux peaux de toutes couleurs
en déjouant les interdits et les frontières des chefs bandits qui exploitent la Terre
Ils nous ont acculé au rôle de guerrier et de guerrière
Le temps était venu où nous était dénié le contrôle
même sur une seule motte de terre ...
Nous serons l'île qui surgit de l'océan comme jadis de l'éruption du Krakatoa
Nous ne laisserons pas engloutir dans les abîmes
la force du volcan sous marin !
Nous sommes l'humanité nouvelle au sang métis , à la conscience arc-en-ciel
Nous sommes la vraie civilisation plurielle rebelle aux dogmes
rebelle aux fausses civilisations ostentatatoires
des morts vivants spéculateurs
Et même sur nos cendres lorsque sera accomplie notre tâche
Les pluies feront se lever des arbres avec des fruits délicieux
et les enfants gratuitement s'en nourriront et les multiplieront
chantant l'ère nouvelle évadée du complot financier
des cyborgs saigneurs de toutes guerres ...
Ils voulaient nous revendre l'ombre de nos rêves
au prix de nos vies quotidiennes
ainsi que celles des arbres , avec un copyright sur les semences
et même l'air que l'on respire
Ils avaient transformé la planète en prison et en déserts ...
Or chacun de notre côté nous avions travaillé à la sueur de nos fronts
selon les règles de leur théâtre de clotûres et de thésaurisation
Mais ce n'était qu'hypocrisie médiatique
comme l'evangile sous l'inquisition
Ils nous ont dépossédé de nos efforts , de nos consécrations
car pour vivre comme les oiseaux libres sans crainte
il fallait leur autorisation !
Malgré leurs cravates , leur protocole, leur faces sombres
jamais exposées au Soleil, obsédées par leurs privilèges
les cyborgs surdoués de la publicité mensongère
sont en ce début siècle vingt et unième
comme des taupes creusant des tunnels
sous les fondations des gratte ciels incrustés d'or
et de trophées d'artistes
Quoique de leur côté on ne meurt pas devant l'hôpital
ces cyborgs sont semblables à ces papous chasseurs de paradisiers
à la saison des amours, car c'est le moment
où ces oiseaux sont très distraits, ils dansent
et dans ces tribus là on donne le sein aux cochonnets
pour avoir trop tôt cuisiné leur mère !
Alors puisqu'il faut maintenant voir en face leur puissance
et sans gémir continuer à rayonner
quoique précipités dans la spirale de la misère
n'ayant que mes mots pour me défendre je chante cette prière :
que soient démantelés les remparts électrifiés de l'apartheid planétaire
au son des gongs même analphabètes
et dans la voix tonitruante ou silencieuse de tous poètes
pour que puisse être reçus par les enfants
avec l'espace et au temps restitués
les rayons du supramental Divin
pour inspirer justice et bonté sans frontières
à toutes les espèces en quête d'évolution !
La derniere île sur cet océan sans frontières
entourée des vagues de toutes les mers
c'est l' Amour,
la fondation de la nouvelle Terre !
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Chant "Nimozette et Dominique "composé par Rodrigue Kebeh :
http://www.youtube.com/watch?v=ErlDzLC3CrE&list=PL3D927E87226FF9DF&index=36
ou :
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