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version 1 :
version 3 :
C'est vrai, la jungle humaine est sordide
on se fait manger les pieds, les mains , la langue
avec des ricanements et des rots
sans pouvoir émettre avec l'âme
un accord dans le tintamarre
car les décibels et la sauce des bringueurs
ont noyé jusqu'au sens de la viande
Difficile d'être de la fête
avec le rôle prestigieux du gibier
alors voilà j'entre en moi même
Je passe la porte du temps
grâce au nectar offert gratuitement
par les fleurs savantes patientes
J'arrive entin dans le pays d'Azur
promis par mes rêves d'enfant
je fais mon miel au creux des alvéoles
un miel de feu et d'eau pour la faim
de l'enfant ou du vieillard blessé
Bienvenue sur ma planète radieuse
il y a autant de place qu'on veut
elle grandit si on est très nombreux
suspendue dans la nuit lumineuse
On peut même en partir à plusieurs ou tout seul
afin d'ensemencer des peuples moins cléments
Par la concentration sur les yeux fermés du yogui
j'ai perdu ma rage de dents
Emportez les trésors autant que vous voulez
du bleu profond que j'assemble
il en restera toujours davantage
ainsi que du rouge et du jaune pour tatouer
les baisers oublieux des amants
et ta mémoire qui me ressemble
Infini au centre, infini sur les courbes d'horizon
je ne reviendrai jamais vraiment
du ciel de derriere le ciel
et des aimants
qui ont mis ensemble
J'envoie en pleine figure du passant
cet éclair chargé des cinq éléments
voilà comment je me défends
Qu'ils aillent régner en enfer
les voyous en cravate et col blancs
les zombis d'orgueil en toutes langues
Ils avaient planté leurs drapeaux
sur mon berceau et sur ma tombe
avant de me retirer à moitié
ma citoyenneté de leur monde
A moitié seulement car pour mes bras mes jambes
ils les ont décoré de chaînes
pour me promener dans leurs cirques
et collecter la dîme et des amendes
pour la civilisation qu'ils défendent
Oui ces animaux là, ils m'ont tué cent fois
avec leurs mâchoires souriantes de loups
et leurs lèvres baveuses et pendantes
Alors j'ai pris refuge derrière la Croix
derrière leurs fausses reliques
et là je peux mourir à jamais immortel
hors de portée de leurs missiles
Certes j'ai changé de visage
il est moins carré et à perdu ses yeux
mais carrément ovale il a le regard du ciel
un bonheur qui pousse au pardon
Quant à eux eux addictés à l' enfer
faux dieux courroucés en carton
invités malgré tout sur mon astre
ils veulent tout manger tout voir et tout entendre
Mais comme il faut laisser sa peau au vestiaire
ils sont restés dehors à faire des commentaires
et m'ont applaudi comme une illusion
puis se sont endormis pendant ma danse
Si je suis pour le revenu minimum
pour tous les nouveaux nés sur toute leur planète
c'est afin que que le vieillard qui m'entend
retrouve sa joie d'enfant qui crée le monde
sans être poursuivi par les ivrognes
enfermés dans leur glorieuse forge
Par la concentration sur les yeux fermés du yogui
il est entré en moi je suis entré en lui
j'ai perdu ma rage de dents
J'ai aussi perdu quelques dents
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version 1 :
*
version 3 :
C'était la nuit, celle des ombres sous la lune
et j'avançais , guidé par les flambeaux des étoiles sereines ...
J'étais parvenu à un village de béton au milieu de la jungle...
De chaque côté de la place publique les hommes noirs et les hommes blancs s'insultaient !
Les noirs criaient : " les blancs nous ont tout pris !"
Les blancs répondaient :"les noirs ont tout saccagé !"
Pendant ce temps les blancs qui avaient volé
et les noirs qui avaient détruit les vitrines
S'étaient hissés sur des camions, ensemble, pour s'échapper
Et ils laissaient leurs peuples en état de haine civile ...
O mes amis , même si tout est suspect, surtout la vérité
la forêt peut encore nous rassasier de son amour et de ses sources ...
Reposons nous prês des eaux claires de nos rêves réconciliés ...
Là les femmes gorgées de lait sucré apaisent dans la nuit
les douleurs de la Terre calomniée...
Nous continuerons à chanter et danser
En dépit du désordre et des fausses informations ...
Nous étions à l'écart du champ de bataille, mais armés
car les feux d'artifice des pillards ne connaissaient pas le sommeil
C'étaient des hommes masqués qui ne savaient dialoguer
Qu'en se jetant au nez des pétards et des fumées ...
Toute action semblait vaine, sauf de fuir au sommet des arbres
Il fallait de toutes façons de se débrouiller, se faufiler entre les jets de fleurs et de pierre
Un vagabond couché dans le fossé sur le bas côté
lançait son soliloque en direction des cyborgs puissants
qui avaient incendié la route
ceux ci ne l'écoutaient pas,
leurs oreilles n'étaient pas connectées,
et l'autre en haillons se lamentait :
" tu m'as ruiné, tu m'as ruiné, mais tu n'as rien gagné.
la mort bientôt te ramassera
et tu n'auras plus que la pesanteur de ton âme
pour voyager "
A l'écart des bijouteries convoitées
dans la nuit bleue et silencieuse
nous avons bu ensemble l'eau chaude de l'amitié
Nulle mort n'y pouvait terrasser la paix des souffles prières ...
Celui qui agit selon sa conscience traverse les paradoxes
Il ouvre des paradis aux âmes saccagées, elles ressuscitent
Mais c'est clair, il faut désacraliser
l'illusion des temples vampires
pour que l'âme atteigne la fête
de l'Amour rassasié
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Par dominiqueOriata TRON dans GRIOTERIES DU MAROC, DES BALEARES ET DE FRANCE le 11 Mars 2013 à 13:25
version 1 :
version 2 :
Dans un jardin à Marrakech
une fontaine et des oiseaux
Les oiseaux picorent dans l'eau
les reflets du soleil de midi
Sous des arches des musiciens
s'accordent pour la nouba du matin
Arabes , berbères et juifs séfarades
chantent accompagnées de cithares
de luths et de la derbouka
musulmans ou chrétiens ces musiciens
n'ont de Dieu que l'Amour
qui se donne et prend soin des arbres
Le jardin est vert avec quelques palmiers dattiers
Sur une table basse sont posées des pommes
les oiseaux s'en approchent puis reculent
craignant la colère improbable des hommes
et des femmes éblouis par le chant
qui raconte les amours cristallins
du soleil , des ruisseaux, et de la fontaine
Un enfant joue avec une balle
et esquisse des pas de danse
Des hommes en djellabahs blanches et chapeaux rouges
tiennent des tambourins à sonnailles
ils ressuscitent le temps andalou
en dépit des chefs bandits féroces
qui depuis des millénaires
se partagent nos héritages
en verrouillant nos destins par leurs guerres
La pomme est verte comme les prés
le ciel est bleu comme justice
les oiseaux jaunes et la fontaine blanche
rouges les lèvres des femmes
châtains les cheveux des hommes
Une datte est posée sur la table
elle est pour toi le visiteur
qui entendant sonner les maqams
a frappé à la porte verrouillée
les dévots égarés iconoclastes
ont accusé de blasphème la musique
et couronné le mauvais coeur d'Iblis
du titre de docteur de la Loi
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version 1:
version 3 :
Du blanc au noir tourne tourne tourne
la broyeuse céleste au coeur de la Terre
comme de l'eau dans la gorge d'un gouffre
Au bord de l'âbime quelques buissons suspendent
un peu de feuilles vertes de générosité
sans vouloir pour autant travestir le mensonge !
La boîte de Pandore est désormais impossible à fermer
Elle est trop pleine, elle a explosé ,la cruche
et sa gardienne se prostitue
en clamant son droit de propriété
sur la verdure qui retient la rosée
Le mensonge dit elle, c'est la vérité
Elle prétend aussi que ma
vérité c'est un mensonge
j'ai pourtant vu, de mes yeux vu, ses trahisons virtuelles
mais je n'ai pas voulu me fâcher
pour des baisers plus effrontés
Ce serait la loi des babouins
d'avoir les yeux ouverts pour le combat
et fermés sur le choix des armes
Adorateurs du tourbillon
accrochés aux pentes du gouffre
illusionnistes et femmes trompeuses
politiciens , barbouzes, artistes mondains
inquisiteurs, esclavagistes, tous sont
soulagés par la machine coupante
qui ne laissera guère de trace
de leurs mensonges
Adorateurs du tourbillon
ils admirent la vérité du faux
vu qu'ils en sont les grands prêtres
et réchignent à la plongée sans retour
dans l'oubli jaune et joyeux du temps
Ils tiennent à leur identité
et à leurs prestiges fragiles
Du coup les voila coincés
sans issue à contempler le gouffre
statues de sel et pierres inquiètes
une illusion les berce d'entendre le son
charmeur de la boîte à poisons
Meurent et s'effacent les mensonges
pour que survivent les menteurs
dans leurs fortifications sans issue
Dans le buisson j'entends roucouler
l'oiseau Mého qui s'est fait tout petit
La planète enveloppée de soleil
est caressée par le vent clair de l'esprit
sans maléfices ni mensonges
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Par dominiqueOriata TRON dans GRIOTERIES DE MON TEMPS D' AFRIQUE EQUATORIALE le 10 Mars 2013 à 11:09
version 3
*
Ci dessous Filola (Nim) devant et dans son salon le 13 février 2009
1
.
HISTOIRE DU 1er BANKSTER
ENFUI EN MBENG
.
.
Lorsque sa mère Louise mourut à peine quadragénaire
Filola dut arrêter le Lycée en classe de première
Elle avait appris à tresser les cheveux de ses soeurs et de ses condisciples
.
.Au pays Mékako, les tresses traditionnelles
Sont de rigueur pour les lycéens et les lycéennes
Mais pour les adultes elles paraitraient enfantines
Lorsqu'ils entrent dans un bureau ils doivent être propres, présentables
c'est dire avec des chaussures fermés
et perruque, ou si c'est trop cher
rajouts de mèches brésiliennes ou indiennes
comme celles qu'exportent les prêtres du temple de Tirupati en Andhra Pradesh
Ils exportent en effet dans le monde entier, vu que les pélerins
par milliers pensent se défaire de leur péchés
en se faisant tondre .
.
.
Bref Filola se mit à travailler chez une coiffeuse
Filola avait trouvé le filon pour ne dépendre d'aucun homme
.
.
Apres quelques temps , elle put se construire au marché
une baraque de quelques mètres carrés
toute bleue au milieu des étalages des marchands
et des rigoles boueuses qu'il fallait enjamber
.
.
La baraque s'appelait
" MIMOZA, coiffure, manucure et pédicure"
maintenant Filola pouvait payer l'école de sa petite soeur Nina
comme lui avait demandé Louise avant de mourir
.
.
Elle habitait une maison de bois
dans un quartier parsemé de cocotiers et de bananiers
Là sa famille, en fait , c'était seulement des femmes
et des enfants , un seul était de sexe mâle, son petit frère.
.
.
Les hommes avaient laissé ce gynécée
se démerder avec leur progéniture
La grande soeur Nathalie et la grand mère fournissaient
en légumes et en poissons séchés quelques revendeurs du marché
Elles allaient chercher cela au village
.
.
.
Chaque mois Filola par précaution
plaçait à la banque un peu de ses gains
c'était pour les dépenses imprévues
d'hopital et aussi les chantages
que font au Mékako les gens dits importants
les porteurs d' uniformes ou de costards, racketteurs déterminés
.
.
Puis lorsque Filola eut vingt quatre ans ,en 2008
il y eut des faillites en série de banques au Mékako comme en Mbeng
Mbeng, c'est le nom donné à l'Occident
d' l'Australie à l'Europe
en passant par le Texas et le Canada
.
.
Au Mékako il n'y a pas d'écoles gratuites.
Lorsque Filola vint retirer
de quoi payer l'école de Nina sa petite soeur,
on lui avait dit : c'est impossible :
le banquier blanc a pris la fuite en Mbeng
.
.
Alors Filola avait appelé les gens de la télé
et expliqué qu'on lui avait refusé l'acces
à ses économies
.
.
.
Du coup la foule avait afflué
et réclamait son dû, l'argent si lentement gagné
Maintenant chacun n'avait plus qu'un carnet de comptes
avec des chiffres calligraphiés
.
.
Le bankster blanc avait laissé au Mékako
son homme de paille,
un bureaucrate noir que les petits épargnants
ménacèrent de massacrer s'il ne se débrouillait pas de rembourser
l'argent durement gagné et volatilisé
.
Néammoins la police aussi avait accouru,
elle seule a le droit de tuer ...
Malheur à celui qui vole sans être de la caste
même s'il plonge dans le fleuve il est abattu sans formalité
mais les hommes sans uniforme n'ont pas le droit de tuer
.
Au pays Mékako les policiers ont le droit de racketter
à n'importe quel coin de rue ils peuvent bloquer la circulation
pour se renflouer
ils expliquent qu'il faut contribuer au maintien de l'ordre
la chèvre broute où elle est attachée
2
LE SECOND BANKSTER
.
.
Le président du Mékako accusa un jour un de ses ministres
d'abus , de corruption.
Il avait pourtant acheté sa charge plusieurs milliards de francs africains
Mais il avait englouti
tout l'argent récolté pour construire un nouveau marché
sans rigoles puantes où les femmes se tordent le pied
en glissant sur leurs talons hauts
.
Le président avait annoncé la construction de ce marché
On ne le ferait pas mentir lui le père du peuple
dont on chantait la louange dans les écoles
il avait inventé la démocratie, c'était historique
et chaque nouvel an il la promettait ...
Il y avait même une opposition qui se demandait
comment dans cette ville il y avait eu
trois fois plus de votants que d'habitants ...
Mais puisqu'il y avait une opposition
c'était la preuve de la démocratie
adaptée aux mentalités et aux lois du marché ...
.
Puiser dans la caisse, c'est quasiment la tradition
mais il faut en laisser un peu au fond
Le ministre corrompu pour ne pas aller en prison
décida sur le champ que les travaux avaient commencé
il envoya les engins, les bull dozers
pour démolir le marché
c'était la veille de la rentrée des classes
chacun comptait sur un petit argent
mais le ministre soudain était pressé
en quelques heures il aurait fait tout raser
.
On attribua à Nim, en guise d'indemnité ,
quelques mètres carrés dans un marécage
où les roseaux poussaient à l'écart de la ville.
Elle vint avec sa famille de démonter toutes les planches
du salon Mimoza, coiffure, manucure
et "pédicure
avec des lames de rasoir
sans jamais de blessure"
.
Certains boutiquiers supplièrent en vain
qu'on leur laisse déménager leurs installations
mais comme ils officiaent à l'entrée du marché
Les engins démolisseurs n'avaient pas le temps d'attendre
le ministre fit savoir que le risque d'incendie était élevé
il se devait de protéger la population ...
.
Nim versa un peu de terre sur son coin de marécage
pour pouvoir rebâtir une petite baraque
mais hélas à l'écart des sentiers secs où passaient les gens
elle n'arrivait plus à attirer le client
alors elle loua un petit local sur la rue principale
dans cette localité il n'y a presque que des maisons basses
et la végétation, des flamboyants, des manguiers
des cocotiers ,des bananiers et des poteaux d'électricité
.
Le propriétaire était un pasteur
quelqu'un qui avait sûrement fait voeu d'honnêteté
On ne va pas soupconner tout le monde sous prétexte
qu'il y ait des escrocs même pasteurs même curés
traditionnalistes ou d'église réveillée
.
La religion chrétienne s'était adaptée à l'Afrique
avec beaucoup de succès
vu que chacun craint tellement les sorciers
toute maladie étant supposée criminelle ...
En plus l'enseigne de l'église improvisée juste à côté
portait le titre rassurant d'église mékako du vrai Evangile
Nim reprit son commerce, sans placer d'argent à la banque ...
elle le confiait à chaque crépuscule
A une coopérative animée par un commerçant du quartier
Bizarrement il prélevait des interêts sans jamais en verser
Au moins il évitait à ses collègues
d'être tentés de gaspiller leurs gains
en bijoux de plastiques dorés ,
en vêtements colorés pour femmes ,
ou pour les hommes en alcool écossais
Ainsi les riverains économisaient
et en cas d'urgence santé
ou de nouveau racket d'une quelconque autorité
Le banquier improvisé restituait des sommes
.
Sauf qu'un jour à midi apres l'entraînement
Nim apprit que l'homme de confiance s'était enfui
dans le payx voisin, avec tout l'argent de tous ...
Jadis les voyageurs devaient montrer
en traversant chaque chefferie
un gobelet de céramique pour prouver
n'être pas un des ces esclaves fuyards traître à son roi ...
Maintenant il suffisait de refiler un peu d'argent
au policier qui jugerait rentable de contrôler l'identité
ce sont là les lois du marché
exemplaires pour le monde entier ...
Comme les mauvaises nouvelles
au pays Mékako ne viennent jamais seules
les commerçants et les commerçantes de ces petites échoppes
apprirent que le pasteur avait vendu ses locaux
et lui aussi était aussi en fuite
vu que la veille il s'était fait payer
plusieurs mois de loyer, par sécurité ...
.
Le nouveau propriétraire des lieux était lui aussi pasteur
il était pressé d'expulser tout le monde
car il avait de l'argent à faire fructifier
en construisant des locaux modernes
vu que le nouveau marché
prendrait des années à être inauguré, il le savait.
Néammoins par chance l'homme d'église prit pitié
Il donna un mois à chacun pour déménager
chacun loua sa générosité
Il aurait pu mettre direct tout le monde sur le pavé
sauf que dans cette petite ville la rue principale
était de terre, sans goudron ni pavé
.
Nim finalement trouva près de la boulangerie
un autre local où elle pourrait coiffer
.
3
LE TROISIEME BANKSTER
.
.
Le géniteur de Filola a une soeur, elle s'appelle Paulette
et Paulette a épousé un grand homme
à la fois maire de la commune rurale
et directeur de la succursale
dans la ville de la banque nationale du Mékako
.
Comme c'est un homme très occupé
à des affaires très importantes
C'est donc Paulette qui vient signer les papiers des administrés
elle est officiellement adjointe au maire son époux
.
Monsieur le banquier a deux épouses
La polygamie est légale au mékako
Le secrétaire de mairie nous a dit
" sages nos ancêtres qui ont compris
que sans main d'oeuvres de femmes et d'enfants
nos terres ne seraient pas cultivées
ou bien faudrait payer
des ouvriers agricoles
ce ne serait pas rentable
maintenant que l'esclavage est aboli"
.
En ces temps là, je vivais déjà au Mékako avec Filola
Et je venais en ville une fois par semaine
Juste pour retirer l'argent au distributeur
De la banque d'Etat sérieusement protégée
par une escouade de militaires
Joyeux ils plaisantaient et sur mon passage
demandaient que je leur offre des bières
" Nous les nègres, on souffre, dit l'un d'eux"
mais comme il rigolait je supposais
qu'il se moquait des damnés de la terre
ou alors peut être il se voyait
ensorcelé dans une mauvaise affaire
.
Un jour le distributeur ne marchait pas
Il n'avait plus de billet
par contre je vis sur le net
que l'argent avait été retiré
de mon compte où je touchais
ma pension de retraite polynésienne
elle s'élevait à peu près à la moitié
du salaire minimum mbengété ...
Avec le net en ce siecle
on peut consulter son compte sans tarder.
.
Donc ce jour là pas de billets
mais tout de même deux tickets
Un pour m'aviser que l'argent avait été retiré
et l'autre pour certifier que je n'avais rien reçu ...
Vraiment la magie informatique est parfois rassurante
.
Comme au guichet on se désintéressait de mon cas
je demande à voir le directeur, il me reçoit
tres énervé, il fulmine contre je ne sais quoi
Il n'a pas de temps à perdre, il a des rendez vous importants
il appelle un auxiliaire, qui montre sur un rouleau de papier
que c'est vrai, mon argent a été retiré
et rien ne m'a été donné
Le directeur dit qu'il ne peut rien , je dois me plaindre à ma banque
à tous les coups on me remboursera
Et c'est effectivement ce qui arriva
La banque de Tahiti où les employés
sont toujours aimables et consciencieux
insista lourdement aupres de son correspondant Mbengété
qui lui même obtint le remboursement après presqu'une année
Cela m'arriva deux fois de suite, ce qui n'était pas pratique
car il fallait de l'argent pour manger et le loyer
et les retraits étaient limités.
.
Plusieurs années après il y eut une autre banque
où lorsque une telle erreur se produisait
elle était corrigée quelques minutes après
L'inquiétant c'était qu'elle ne donnait pas de ticket
mais on était tres vite rassuré.
.
.
Filola avait ouvert un compte à la banque d'Etat
où travaillait deux de ses oncles
l'un était donc maire et directeur, beau frère de son géniteur
l'autre était un employé, parent du côté maternel
Donc apres s'être fait escroqué ses petites économies
il avait semblé à Filola plus prudent d'ouvrir un compte
à cette banque , car on disait
que seuls obtenaient des visas mbengétés
les mékakos y ayant des réserves respectables.
.
Comme je me croyais riche
je versais là les économies de toute ma vie
en fait c'était dérisoire
néammoins avec le consul français en 2010 ce n'était pas la méthode
pour débloquer un visa .
Ceux qui en obtenaient sans faire partie de la caste
racontaient avoir versé toutes leurs économies
à des intermédiaires, je n'ai pas les moyens
de vérifier
.
Filola me rendit ensuite l'argent
qui servit quelques temps à nos dépenses
.
Une fois qu'elle eut vidé le compte Filola demanda au guichet
sa fermeture. Mais un an apres
un coursier lui transmis l'injection de payer
des frais exorbitants pour l'année écoulée
.
Le jour de la convocation, le grand homme était là
ainsi que des dizaines de clients
qu'il avait convoqués , tous croyaient
avoir fermé leurs comptes à cette banque.
Le maire directeur leur enleva cette illusion
Il commença par gronder ses anciens clients
Il fallait leur courir apres pour qu'ils payent leur dû
un compte c'est un privilège ce n'est pas pour les avares, les gagne- petits
Il traita de menteurs ceux qui disaient
avoir fermé le leur depuis des années
.
Lui, le maire banquier s'était renseigné
et si la somme exorbitante n'était pas vite payée
on allait bientôt saisir les biens et les terrains
ancestraux des clients endettés.
.
Une vieille femme s'avança et gifla le démon
Le grand homme appela directement
un garde armé en uniforme
et l'insolente fut jetée nue dans une cellule puante
au milieu des excréments jusqu'à ce que sa famille
emprunte de l'argent pour la faire libérer
.
Tous les anciens clients assemblés
savaient qu'il valait mieux payer
pour ne pas se retrouver en prison
où sans personne pour apporter une rançon
et de la nourriture
on pouvait mourir de faim ou de maladie.
Nim yéléphona pour négocier le litige
à son frere de lait qui était devenu policier
pas tres gradé, mais au Mékako
on respecte les gens légalement armés
.
Le tonton maire et banquier fut cette fois poli
Il expliqua que pour fermer un compte
il existait une procédure ad hoc, hélas
tout le monde l'avait ignoré
On ne fait pas n'importe quoi
quand on veut être respecté
.
Mais pour honorer la présence du policier frère de lait ,
pourtant pas encore gradé, mais sait on jamais
le démon diminua la dette de trois fois
elle s'élevait encore à un gros multiple
du montant des frais bancaires en pays Mbeng
Bref une fois la fausse dette payée
Filola alla voir l'autre tonton
auquel l'envoya le patron
afin que son compte soit fermé.
Elle voulut un certificat de fermeture
il répondit qu'on n'avait jamais fait ça
personne n'était habilité pour cela.
.
Un an apres néammoins le même coursier
vint lui porter nouvelle convocation ...
Ces gens là sont proches de la population ,
espions pour leur patron ils sont bien renseignés
Cette fois ci encore il y avait grosse dette
pour l'entretien d'un compte toujours vide.
il avait manqué une procédure pour le fermer
complètement;
.
Le propriétaire Alfonse de notre maison
me dit que cela lui était arrivé
il avait fait certifier par huissier
son désir de fermer son compte
au siège de la banque de la capitale
et là on avait cessé de lui réclamer
ces dettes tout à fait injustifiées
.
Un autre jour dans la queue derrière le distributeur
On se trouva devant le consul honoraire
de France au Mékako, on l'informa de ce qui s'était passé.
Il nous dit que la banque d'Etat était connue
pour ses irrégularités
Lui avant d'être consul honoraire avait dirigé
depuis trente ans des plantations d'huile de palme
Beau pays d'avenir, disait il, avec un peu d'argent
on peut monter une affaire rentable
avec des employés plus dociles qu'en Mbeng
et pour des salaires plusieurs fois inférieurs ...
"En pays Mékako on ne connaissait pas
l'assistanat "
.
il était dangereux de manifester
un syndicaliste avait été tué par balle
à Noel, aucun journal ne le rapporta
.
L'oncle banquier, maire et démon
avait deux femmes et plusieurs palais
l'un s'étalait sur deux cent metres à l'entrée de la ville
Toutes les portes étaient gardées
par des statues d'éléphant grandeur nature
accompagnées d'éléphantaux en stuc, leurs bébés ...
De l'art moderne international, puisque tout est art
bon ou mauvais, là n'est pas la question, il suffit
de pouvoir se justifier, donc d'être bien placé.
Chaque porte d'entrée dans ce palais
était surmonté de défenses de pachydermes en ivoire vraie ...
J'ai raconté cette mésaventure
après tant d'autres
pour expliquer pourquoi j'aurais préféré quitter le pays Mékako
avant d'être ruiné.
Et maintenant je ne vais pas abandonner Filola
du fait que me voilà aspiré
dans la spirale des casse têtes d'une afrique
tellement riche et de toutes parts pillée
Comme une araignée reconstruit sans cesse sa toile déchirée
l'artiste se consacre à répandre gaîté et lucidité
autant être achevé en riant lorsque tant
désespèrent pour de minuscules contrariétés
et au consulat nous ont fermé les frontières
comme si je n'étais plus français
et que les lois supposées nous protéger
moi et Filola que j'ai épousée
n'étaient faite que pour déguiser
la barbarie en civilisation ...
*
Filola (Nim) avec Dom le 12 décembre 2012
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