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opus 121 : LE PARC FAMILIAL DE FLAVIA A CABRALIA
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version 1
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version 4
Lorsque Flavia m'avait invité au Brésil
elle m'avait prévenu que nous habiterions
chez son frère qui possédait un golf et un restaurant .
J'imaginais de vastes pelouses un peu dodues
et dans les coins , des pavillons
en fait il s'agissait d'un golf tout entier sur la pente
rapide d'une colline
Et à côté, le restaurant, devant un immeuble
avec la chambre de Flavia au troisième étage
juste à côté d'une pièce entièrement consacrée
aux jouets des enfants, plutôt bruyants ,
surtout qu'ils apprenaient la musique
comme il faudrait plutôt la désapprendre
En effet il s'agissait plutôt de sons mécaniques
sans nuances, tonitruants avec la sauce électronique
sur un clavier où étaient baclés au moins cent instruments.
Si c'est ça apprendre la musique
apprendre la vie humaine, c'est se payer un robot
pour regarder le paysage et prier ou militer
pour la santé, la justice sociale et le bonheur partagé ...
En ce qui me concerne, je défaille dans les rues
de Paris , de Bangkok ou de Bombay
comme si mon esprit était asphyxié
sur une planète réduite à la caricature
où pour s'asseoir la seule solution, c'est consommer
et de tous les côtés il y a des bruits difficiles à digérer
à moins de se dire que l'on est soi même un bijou de ce monde frelaté ...
Désertez les campagnes si le béton vous attire et moi
je me contenterai d'une yourte dans la forêt.
Alors à Cabralia des que possible
je partais gravir le flanc de la colline
où les parcours cimentés
ressemblaient à des serpents géants de pierre.
Près d'un pont danse immobile une statue de nymphe
Un ruisseau coule sans cesse sous le petit pont.
Et puis au dessus de ces chemins du golf
à la hauteur de la chambre où nous habitions
il y avait la solitude d'une allée plate de verdure
et c'était là que je me réfugiais
sur un banc pour un moment de paix.
Il y avait bien la plage aussi,
mais les arbres étaient si bas
qu'il fallait se recroqueviller dans les taillis
pour être à l'ombre
et là Flavia craignait les petits reptiles venimeux
et disait qu'il fallait éviter le bain car c'était la saison
des vagues énormes et des courants voraces ...
Maintenant de là haut je contemple l'océan et le village
Misère et luxe ont chacun leurs habitations ...
Pour m'aider à chanter je pince les cordes
d'un petit psaltérion biélorusse et chromatique.
Pres des chevilles de chaque note j'ai tatoué les bois
De couleurs pour m'imprégner du fil modal de la méditation
Avec Flavia j'avais d'abord vécu en Inde dans ma maison
mais maintenant tout était bien différent, j'étais dans la sienne
ou plutôt même pas, dans son refuge familial, de passage
Merci d'être venu, et merci d'en repartir
Et moi il faut que je me coule dans leurs serrures
leur temps , leur espace,
leur hospitalité crispée mais sur le plan des deépenses il est généreux
leur monde d'illusion , de luxe , de mode, de tentations.
Pourquoi errer encore sur cette Terre
si loin de tous mes repères ?
Je suis piègé dans ta folie Flavia
Ta peau douce et tes fesses rebondies m'ont fait trouver un nid
dans les griffes délicieuses de ton égoïsme ingénu et cruel
Baisers bandants et oublieux
Orgasmes sans répit
Jusqu'à l'épuisement
De la raison fertile et de ses escaliers ...
Oh que n'ai-je évité ce sort de compagnon bizarre de la reine
C'est désastreux comme une guerre perdue le jour qu'elle est gagnée
car on est roi sans vraiment régner
sur les insensés
Et il faudrait aussi rituellement remercier le ciel
d'avoir comme un héritier trouvé refuge
dans une tour aux portes incrustées de diamants
dressée indifférente au dessus de la misère...
Ah non l'argent c'est fait pour être libre même des chaînes en or
et non pour envier comme un esclave les speculateurs !
Mon rêve de Pygmalion c'était ta danse légère
et à plein temps, et ton chant italien
qui répondait au mien en français ...
Mais je vois que tu veux commander ma vie
je deviens un homme plein d'utilité
D'abord ce que tu veux c'est un bébé
puis je saurai te remplacer un temps
dans les cités où on t'invite,
quant il faudra allaiter l'enfant
Tu me racontes toute ta vie passée
tu es une gagnante là où il faudrait tout perdre
et tu ne vois pas que tu es perdante
là il faut tout gagner
Et pourtant nous parlons à l'unisson comme des perroquets
Nous croyons aux mêmes idéaux
et partageons nos méditations.
Tu m'apprends que tu es une grande séductrice
Dans plusieurs capitales des hommes influents sont à tes pieds
il ya même cet acteur qui joue au cinéma 0SS 117
qui t'as invitée en Australie pour que tu sois son professeur de yoga privé
Et tu précises en conclusion que c'est moi qui t'aies fait craquer
les autres doivent se contenter de rêves platoniques
et tous tes adorateurs sont une grande fraternité sans frontieres
ils jouissent de se faire manipuler
vraiment tu es forte, Flavia, avec toi je suis protégé
il n'y aura plus que mon père et ma mère pour me traiter de raté
car je n'ai pas suivi leur imbéciles filières
Donc c'est moi le grand privilégié, l'heureux élu
qui peut toucher le corps de la déesse à son gré
et j'en suis il est vrai addicté il est magique
et j'en frissonne abandonné à tes baisers électro-magnétiques
A nous les continents, à nous les succès !
mais moi je n'aime pas les voyages
sauf pour déménager dans un coin de forêt
près de la plage
ensuite c'est vers l'intérieur et dans nos propres formes
que je veux naviguer avec toi
Le monde des villes je n'aime pas y stationner
Oui tu me dis que tu seras partout mon jardin d'Eden
partout tu m'aimeras nue ou habillée
tellement jalouse et sans la moindre envie de me tromper
Tu es ma gitane tellement douée
mais aussi une vraie machine à calculer
Tout est prévu, sauf l'essentiel qui n'est pas la parade
et pour la parade , j'ai déjà donné, c'est un métier
mais moi ma mission c'est de t'emmener sur les sentiers de la simplicité
au delà des zones habitées par les singes savants
pour te transmettre complètement mes secrets
sans mêler d'alcool fort à l'eau de la source centrale
c'est l'histoire des chefs bandits et des exploiteurs qui alors
te paraîtra au loin marginale
en dépit de leurs avions privés et des faux ascètes chambellans.
Voila la vie qu'en théorie tu voulais partager
jadis je t'entendais davantage chanter.
Que crains tu, n'es tu pas chez toi dans ce parc ensorcelé ?
Pétrifie toi, nymphe au coeur de pierre.
repose ton âme dans la statue
qui me faisait de l'oeil posée près du pont et du ruisseau
C'est là que tu peux vraiment faire rêver
je peux te délivrer mais pas m'évader à ta place
Et ton habileté de chair m'inquiète
comme le récif de corail caché sous la marée haute
et que signale une autre forme de la vague et de l'écume
alors je nous vois plus tard naufragés
En bas du golf est une plate forme pres du bar
où je t'invite plusieurs fois à danser
mais là tu as peur du regard des buveurs
où de montrer que tu n'es pas toujours le maître
Ta belle soeur en servant aux clients alcools et glaçons
m'observe furtivement espérant que ma danse va cesser
car elle peut faire à son domaine une réputation interlope
Eh oui je suis danseur androgyne
quoique seules les femmes m'aimantent
et que j'ai tant de mal à leur résister
Et puis je suis radin vu que je ne vois pas
l'utilité de consommer dans le bar familial
Pour moi l'importance c'est la santé pas l'apparence
trinquer ne suffit pas à communiquer.
Pour l'hypocrisie j'ai déjà ma famille premier prix de virtuosité
même quand ils dissimulent ils croient que c'est la vérité.
Ah non je ne suis pas chez moi quoiqu'invité ...
Tout ce luxe édenté fait de mes paréos des tuniques de misère
il faudrait que je mendie pour qu'on partage lmes lumières
et toi tu te soucie trop du regard des autres
es tu libre comme tu comme tu le prétend vu qu'il te faut
leur approbation pour être toi même et moi dans ton sillon ?
Où est la perpétuelle étudiante du Ciel
qui seul durablement nous voit sans esprit de caste ?
Oui tu es belle comme cette nymphe sculptée
Alors je me contenterai de te pétrifier
avec mon crayon car là je suis sûr
que pour toujours tu garderas l'élan de me plaire
Et bientôt ,je ne sais quel moustique nous piqua
Venu des caniveaux stagnants des bidonvilles d'à côté
et voilà que virulente une dengue féroce
comme un puissant boxeur invisible nous a mis au tapis
Non il vaut mieux que je m'en aille bien vite
et que nous restions seulement amis
Et comme bien plus tard tu me confias
au téléphone de Melbourne en Australie
c'était bien le naufrage où tu me conduisais
Tu le sais maintenant les puissants ne sont rien que des prostitués
s'ils laissent lapider les Inspirés
Bien sûr ils ont trouvé des fanatiques plus insensés qu'eux mêmes
pour que leur propre cynisme se proclame protecteur !
Dans leur combat de fauves ils ne m'ont pas assassiné
Je dois chanter leur louanges pour les remercier
d'avoir été moins impitoyables que les inquisitions assumées
Eux se sont contentés de me ruiner par leurs lois scélérates
de me mentir , de m'engager sur de fausses pistes et de fausses promesses
Alors contre les castes prédatrices
que s'éveillent éternellement dans les coeurs des révoltés
la flamme sincère de l'amour et de la fraternité
Vous vous pardonnerez vous mêmes si vous passez
de notre côté !
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