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    opus 579 : le roi, la princesse et le griot

     

    opus 579 : le roi, la princesse et le griot

     

    opus 579 : le roi, la princesse et le griot

    Godibon était  devenu le  roi de la tribu bakoko

     lors de l'enterrement en grande pompe de son prédecesseur

     

    lors de ses  premières funérailles 

     

    car il y en eut plusieurs dans ce pays  

     

    donnant  lieu à des banquets, des messes et des discours 

     

     

     

     

     

     c'est à dire des quelques villages

     

    où  les gens l' appelaient "Majesté ", en français

     

    sollicitant de temps en temps son arbitrage

     

    moins coûteux que celui du tribunal en ville.

     

     

     

    Je demandais à Nim pourquoi elle ne m'avait jamais  dit 

     

    qu'elle était princesse , nièce de roi.

     

     

     

    Elle me répondit : "mais c'est un fou qui se prend pour un roi !

     

    Lorsqu'il rend la justice , c'est  toujours en faveur 

     

    de celui qui l'a le plus payé"

     

     

     

    Utre princesse

     

    ce n'était pas une affaire du tout 

     

    et Nim ne mangeait rien ni rien ne buvait

     

    dans ces cérémonies  de village où elle devait assisté 

     

    sous peine d'être mise à l'amende par la communauté

     

    Elle avait en fait peur d'être empoisonnée

     

    car tout meurtre réussi c'est un esclave livré

     

    au pays parallele des zombis

     

    qui récompensent le meurtrier  en distribuant quelques chances ...

     

    Une fois  Nim avait posé sur le sol 

     

    l'assiette dont on l'avait honorée

     

    Le chien qui s'y régala expira peu apres  .

     

     

     

    Alors être princesse ça ne valait pas un clou

     

    au plus une étiquette flatteuse pour exposer une marchandise, 

     

    car les filles c'était cela, une promesse de billets pour les anciens 

     

    les hommes dans le pays s'endettaient pour les dots 

     

    et parfois à vie ...les femmes étaient si belles 

     

    et plus nombreuses que les hommes, il était légal

     

    d'en acheter plusieurs , cela faisait des enfants  et  évitait des frais 

     

    de main d'oeuvre dans les champs ;

     

    "Nos ancêtres furent sages d'instituer la polygamie"

     

    me sortit un employé de mairie

     

    " Ils connaissaient la vraie façon

     

    d'éviter le sous développement ! "

     

     

     

     

     

     

     

    Cela faisait déjà deux ans que je vivais avec Nimozette

     

    Je ne sortais jamais du coins  de plage et de jardin loué au nord de  la ville

     

     Elle racontait que j'étais parti en France puisque j'étais ruiné 

     

    Ils n'auraient pu imaginer qu'elle me nourrisse avec le peu d'argent qu'elle gagnait

     

    à coiffer  ses clients  selon les règlements 

     

    officieux pour les adultes à perruquer, officiels pour les enfants à tresser

     

     

     

     

     

    Les  vieux de la chefferie du village

     

    tous appelés oncles  car frères du père de sa mère

     

    revendiquaient désormais  l'application des lois traditionnelles

     

    l'organisation des noces selon ce qui leur paraîtrait souhaitable et raisonnable

     

    et chacun selon son rang aurait droit au partage

     

    de la dot, ils avaient même trouvé

     

    de riches corrompus prêts à débourser 

     

    une dot royale que je n'aurais jamais pu payer

     

     

     

    Les oncles  de nim étaient aussi appelés notables 

     

    même dans la ville où de nombreux membres de la tribu était installés

     

    et ces vieux là se sentaient le droit de squatter 

     

    toute maison  de ces gens qui avaient encore 

     

    des terrains  et des maisons  à protéger au village;

     

    Le grand pere Vincent avait des kilométres de champs et de forêt

     

    et il venait avec ses frères en ville  collecter de l'argent

     

    pendant que son voisin dans la campagne  le cambriolait 

     

    et découvrait la cachette de ses reserves secrètes de billets ;;;

     

     

     

    D'abord les notables avaient refusé de croire que j'étais parti ...

     

    Ils étaient venu loger dans la maison peinte en bleue

     

    chez Bombo  la grand mere de Nim qui depuis longtemps 

     

    avait remboursé sa dot pour pouvoir divorcer;

     

     

     

    Là Nim avait grandi  avec les nombreux enfants 

     

    que les mâles dominants  avaient abandonné à leur sort 

     

    et en ces temps où je me cachais 

     

    c'est  dans cette maison qu'il s'étaient installés

     

    toute la journée à regarder la télé en palabrant ...

     

    Or ils voyaient bien que Nim, apres son travail ne rentrait jamais dormir

     

     

     

    Ils entreprirent de la suivre à la fermeture de son salon de coiffure

     

    Nim avait tout prévu, aussi elle se dirigeait donc  d'abord 

     

    vers le logis  familial de  sa meilleure amie des temps lycéens  et là

     

    c'était une autre tribu, les notables n'avaient pas autorité pour entrer

     

    Ensuite apres avoir un peu bavardé avec sa copine, elle me rejoignait

     

    les anciens finirent par être convaincus que j'avais quitté le pays 

     

    Il leur parut facile maintenat de la marier 

     

    au plus offrant ...

     

     

     

     

     

    Aussi un jour ils décidèrent de venir saisir Nim par la force

     

    Ils avaient un grand époux   à lui proposer

     

    ce qu'on appelle un grand homme  dans ce paysage ,

     

    et qui allait leur rapporter plusieurs millions, les coutumes sont sacrées;

     

     

     

    Le jeune frere de Nim , à peine sorti de l'adolescence et pêcheur de son métier

     

    s'interposa pour empêcher  le rapt , et  l'un des vieux bousculé

     

    perdit l'équilibre et s'assomma lui même 

     

    en cognant sa tête sur un angle de la maison bleue

     

     

     

     

     

    Lorsqu'il reprit connaissance il cria "au voleur"

     

    Soi disant une chaîne en or lui avait été dérobée

     

    il porta plainte pour vol , coups et blessures

     

     

     

    Le juge , ayant ouï dire que Nim était avec un blanc

     

    lui proposa d'arranger l'affaire contre beaucoup d'argent

     

    Cela acheva de me ruiner, et Godibon accepta de retirer sa plainte, 

     

    lorsque le magistrat fit miroiter une grosse indemnité

     

    pour la perte de ce collier que nul n'avait jamais vu

     

     

     

    on obtint pour ce prix  qu'on lui interdise 

     

     de revendiquer désormais une dot pour Nimozette ;;;

     

    En ville les hiérarchies tribales n'avaient plus force de loi

     

    les tribunaux , les uniformes et les costards avaient pris le relais

     

    du monopole pour racketter la population

     

    Les anciens rois de village n'étaient plus 

     

    dans cette république Mékako 

     

    qu'un sénat consultatif de sages

     

     

     

    L'oncle Godibon du donc renoncer 

     

    à ses revendications sur le destin de Nim

     

    il se consola  en pensant que ses petites soeurs grandissaient vite 

     

    et seraient très bientôt en âge d'être négociées

     

    là le magistrat n'avait formulé aucun interdit

     

    peut être dans l'espoir plus tard d'un nouveau fromage

     

     

     

    Godibon maugréa en regrettant le temps 

     

    où les filles rebelles étaient vendues comme esclaves

     

    aux voyageurs armés blancs ou arabes

     

    qui faisaient ce trafic sur la côte ou à l'intérieur des terres

     

     

     

    Il y avait eu l'alternance en France,

     

    Sarkozy avait perdu les élections, et Godibon le regrettait

     

    et se demandait comment les français  avaient pu 

     

    répudier un si grand président

     

    qui se disait de la famille des chefs noirs ses alliés

     

    et qui savait réglementer encore plus efficacement  le mariage des gens

     

    "chacun chez soi, et les chèvres seraient bien gardées !"

     

    Les frontieres ce n'était pas pour les notables méritants 

     

    mais pour le respect des vraies coutumes et   vrais autorités légitimes 

     

     

     

    néammoins  sarkozy avait perdu les élections, 

     

    et Nim et moi avions dans la foulée obtenu du consulat français 

     

    le droit de nous marier

     

     

     

    Il faudrait ensuite fournir des photos de la cérémonie et de la réception,

     

    pour prouver que ce n'étaient pas des noces en catimini

     

    juste pour demander un visa et polluer la France 

     

    par ce que Sarko avait appellé les mariages gris, l'immigration subie

     

     

     

    Mais d'abord il fallait publier les bans 

     

    pour décrocher le certificat de non opposition

     

    il fallait éviter  que le roi Godibon, 

     

     persuade ses notables 

     

    de s'opposer  au mariage le jour de la célébration à la mairie

     

    Il n'avait  certes plus le droit de le faire officiellement

     

    mais  n'importe quel prétexte était bon pour retarder la procédure

     

    de quelques années,  et s'il fallait encore faire un proces

     

    il savait qu'il serait moins coûteux de subventionner ses affidés

     

     

     

     

     

    Par chance , lui et les autres sages comme on appelle les anciens 

     

    étaient scotchés du soir au matin , sauf les jours de chasse

     

    devant la télé

     

    C'est là que Godibon exerçait sa royauté 

     

    car forcément  il avait le dernier mot, vu son titre

     

    sur le choix de la chaîne à visionner 

     

    et c'est là qu'il rayonnait de ses commentaires

     

    sur l'actualité internationale

     

     

     

    Godibon étant retourné sur ses terres, il était  donc peu probable

     

    qu'il se promène devant la mairie où les bans venaient d'être publiés

     

    mais comme s capacité de nuisance n'était pas épuisée

     

    on était tout de même un peu inquiets d'avoir à emprunter

     

    encore un peu d'argent pour de nouveaux rackets 

     

     à mon ex épouse christine qui était sur ce plan bien limitée.

     

     

     

     

     

    Mais le jour où les bans furent publiés  

     

    Godigon était  en fait parti à la chasse avec sa carabine

     

    Il  avait commençé par inspecter les nombreux pièges 

     

    qu'il avait installés dans la forêt

     

     

     

    Dans l'un d'eux un lièvre s'était pris 

     

    mais coincé seulement à l'oreille, 

     

    et quand il vit 

     

    le roi Godibon III s'approcher de sa proie

     

    le lièvre eut si peur qu'il s'arracha au piège 

     

    en y laissant quelques centimètres de chair et de poils

     

     

     

    comme l'animal perdait son sang, Godibon 

     

    put le suivre à la trace, en courant

     

    Bientôt le gibier s'épuiserait, on en ferait un civet

     

    mais voilà qu'il s'enfonçait dans des buissons de plus en plus épais

     

    peut être que son plan était de mourir en paix

     

    tellement bien caché que son corps serait perdu pour la marmite

     

    Et en plus le soleil allait bientôt se coucher

     

     

     

    Mais  voilà que Godibon trébuche 

     

    sur la carapace camouflée par les herbes 

     

    d'une grosse tortue, qui elle ne prend pas la fuite...

     

     

     

    elle rétracte sa tête et ses membres à l'intérieur de son armure

     

    et pendant qu'elle se sent dans une sécurité complete

     

    Godibon la fait  glisser dans son grand sac !

     

    Joyeux iIl remercie joyeux le diable qu'il appelle Bon Dieu

     

    de lui avoir fourni une compensation délectable de chasse

     

     

     

    Il est maintenant temps de rentrer au village

     

    Godibon  siffle , se sent heureux  mais dans son euphorie

     

    il met son pied dans un piege qu'il avait lui même posé 

     

    pour atrapper une grosse bête, antilope ou sanglier

     

     

     

    C'est un piege conçu avec un arbre appelé arbre nylon

     

    un arbre assez élastique  pour qu'on puisse le coucher au sol

     

    et le maintenir là avec de petits rochers 

     

    qui ne rouleront dans un trou que lorsqu'un animal mettra le pied

     

    dans un lacet de fil de fer

     

     

     

    Alors voilà que l'arbre se redresse

     

    et que Godibon III reste supendu par le pied

     

    la tête en bas, pour toute la nuit

     

     

     

    Il crie , mais le village est loin,  bientôt l'obscrité est complète

     

    Seule consolation, aucun fauve  ne peut l'attrapper

     

    il ne git ni au sol ni sur une branche

     

    il est juste suspendu par le pied 

     

    au bout d'un fil de fer qu'il n'arrive pas à sectionner

     

     

     

     

     

    la tortue s'est facilement évadée du sac tombé à sur la verdure

     

    ce sac Godibon  le tenait à l'épaule sans l'avoir même noué 

     

    tellement il n'imaginait pas qu'une tortue

     

    puisse  un jour s'échapper 

     

     

     

    Par chance pour godibon III, le lendemain matin

     

    un autre chasseur, un de ses sujets

     

    passa par là et décrocha son roi 

     

     

     

    Le fil de fer avait atteint l'os du pied qui saignait

     

    et Godibon du coup avait tres mal en marchant

     

    Il resta assis devant la télé 

     

    pendant tout le temps  de la publication des bancs

     

    et arrêta  de nous tourmenter

     

     

     

    C'est le grand père Vincent qui prit le relais 

     

    cette fois avec  ses talents de grand sorcier

     

    mais c'est un autre  épisode  que je raconterai

     

    un autre jour, car il parait

     

    que mes poèmes sont trop longs, je dois avoir pitié

     

    de mes lecteurs  , et ne pas décourager

     

    les bonnes volontés de ceux 

     

    dont les paupières ne sont pas trop lourdes d'avoir à écouter

     

    mes infos  de griot catalytique 

     

    non patenté et ruiné

     

    malgré des investissements avisés

     

    vu que  les dés étaient pipés

     


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  • Ceci est la version 13. La version 12  est en fait le récit en prose de cette rencontre, inséré parmi d'autres récits, sous le titre "Les statues du roi mantoum et autres contes invraissemblables", aux anciennes  "éditions à l'écoute", partager : http://oriata.blog4ever.com/blog/lire-article-515069-9647896-d_o_tron___les_statues_du_roi_mantoum____autres_co.html

     

     

     

     

     

    opus 578  : LE TIREUR D'ELITE

     

    opus 578  : LE TIREUR D'ELITE

    opus 578  : LE TIREUR D'ELITE

     

     

    Je l'ai rencontré sur la plage sous les tropiques

    ce petit bout de plage d'où je ne bouge presque jamais 

    ce jour là  je jouais de la musique devant la maison que je loue,

    quelques promeneurs juvéniles à la peau noire

    s'étaient assis devant moi et  tapaient dans leurs mains ...

     

    Lui c'était un vieux blanc avec un regard d'enfant perdu

    il habitait un peu plus au sud sur ce rivage ...

    Il était en ménage avec une femme noire  

    .

    .

    Puis le soleil se coucha, les badauds se dispersèrent

    Lui seul resta assis sur un bout de bois, je l'interrogeais

    Il m'apprit qu'il avait vécu longtemps au pays Mékako

    c'était lui le patron  jadis du restaurant Fleur Marine

    Maintenant il l'avait vendu, ouf ;

    sur ma demande il m'expliqua pourquoi

    .

    .

    Un jour où il pleuvait beaucoup, son resto était plein 

    de jeunes blancs  recrutés par l'empire Mbeng

    pour le tenir au courant du congossa, ce qui se racontait

    dans chaque province de l'immense pays Mékako.

    Fumeurs de joints désargentés, presque repentis

     pour beaucoup sauvés de la prison

    ils bénissaient l'aubaine de la réhabilitation

    ils étaient presque devenus  agents secrets BCBG

    sans pouvoirs particuliers  à part d'informer,

    c'est que leurs bienfaiteurs voulaient  vraiment tout savoir.

    .

    .

    La joyeuse horde  déglinguée d'anciens marginaux

    venait de débarquer ils étaient tous assis

    autour des tables rondes face à la mer ;

    ils se régalaient dans le resto de René 

    de bière , de café et de poisson braisé

    La pluie était épaisse  et ne cessait jamais 

    Elle dressait  muraille autour de la ripaille

    et semblait protéger, ou assigner à résidence

    Peu importe, la vie était enfin facile à gagner

    .

    .

     

    Malgré l'orage quelques 4x4 vinrent se garer autrour de la bâtisse

    ces ckients nouveaux auraient du téléphoné

    ils auraient su que dans ce troquet qu'il n'y avait plus 

    de quoi  s'asseoir pour passer le temps et consommer ...

    .

    .

     

    Hélas en fait les visiteurs

    étaient armés de mitraillettes

    C'étaient  de vrais bandits sans scrupules et tres entraînés

    donnant tres vite l'ordre à tous de s'allonger sur le sol

    ils semblaient même au courant de l'arrivage de 

    ces agents secrets marionnettes même pas armés

    "sortez vos portefeuilles  on va les ramasser"

    Et pour René : "ouvre nous bien ton tiroir caisse

    ton coffre , et vide aussi tes poches"

    .

    .

    La femme noire de René voulut résister

    elle réchignait à retrouver la clé, alors

    d'un coup de crosse elle fut assommée

    en rigolant par le chef de la bande armée.

    René sans attendre donna tout ce qu'il pouvait .

    Néammoins  il reconnut sans hésitation  le chef de bande

    c'était le fils d'un général de la milice présidentielle

    .

    .

    De la où on nous étions  assis face au soleil qui rougeoyait

    sur la ligne d'horizon

    devant les îles et les plate formes pétrolieres 

    on voyait très nettement  le palais du blanc mbengété

    qui commandait la garnison  du président,

    la garde républicaine plus peuplée que l'armée elle même

    Bientôt des milliers de lampes allaient s'éclairer

    sur les murs, les balcons et les jardins

    et de l'autre côté le roi du pétrole et de la pompe à eau

    allumerait aussi des projecteurs qui balaieraient la plage

    On ne lésine pas avec la sécurité

    Il suffisait d'avoir des générateur de courant et du pétrole

    pour pallier aux pannes d'électricité publiques

    .

    .

    René m'apprit qu'il avait longtemps été 

    un barbouze ,et  maintenant il était  retraité.

    Il connaissait tous ces gens là, des bons vivants

    qui ont mille prétextes pour assassiner, soldats fidèles

    la crème de l'élite, généraux colonels

    des bantoustans mékako et de l'empire mbengété

    René connaissaient même leurs rivalités

    lorsque par jalousie ils se sabotaient

    leurs hélicopteres, la vie est éphémère

    Lui même on l'avait fait passer pour un mercenaire

    alors qu'en fait il était militaire et fonctionnaire, agent secret

    .

     

    Fixé au Mékako  où il avait sa femme couleur d'ébène

    Elle aimait ardemment se faire sauter

    Avec elle il ne craignait pas la panne

    C'était une femme  enthousiaste et pas compliquée.

    .

    .

     Mais alors qu'il venait de prendre sa retraite

     l'empire Mbeng tomba pour une durée indéterminée

    sous la férule du démagogue Boxa, dit le nabot

    .

    .

    Des lors presque tous les visas étaient refusés aux femmes noires

    à part celles de la caste des méritants de l'économie ou de la politique

    racketteurs de la populace, hauts fonctionnaires ,porteurs d'uniforme

    fidèles auxiliaires du pillage des matieres 

    des grands horizons Mékako par l'empire Mbeng

    et tous ceux que les soi disant démocraties arrosaient

    pour s'en  faire des complices à coup de rétrocommissions

    .

    .

    les assemblées de Mbeng votaient des aides au développement

    pour le Mékako, sans rien vérifier

    c'était fini le temps des colonialistes...

    Devant les utopistes, Boxa le certifiait

    Tout ce qu'on dit sur ses méfaits nul ne pouvait le prouver

    ce n'était donc qu'imaginaire !

     

    .

    .

    Mais maintenant  René avait la rage contre Boxa

    le  démagogue qui mentait comme on respire

    sans respecter les femmes des sans grades

    désormais  comme lui même sans utilité 

    pour les armées  et le rang de Mbeng à l'étranger

    .

    .

    Boxa, disait René, est un bandit , il pouvait le prouver

    mais là dessus seuls le croyaient les autres témoins

    Les autres témoins criaient au blasphème , ironisaient

    sur ses fantasmes pessimistes et conspirationnistes.

    .

    .

    Boxa trempait sa langue  dans toutes les idéologies

    de droite , de gauche et du centre , amis de tous

    communistes, capitalistes, dévôts,

    tous il les débarassereait de la racaille

    des gens qui blancs ou noirs s'entassent dans les banlieues

    pour  dénigrer la patrie des droits de l'homme  et les valeurs chrétiennes.

     

    Boxa, c'était le fascisme new look, champion d'illusionnisme

    Quel métteur en scène, quelle modernité je l'avoue 

    et quel humour, le grand frere, sa femme dans les journaux faisait l'éloge

    De sa grande humanité, mais c'était un démon

    Elu pour éponger les dettes de l'Etat  , il les multiplia

    et quoiqu'ayant promis la fin des paradis fiscaux

    pendant son tour de piste, il y plaça une fortune

    .

    .

     

    René avait la rage, impossible pour lui

    de voyager avec sa femme au pays Mbengété

    Il y avait  famille, amis , des enfants , même  un verger ;

    Il  était né là bas , s'était battu pour son drapeau

    et voilà qu'il ne pouvait montrer la  patte blanche

    de son épouse traitée comme une pute immigrée

    alors que les vraies putes continuaient à passer

    car à tous les échelons elles étaient rentables

    c'était la loi du marché.

    .

    .

    Du coup, René avait pris sa carte

    de la ligue internationale des droits de l'homme

    et sa rancoeur était telle qu'il s'était mis à déballer 

    son histoire d'ancien barbouze repenti et retraité

    .

    .

    Il me certifia avec ardeur avoir observé, aux premières loges

    d' honorables politiciens et ministres

    blancs ou noirs du Mékako ou de l'empire Mbeng 

    toucher de grosses liasses de la mafia sans frontieres,

    des  malfrats  prêts à tuer autant de gêneurs qu'il fallait

    pourvu qu'en pays libre ils se sentent protéger

    .

    .

    Et toi , lui demandais je, alors tu bossais

    pour ces gens là peu recommandables peu recommandable ?

    .

    Il répondit : voilà comment ça s'est passé

    je faisais mon service militaire

    comme tous les jeunes gens de mbeng  pendant un an à l'époque

    et j'étais un championde la gachette

    champion de tir  de loin comme de pres

    jamais je ne ratais le centre de la cible

    même par grand vent je savais d'instinct ajuster

    et sans lunette, bref  au pistolet j'étais doué

    .

    moi même je n'en savais rien avant d'être envoyé

    aux entraînements de tir, cela venait tout seul

    Quand les gradés virent ça, ils trouvèrent dommage

    que mes talents se gâchent dans d'autres corvées

    j'étonnais par mes capacités à viser juste sans tarder

    et je fus assigné au service d'action civique

    animé en ces temps par le parrain du nabot Boxa.

    .

    .

    J'étais parmi ses gardes du corps, l'accompagnait partout

    Dans  les meetings où il promettait à la foule

    de terroriser les terroristes, et d'éradiquer les malfrats

    mais ses campagnes électorales étaient en grande partie

    financées par les mafias. J'étais aux rendez vous 

    où se comptaient les billets dans les valises

    ces gens là fraternisaient gentiment, la bonne humeur régnait.

    .

    Et toi, demandais je, ça ne te gênait pas ?

    .

    Tu sais, répondit René, j'étais jeune et militaire

    On m'avait raconté que pour servir notre  beau pays Mbeng

    il fallait des gens comme moi qui sachent bien tirer

    j'étais casé dans un boulot en or sans  fatigue

    et j'avais accepté que les gens haut placés

    savaient ce qu'ils faisaient ...Ils expliquaient :

    comment supplanter nos ennemis, ces barbares

    sans jouer sur le même registre, on n'allait pas devenir

    un pays d'esclaves piégés par l' imprudence

    la civilisation , n'en déplaise aux rêveurs

    ne pouvait se défendre qu'avec les méthodes adaptées 

    aux réalités géopolitiques sans pitié !

    .

    .

    Alors, continuais je, c'est ainsi

    qu'on t'a envoyé travaillé en Afrique  ?

    Oui, car là aussi il y avait des valises de billets

    l'aide au développement pour les présidents du mékako allié

    les rétro commissions, tout cela est vrai

    et moi j'étais dans une équipe missionnée

    pour accompagner et protéger les bureaucrates

    chargés de faire disparaître toutes les traces.

    .

    Tu veux dire, insistais je, pour tuer ?

    .

    mais bien sûr qu'il me fait, mais en dernier recours

    et devant le bon Dieu j'étais pas reponsable

    on me trompait, j'obéissais aux ordres , hypnotisé

    et sans mes pistolets j'avais peur de la misère

    néammoins ont tuait le moins possible

    car les morts ça se voit, alors que les papiers 

    on peut les brûler et transformer alors chaque opération

    en fiction , car aucun journaliste ne pourra rien prouver ...

    on ne tuait que lorsque c'était inévitable ...

    .

    En fait dit il encore, sais tu qu'au mékako

    80% de l'économie publique et privée

    appartient aux grands patrons mbengétés ?

    Tous ces gens qui orchestrent la coupe du bois et les forages

    les plantations pour l'huile de palme et tout ce qui a un prix 

    ce sont eux mêmes  des agents secrets , ingénieurs en minerais

    et autres spécialistes , avec doubles casquettes

    tous défenseurs comme moi même de la civilisation mbengété

    quand on est jeune et bien payé, on croit à toutes les sornettes !

    .

    .

    Le soleil se couchait orange et je m'étonnais 

    car quelques semaines auparavant une des plate formes pétrolieres

    avait pris feu, c'était énorme, cet incendie sur la mer.

    de gros bateaux aveient convergé sur les lieux et finalement tout éteint.

    En une nuit  ils avaient emporté même les piliers

    Et le temps d'une autre nuit, quelques semaine après

    Une nouvelle plate forme avait été érigée

    René m'expliqua qu'avec la technologie

    On fait désormais des miracles

    d'énormes navires peuvent rapidement dépliers

    Des îles flottantes sur les hauts fonds gorgés de pétrole.

    .

    .

    Pendant ce temps là les peuples du continent Mékako

    survivaient dans la précarité, mais heureusement 

    il y avait la chasse , la pêche et les jardins 

    et nous étions  bienvenus , nous les investisseurs mbengétés

    l'homme blanc suite aux indépendances était sacralisés.

    .

    Alors les habitants du Mékéko rêvaient des villes de l'empire Mbeng

    là bas même sans un sou on te soignait dans les hopitaux 

    les méritants  en uniforme ou en costard n'étaient pas autorisés

    à racketter le peuple par des chantages toujours renouvelés

    .

    Beaucoup fuyaient lles tropiques d'enfer par la mer 

    quitte à en périr d'une simple tempête

    ah quoi bon vivre encore en esclave du diable

    Là bas de l'autre côté de l'océan on fait de la publicité 

    pour le Bon dieu, la vraie démocratie, les droits de l'homme !

    .

    on ignorait que  le président Boxa faisait voter des crédits

    pour que les patrouilles mékakos à quelques encablures  du rivage

    arrêtent  les fuyards qui se rêvaient en immigrés

    Non le bétail ce n'est pas sa place, on ne peut pas 

    accueillir toute la misère du monde

    .

    .

    l'assistanat c'est l'héritage coutumier des mbengétés

    Débrouillez vous , les paresseux, avec vos rois nègres

    Eux seuls désormais et leur escorte auraient des visas pour voyager

    et même la médaille de la légion d'honneur mbengété

    car ils apportaient dans les banques   pour le faire fructifier

    A l'abri. Imitéz les pour devenir civilisés

    .

    .

    Du coup il se disait chez les Mékakos gravement désargentés

    que le bon Dieu les avait abandonné

    pour réussir il fallait devenir un bandit ou un militaire

    l'argent inspirait seul le respect

    quelle que soit la méthode pour le gagner

    Les blancs et les chinois sablaient le champagne avec les gradés noirs

    le mékako est un pays d'avenir

    Pas de charge sociale à payer

    C'est un modele de liberté

    on nous laisse devenir riches sans nous taxer

    il y aurait surement  des retombées 

    apres cinquante ans pour les dehérités

    mais pour l'instant les prix devaient encore augmenter

    Pour survivre nombreux étaient les prostitués

    de corps , d'esprit et d'espace tems, c'était inévitable,

    soyons réalistes la jungle est pleine de chasseurs

    l'homme est mauvais et les utopies sont meurtrieres

    sans exceptions , les idéalistes

    à leur tour traitront pire encore, comme des capitalistes ...

    Chacun dans son enclos et les vaches

    seront bien gardées

    .

    .

    Et, demandais je à René, c'était dangereux , ton métier ?

    Pas vraiment qu'il répond, car on avait les  armes 

    Les gens réfléchissent avant de s'occuper de nos affaires

    et renoncent, mais une fois c'est vrai j'ai failli clamser

    C'était quand j'escortais  le parrain de Boxa, alors ministre de la Police ...

    .

    Le grand homme venait à peine d'entrer dans sa limousine

    qu'on se trouve encerclé par des hommes armés et cagoulés

    c'était en Mbeng, sur un parking de la capitale

    là on était fait comme des rats,

     ils nous sont tombés dessus et ils tapaient

    la secrétaire du ministre a eu le cou bien amoché

    Jusqu'à ce jour elle porte encore une minerve

    .

    Moi dit René, j'avais sorti en un clin d'oeil mon arme et je tirais

    tous les gardes du corps on était colles contre la carosserie de la voiture

    pour protéger le ministre assis derriere le chauffeur

    on faisait un rempart de nos corps , en vrais soldats idiots et dévoués au diable

    ce qui  qui nous a sauvé, c'était qu'on était des as de la gâchette

    le commando masqué pouvait taper sur ceux qui nous accompagnait

    mais nos balles les ont fait déguerpir rapidement avec leurs morts et leurs blessés

    On n'a jamais su si ces gens là étaient d'une milice

    de nazis , de marxistes ou de salafistes ou autre chose encore.

    En fait ça ressemblait à une expédition punitive.

    Peut être un potentat grugé, un contrat pas honoré

    C'est parfois cela les attentats terroristes

    dans ces cas là pas de pitié pour le personnel , les intermédiaires

    puisque les hauts responsables, eux , restent protégés;

    .

    .

    René me dit : maintenant ma vie a changé ...

    J'ai bien vendu mon restaurant, c'était trop risqué

    Comment faire le poids face aux bandits bien organisés

    quand ils se fournissent en munitions dans l'armée ?

    Le fils du général a été plusieurs fois arrêté

    mais son père a toujours réussi à le faire libérer ...

    Les barbouzes de Mbeng qui entrainent la garnison

    ne se mêlent que des missions qu'on leur a données

    chacun reconnait qu'avec les soi disant mercenaires blancs

    Les coupeurs de route se sont raréfiés

    cela fait de la publicité pour les blancs

    Les  hommes de main surv place on ne peut pas les contrôler

    Il y a juste une limite à ne pas dépasser

    pour que la population se sente protégée

    faut bien que quelques uns aient le droit de tuer

    pour éviter le chaos généralisé.

    .

    .

    Puis tu sais , il est fort le président Mékako ...

    Dans le delta du fleuve il y a une guérilla indépendantiste

    qui revendique  la zone pétroliere, elle leure suffirait

    ils sont financés par on sait quels concurrents,

    peut être d'autres banquiers de Chine , d'Arabie ou d'Inde, comment savoir

    ou quelque bande tribale assoiffée de rançons...

    Parfois ils ont pris en otage des cadres mbengétés

    Leurs ouvriers mékakos ils les ont directement fusillés

    Personne dans les journaux n'en a jamais entendu parler

    même dans les pays où les informations sont autorisées

    Pourtant y eu de morts, et même juste là

    sur cette plage où tunabites  j'ai vu un jour en me promenant

    Des cadavres roulés par les vagues

    ils étaient boursouflés on les a évacué.

    .

     

    Maintenant il est interdit d'approcher les plate formes sur la mer

    Les pêcheurs peuvent prouverqu'ils ne sont pas terroristes 

    en évitant de vivre aux dépens des  poissons dans ces parages.

    .

     

    Il est fort, le président Mékako, l'autre jour il a expulsé

    du pays un blanc qui photographiait son palais

    c'est un droit réservé à son biographe, un agrégé mbengété

    qui fait son éloge sur les médias du monde entier.

    Le président est un vieux sage, c'est le message  qu'on veut faire passer

    c'est un modéré vu qu'il n'a pas fait enfermer

    sa femme principale qui par jalousie l'a giflé

    lui il s'est contenté d'en rigoler

    devant les caméras, tous ses pairs

    louent ses qualités sur la planète

    .

    .

    Lui il dit à la télé qu'il est garant de la paix

    Partout ailleurs on s'étripe, on se bombarde

    guerres tribales , meurtres planifiés confiés à des drônes

    alors qu'aiu pays Mékako depuis son coup d'etat règne la paix.

    .

    .

    il y avait même un vieil homme  qui avait rêvé 

    qu'il devait en remerciement se présenter au palais

     pour offrir sa chasse du jour au président bien aimé.

    Voila qu'il se présente avec une antilope

    encore jeune et depuis peu décédée 

    mais les gardiens ont pour mission de barrer l'entrée

    n'importe qui de gentil peut être un terroriste déguisé

    alors ils tabassent le rêveur copieusement et bien

    .

     

    Heureusement de son salon  de son salon entend crier

    alors il rapplique, fait demander

    explication pour le rafut qui a troublé sa sieste

    On lui apporte alors l'antilope sacrifiée

    Le président est ému; il invite le généreux donateur

    il lui fait servir la bière et le café

    il lui demande de pardonner 

    à ses cerberes, ils sont payés pour ça ,

     faut comprendre ils sont missionnés

    pour défendre la paix contre les mauvais et les rusés

    il console le vieil homme, et pour l'indemniser

    va chercher dans son coffre scellé dans le mur 

    une bourse de pièces d'or , de quoi payer

    La dot de chacun de ses enfants mâles

    généreusement, de quoi  leur acheter

    les plus belles filles de la cité parmi les plus riches.

    .

    .

    Bien sûr qui pourra dire si ce récit est vrai

    On raconte tant de choses, et chacun croit

    ce qu'il a envie de penser, quand aux faits

    depuis des siecles ils sont falsifiés

    on fait passer le mensonge pour la vérité

    et les témoins honnêtes sont persécutés

    pour calomnie, et même à l'occasion suicidés

    ou accidentés, voire  empoisonnés

    avec des poisons difficiles à déceler ...

    Même les dictatures se recyclent dans ces procédés

    Fusiller nuit à la réputation des chefs ...

    Qui va prouver si la démocratie est authentique

    ceux qui ont des ennuis sont dits les avoir chercher.

    .

    .

     

    Y voir tres clair de loin est un talent apprécié.

    Circulez, y a rien avoir , c'est de la poésie

    de la perte de temps ,

    les gens sérieux ne ridiculisent pas 

    à accorder de l'importance à ces gens qui se prennent pour poètes

    platon a dit qu'il fallait les chasser de la cité !

     

    .

    .

     


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    D.O.Tro, : GERONIMO ET JULIETTE

     

    opus 380 : GERONIMO ET JULIETTE

     

    opus 380 : GERONIMO ET JULIETTE

     

    Toute existence  est un opéra

    poème  chargé de sens

    ou insignifiant, 

    selon le jugement de l'animal  qu'on rencontre

    selon qu'il a des oreilles ou pas,

    fourmi, scorpion, moineau, oiseau de paradis ...

     

    Toute existence est jeu de vérité.

     

    Pour comprendre le mode  d'emploi , 

    de la vie , faut rester véridique

    On ne se sauve que par là, mais qui croire ?

    Nos sens parait il sont eux aussi trompeurs

    le cheval voit l'homme deux fois plus grand

    et le faucon  le voit  d'au moins deux fois plus loin...

    mais peut être qu'ils ne voient qu'eux mêmes ?

     

    Il n'y a que le vrai con qui jure sur la tête de son prochain

    que toute maltraitance sur cette terre est à l'endroit

    et que sont aventuristes les utopistes qui la voient

    à l'envers ...

     

    Ainsi   chacun porte avec lui  sa provision de vérité ...

    Il serait prudent d'en douter , comme d'une hypnose ...

    Il y a la vérité des pâquerettes, belles mais piétinnées

    et la vérité des crocs du lion et de la hyène .

    Eux, dit on aux enfants, savent se faire respecter.

     

    J'ai fait un rêve cette nuit, la vie humaine était un voyage

    j'étais parti avec ma famille sur un bateau,  

    qui faisait sans cesse le tour du globe terrestre, 

     ma famille, ces boules sur patte ne débarquaient nulle part

    mais  prenaient  des photos du paysage

    et moi j'avais joué la carte du pingouin solitaire :

    j'avais plongé dans l'océan, en principe pour rejoindre le rivage

    mais fatigué de ne pouvoir jamais atteindre ce mirage

    je m'étais retrouvé, en sueur, sur un morceau de glace

    très provisoire , car il fait chaud sous les tropiques

     

    Heureusement je repris ma  nage , et épuisé

    j'avais finalement abordé au froid  pays où mes ancêtres 

    m'avaient donné rendez vous,

    à Vérone, m'avaient ils dit, souviens toi

    la ville de  Juliette et de Roméo

     

    Dans le temps de mon rêve, Vérone n'était plus qu'une gare de triage

    Les gens couraient à droite à gauche, plié dans des vêtements étroits 

    qui les protégeaient des gerçures car dans ce monde là

    c'était clair, il n'y avait presqu'aucune chaleur humaine

    celle des coeurs, 

    mais il y avait quand même le souffle chaud du bétail

    qui court à la recherche de ses maîtres

    pour des corridas fantômatiques

    et une auge pleine à ras bord

    de bananes coupées en républiques bananières ...

     

    Les trains se croisaient à Vérone

    et je ne savais plus où aller, dans quel wagon monter

     

    Je me dirigeais donc vers le bureau des employés en uniforme

    Là je trouvais une espèce de jeune boule sur pattes

    qui me promit de me renseigner

    à condition que j'embrasse son front.

    Etait ce un homme une femme, je n'en sais rien

    Je voyais juste sa grosse tête aride de monstre

    et je sentais le désespoir de sa laideur et de sa solitude

    et même que c'était un choix de vie

    pour échapper au sort des oiseaux migrateurs

    pourchassés par les chasseurs...

     

    Résorbant mes sens en un espace où ils s'effaçaient

    je déposais mes lèvres insensibles sur cet eczéma en uniforme

    croyant payer le prix obligatoired'un renseignement utile

    dans un monde de fous où j'étais apparemment  délesté 

    de toute autorité, même sur mon destin ...

     

    je voulais seulement m'échapper, connaître les destinations

    des rails et des locomotives

    et ,je ne sais pourquoi ,retrouver ma famille

    alors qu'il était clair qu'elle n'allait nulle part et qu'elle était partout 

    tellement prudente , appliquée à se protéger du danger

    comme des cancrelats  dans un pot de confiture

    avant de se faire écraser par la ménagère ou un pompier serviable.

     

    L'adolescent à grosse tête remit sa casquette officielle

    et m'intima d'aller payer mon dû à son collègue,

    un moustachu en uniforme qui ne demandait que de l'argent

    je payais mon ticket comme tout le monde

    mais voilà je ne savais même pas 

    pour quelle destination j'avais le droit d'embarquer 

     

    Le fonctionnaire énervé par mes questions

    me répondit que je n'avais qu'à faire

    comme tous les italiens de la Terre...

    ils se débrouillaient bien, eux, de trouver leur chemin

    une fois qu'ils avaient acheté le ticket !

     

    Un voyageur  qui passait par là me souffla à l'oreille :

     monte dans le premier train venu 

    et descend à " Cassepas" ...

     

    Là du coup je me souvins

    de ce qui m'avait emmené à Vérone

    Une cousine avait visité le député de son quartier

    un ancien judoka pour qui elle votait

    quoiqu'il lui paraisse à moitié mafiosi

    mais elle se sentait protéger par ses idéaux

    puisqu'il faisait des lois pour décréter étranger

    tout enfant qui ne serat pas né de parents français

    il voulait en finir avec le droit du sol

    et tous ceux qui autour de lui  qui prêchaient

    pour l'exclusivité du droit du sang

    se sentaient calomniés d'être traités de fascistes

     

    La secrétaire de l'élu raconta ce jour là à ma cousine

    que sa propre soeur était morte malade et ruinée 

    sans avoir pu vivre avec son amoureux camerounais

    sauf pour quelques vacances, et donc il fallait m'expliquer

    que mon sort avec Nim serait celui de Roméo et Juliette

    il n'y aurait aucun poète pour en parler 

    comme d'une injustice avérée

    et comme Emile Zola avait déjà été écrasé par un train

    la cousine eut l'impression d'avoir pris du grade

    vu que le député avait trouvé à sa fille

    un emploi de larbin chez les politiciens

    Je l'avais entendue expliquer  à son fils :

    Sois un gagnant, aborde le monde tel qu'il est 

    pas comme ce raté de Dominique

     

    Et voilà qu'un voyageur anonyme sous son chapeau

    me disait de descendre à Cassepas

    Lui, il  avait l'allure des résistants , de Jean Moulin

    avant qu'il soit torturé, et il me sembla que son message, c'était

    "ne casse pas ton amour pour Nim, car cette terre

    est une gare de triage, alors peu importe

    si vous êtes finalement mangé par les vers

    et que finissent à la poubelle tous tes témoignages

    Sois  fidèle à l'Amour et à la véridicité des faits

    cela seul apporte un réconfort à la conscience

    et ceux qui se privent de la souffrance infligée aux amoureux

    se privent de l'amour lui même , ils appellent faux amour le vrai

    et vrai amour le faux, c'est leur liberté

    dans l'aveuglement où sont nées toutes bêtes

    ayant confondu le diable avec le bon Dieu

    et dans ta famille ils s'y sont presque tous résignés

    voilà pourquoi quoique tu dises dans tes livres ou tes danses

    leurs oreilles et leurs yeux sont obturés avec de la glu

    par contre leurs bouches n'arrêtent pas de parler

    et de répandre le mauvais sort car ils croient qu'ainsi

    ils vont en être épargnés

    mais en crucifiant quantité de Christs, c'est leur destin qu'ils ont damné 

    Néammoins  rien n'empêchera l'abcès de crever

    il ne suffit pas d'avoir perdu toute ambition 

    pour devenir seulement un homme humain

    il faut aussi la compassion, et savoir retourner

    les griffes d'illusion contre les fauves eux mêmes"

     

     

    Sur le bateau du voyage de la Méditerrannée au Pacifique 

    et  des mers du Sud  aux îles Pythiuses

    il y avait deux boules sur pattes ou bâtons qui ressemblaient à ma famille

    c'est sûr qu'ils en étaient ,sauf

    qui'ils ne me reconnaissaient pas.

     

    l'homme avait une fille en Afrique

    et la police du consulat français 

     ne voulait pas qu'ils l'amènent en Europe

    Même les analyses  de l' ADN étaient soupçonnées de fausseté

     

    Il fallait donc que l'homme prouve

    qu'il avait bien vécu en Afrique au moment de la naissance de sa fille 

    et cela il ne le pouvait pas

    Il avait bien une photocopie de son ancienne carte consulaire

    obtenue dans un autre consulat

    qui , lui , bizarrement ,avait acces à toutes les anciennes archives

    mais le consulat de Douala

    réputé infernal par la ligue des droits humains

    prétendait que rien n'avait été conservé

    c'était au demandeur d'assistance de tout prouver 

    avec les documents qu'il avait rendu ou égaré

    par exemple son ticket d'avion de l'époque où il avait conçu son enfant métis

     

    La femme blanchedu vieil homme; autre boule sur patte

     pour le récompenser d'être revenu vers elle,

     avait adopté l'enfant, sauf qu'il était impossible

    de lui faire traverser la frontière

    projet aui  pour le consulat était une machination de  vampires  d'Afrique 

    accusés de vouloir engloutir toutes   richesses d'Europe

     

    Quand il avait eu son enfant, cet homme votait tranquillement

    pour les fascistes en pantoufles qui l'avaient envoyé comme comptable

    dans une entreprise chargée de pomper le pétrole de l'Afrique

    aussi comme à son âge les certitudes semblent gravées dans l'os

    il trouva excessif que je fasse de nos misères une question politique

     

    Si on le harassait depuis des années

    c'était à cause de   tous ces usurpateurs d'identité

    avec qui la France vigilante par erreur le confondait

    il finirait bien par prouver qu'il disait la vérité 

    puisqu'il avait l'argent, lui , de faire un procès !

     

    Quant à mon affaire, eh bien ...

    chacun pour soi, il ne faut pas vraiment compter

    sur de l'aide pour vérifier les mensonges de l'administration

    quand il serait lui même en Europe pour faire avancer son dossier

     

    Chacun pour soi, cette planète est une gare de triage

    On  trouve en abondance des médaillés de tous travaux

    et même une foule de grands poètes incontournables 

    mais pour la compassion et le dépannage humaine

    c'est la pénurie, à part

    quelques isolés exceptionnels ...

     

    Les deux boules sur patte  étaient adeptes de grand opéra

    Ils en sifflaient glorieusement quelques airs

    les oreilles collées à leur baladeurs

     mais ils sifflaient faux

    comme pour une marche militaire ou du moins identitaire

     

    Peut être Mozart dans une autre vie avait été leur valet

    et maintenant qu'il était mort ils en étaient fiers

    Je compris pourquoi Beethoven était devenu sourd

    sauf à la musique qu'il composait

    car dans la gare de triage, fallait pas trop être distraits

    pour garder le sentier du ciel et ne pas s'enliser 

    dans le marécage des bêtes héritières de l'humanité

     

    Plus tard  je vis sur la plage 

    la petite fille  qui jouait à tracasser un crabe 

    dans un baquet avec un bâton

    Je tentais de la convaincre de le libérer

    elle me répondit : Mais non , il aime jouer avec moi

    C'est mon ami, sinon il va s'ennuyer

     

    Pourtant  on n'a jamais vu encore

    les oiseaux mettre les humains en cage ;

    c'est plutôt le contraire, la beauté

    par le diable est prise en otage

    et de là toute une série de chantages

    au point que de cette vie on se lasse

    on se donne rendez vous au paradis des sages et on se dit que la planète Terre

    est une sorte de gare de triage, chacun pèse son âme

    et choisit son avenir, en déchiffrant comme il peut

    d'énigmatiques images , et c'est pourquoi

    j'ai donné  depuis longtemps priorité à l'étude

     dans mes activités quotidiennes

    quitte à saborder les opportunités d'enrichissement

    qui m'avaient déchiré un peu les poches

    avec leur hameçon.

     

    opus 380 : GERONIMO ET JULIETTE

     

    opus 380 : ROMEO AU RAS DE LA PAQUERETTE,DE GERONIMO ET DE JULIETTE

     

     


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