• LANCEMENT EN 2000 D'UNE CONNECTION ASTRALE

     

     

    Le poème ci dessous et  la peinture acrylique sur toile  ci dessus ,opus 144 :  TE TERE NA NI'A  I TE PARANETA , c'est à dire " le voyage au dessus de la planète " ont été composés à  la fin de l'année 2000 , en pensant à Eskie, surnom francisé par lequel se faisait appeler Etsuko  . Cette amie japonaise  habita  quelques  temps à Tiahura, Haapiti, Moorea , Pacifique Sud. 

     

    Je jouais sur la plage d'un petit psaltérion russe en forme de losange, qui me servait  de soutien pour le chant, et j'avais tatoué la tête des chevilles d'accord de touches de couleur, pour guider ma méditation, le moindre point de couleur pouvant au fil du chant se répandre dans tout mon corps , dans tout l'univers , ou se concentrer sur un seul de mes organes , selon la méthode de Frabato. 

     

     C'est alors qu'Eskie est venue s'asseoir pres de moi , pour m'écouter, puis m'inviter. Voilà le thème que je fredonnais : mi+re+mi+sol+solmi+re+do+ . et que je notais sur le carnet où je fis d'abord un dessin au crayon . Les noms des îles citées  s'écrivent en fait Rapa Nui , Hawaïï, Aotearoa, Ontong Java ...Mais j'ai préféré  les écrire d'une façon qui permette de les prononcer spontanément en français, en  éviter qu'on lise u quand il faut entendre ou. 

     

     

     

    ____

     

     

    LE TEMPS DE L'EVASION  

            

     

     Pourvu qu'ils me laissent le temps !

    Boris Vian

     

     

     

    Envolons nous  là haut , très  haut, ma bien-aimée

    Soyons légers ensemble ...

     

    Oui, je suis un garçon paisible

    Tu l'as deviné en t'approchant de moi

     lorsque je chantais en sourdine sur la plage,

    les doigts  sur le petit psaltérion 

    aux chevilles d'accord colorées ...

     

     

    Je connais le sentier astral

    du Soleil de nos naissances dans l'Esprit !

     

    Au bord de ce lagon , tu as marché vers moi sur le sable

     tu as fais vibrer au vent de notre amour

    nos corps dans la chaleur de l'été austral

     

    Puis tu t'es envolée avec moi après la tempête …

     

     

    Suivons cette lumière qui nous tire plus haut encore.

    Vois la courbure de la Terre et le ciel violet

    Et tout en bas l'île Aïmého, et sa ceinture de corail.

    Ta main est aimantée à la mienne

    Flottons ensemble sans crainte.

     

     

    Maintenant  contemple les étoiles

    Et vois Sirius , en haut

    Et plus bas, bien au loin, devine

    derrière la courbure de l'océan

     Rapa Noui,Ontong Djawa,

     Aotéaroa .

     

    Prends refuge dans le violet profond de la nuit

     tandis que le jour se lève,

     arche de Lumière à l'horizon sur la planète Terre .

     

     Aie foi dans cette vie

     pour repousser ses limites.

     

     

     

    Les merles des Moluques ce matin du haut des cocotiers 

     semblaient répéter un message

    reçu pour  toi ou moi de leur maître Phénix :

     

     

     " Evade toi des cages

    si tu veux  que tes ossements ressuscitent

     au delà de l'Histoire des humains

     au fil des tintements métalliques

     manoeuvrés pour nous appâter !

    Préfère le feu sacré

    qui avale les apparences de la vie

    mais aussi celles de la mort"

     

     

     

    Evadons nous de l'orchestre des convoitises terrestres.

     Elles  sont des pièges où se perd l'amour ...

     Sois mon jardin , je serai le tien

     Fusionnons , évadons nous même du temps ! 

     

     

     

    En cet instant, puisque nos rayons se croisent

     et que  tu as tant à découvrir encore sur cette planète

     donnons nous la chance pour toujours

     de nous retrouver là haut de temps en temps

     stables dans la consolation mieux que dans l'incarnation

     

     Ainsi nos âmes fusionneront encore  à volonté par le miracle 

     de la pensée et de la conversation

     

     Allo, allo, frémissent  les satellites 

    La connection est faible en Afrique

    Mieux vaut couper la vidéo

    Que fais tu maintenant ?

    Qu'as tu vécu ces temps ?

     

    ______

    opus 189 , acrylique sur bois

    TE HOA TAPONE

    The japanese friend / L'amie japonaise

     

     

    LANCEMENT EN 2000 D'UNE CONNECTION ASTRALE

     

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    opus 470

    TE MOEMOEĀ PĪHA'I IHO I ETSUKO 

    Dream near Etsulo / Rêve avec eskie

     

    LANCEMENT EN 2000 D'UNE CONNECTION ASTRALE

     

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    Cette année là 2000, apres deux ans d'absence, j'étais de retour en Polynésie, j' assurais de nouveau  les cours de l'Atelier Théâtre au Lycée La Mennais, je préparais alors la mise en scène d' "Arlequin poli par l'Amour" ,  de Marivaux , que je devais présenter en 2001 à la maison de la Culture de Papeete. Mais  parallèlement je  proposais d'autres  cours sur l'île Moorea le Samedi,  à quelques mètres de la hutte que j'habitais, au bord du lagon, sur le rivage où j'avais rencontré Eskie..

     

    Apres m'avoir dit que je lui avais révélé le sens de l'Amour et de la Vie , elle a poursuivi   sa route , m'affirmant qu'elle est une âme tellement jeune, qui vient de naître, alors que je suis une âme tres ancienne, plusieurs millénaires . . .

     

    Notre rencontre nous a fait mutuellement du bien . Nous n'avons gardé que des liens d'âmes, mais l' aimable connection ,quoique désincarnée , perdure, par mail ou par Skype aussi. Au fil des ans elle  me raconte  les étapes de son voyage. Une fois elle est installée dans un fjord de Norvege; une autre fois est elle devenue  cuisiniere sur un cargo  jusqu'au Kiribati, ou alors à Hawai elle milite pour la protection des dauphins.  Elle  visite aussi  au Japon sa mère devenue nonne bouddhiste .

     

    Les photos ci dessous ont été prises, soit dans , soit juste devant la hutte où j'avais dressé mon lit et mon atélier à Tiahura, à Moorea.

     

     

    LANCEMENT EN 2000 D'UNE CONNECTION ASTRALE

     

    LANCEMENT EN 2000 D'UNE CONNECTION ASTRALE

     


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     opus 1 : TE ARARA'A MĀTĀMUA, acrylique sur carton encadré , 66 x 50

     

     

     

     

    Cette année là nous avions pris le bateau à Casablanca

     Et lorsque nous sommes passés devant le rocher de Gibraltar

     ma mère Yvette me tendit ses jumelles  et me dit

     "Regarde les singes !"

     

     

     

    Puis nous sommes arrivés jusqu'à la maison de l'oncle Antoine

     au milieu de ses vignes , en Provence.

     

     

    Un matin, à l'étage .

     La fenêtre est largement ouverte ... 

     

     

    Près de mon lit se dresse un chevalet 

     avec une toile blanche sur son chassis.

     

     

     

    Les pinceaux  sont posés tout près .

     

     

    Peut-être aujourd'hui Antoine va se remettre à peindre

     après avoir encore contemplé la campagne 

     l'esprit dans le vide et dans la paix .

     

     

     

    A mon éveil

     un oiseau pénètre à toute allure dans la chambre...

     Il fonçe sur la surface blanche , 

     puis s'en écarte aussi vite, pour s'en retourner

     par la fenêtre...

     

     

     

    J'entends l'écho du glissement de l'air

     sur les plumes  colorées  lancées à toute allure

     

     

    Lorsqu'il a fait son virage j'ai cru voir son aile  traverser la toile

     Pourtant elle ne l'a pas déchirée.

     

     L'oiseau bariolé a fait demi tour 

     Il a plongé dehors vers le haut, très haut, très haut

     dans le ciel bleu de sa naissance !

     

     Les couleurs laissées par l'oiseau 

     rayonnent, palpitent sur la toile de lin

     se fixent

     puis s'effacent

     

     Par la fenêtre :  les collines du Lubéron, au loin.

     Et plus près, une rangée d'arbres fruitiers 

     à la limite des vignes ...

     Des orangers, des grenadiers et des figuiers,

     un cerisier

     

    je grimpe sur une grosse branche

     je cueille une cerise rouge.

     

     

    Maintenant tout ést silencieux

     Aucun bruit à  l'étage ni au rez de chaussée .

     

    Puis les cigales

     cricrissent

     

     

    Beaucoup, beaucoup, beaucoup plus tard 

     j'ai soupçonné ce souvenir

     d'avoir été un rêve et non une vision

     comme lorsqu'un oiseau se cogne à une vitre

     mais qu'est ce que cela change ?

     

     

     Ce matin là reste plutôt gravé dans ma mémoire 

     comme celui de l'Eveil !

     

     

     

     Eveil ,

      théâtre de Lumiere dans l'or de mon sommeil

     les yeux clos dans la paix des rayons du Soleil ...

     Une halte dans la marche forcée vers le néant 

     où nous orchestrent  en aveugle  

     les mâles dominants ,comme au zoo 

     chez les babouins !

     

    Eveil pour démentir  dans mon intimité

     La voie des  empereurs , le despotisme

     universel ou domestique, 

     sur le territoire minuscule ou immense

     de toute contrée!

     

     

    Oui 

     c'est là que mon âme a trouvé

     le réflexe instinctif  de l'éveil

     pour digérer le songe de l'incarnation

     le temps qu'elle allait durer ...

     

    Etre poète c'est se donner le souffle 

     de tout dire ,

      y compris l'ineffable bon ou mauvais

     sans crainte des primates mal intentionnés

     allergiques à la clarté

     comme à l'obscurité .

     

     

     

    Mon soliloque s'est ouvert en toute langue

    à l'instant propice à l'audace

    dans le consentement au dialogue.

     

      

    Avant de savoir si ta naissance

    est chance ou malchance

     enfant dépose le fardeau des générations 

     qui t'ont précédé, et l'autorité

     de leurs ventriloques toujours prêts

    à justifier leur règne empoisonné!

     

    Pèse le sens de tous les héritages

     il y a l'héritage des chaînes, et les sentiers de liberté.

     

    Je  n' hésiterai  plus  , avant de m'en aller   

     à mettre ma mémoire en partage

     

    Une foule de raisonnables patentés

    se donnent le relais pour se pavaner

    et du coup leur délire passe pour vrai,

    la loi de la jungle revue et corrigée pour te piéger !

     

     

    Attention, ton  dressage 

     n'a pour priorité que la gouvernance  

     du fermier sur le bétail ...

    On distribue encore des bibelots aux singes

    pour qu'ils consentent à l'esclavage

     

     

     

    Certes pour éviter les fauves il est parfois prudent

     de brouter derriere des fils barbelés .

     Le fermier est lui même un des acteurs de la basse cour

     mais s'il est cannibale

     vas tu dissuader  avec tes cornes 

     le berger qui te raconte son évasion ?

     

     

    Sur cette planète il y avait aussi

     ceux qui applaudissaient  à l'unisson 

     à la fois le sensé et l'insensé

     mais trouvaient finalement plus de sagesse

     dans la trahison  ...

     

     

     Êtres doubles , déchirés

     C'est à cause de vous que je dois mendier

     à moins qu'il soit davantage digne

     de vous cirer les souliers.

     

     

    Qui empêchera les déguisements

     de l'âme libre vendue aux démons ?

     Les humains rêvent de Dieu à leur image...

     

     

    D'autres ne voient dans le Soleil qui les tient debout

     qu'un gyroscope de feu 

     un objet ignorant 

     car eux seuls se sont qualifiés d' êtres pensants

     

     

    Eveil hors du cauchemar

     de la gloire et de l'exemple des titans  .

     

    Evade toi du rythme absurde

     de la peur minutieusement calculée 

     qui t'asservit à leurs chantages

     

     

    Selon ce que j'ai vu, les rituels de l'histoire 

     servaient le plus souvent à contrôler l'espace et le temps

     et les générations tournaient en rond dans des déserts stériles

     

    sans savoir se nourrir des arbres de cristal

    que des illuminés avaient fait croître !

     

    La confusion enchaîne le maître avec l' esclave.

     

      

    L'oiseau savant peut guérir ton attente et  te fortifier 

     Résiste aux illusions déguisées en fatalité

     Résiste à l'autohypnose des bêtes ensorcelées

     celles qui ont  bu le poison mélangé au lait

     Résiste  à qui a préparé cette mixture

    même si elle l'odeur de miel de l'hydromel.

     

     

    L 'oiseau Phénix  un jour m'a fait l'offrande

     de son identité transparente

     quelle que soit la forme aimable 

     que je lui créerai !

     

     

    L'empereur et sa concubine

     n'ont que des yeux , des oreilles d'animaux

      Ce qu'ils veulent perpétuer c'est leur espèce

     Ils brisent le miroir muet qui affiche  

     avec insolence leur orgueil.

     Ils ne voient pas digne d'hériter

     l'enfant au coeur tatoué de couleurs et de chansons

     

     Les sens humains sont limités

     Oiseau Phénix  tu es mon fils et et mon père...

     Seuls sont logiques Amour et  Liberté

     Mais pour les comprendre il faut l'humilité

     et la patience de les déchiffrer !

     

     La foudre était jadis tombée

     sur ce mas de Provence.

     Elle était entrée par une cheminée.

      

    Tante Léocadia avait roulé dans un tapis d'étincelles

     Le feu avec elle avait dégringolé l' escalier

     Sans la blesser

     

     

     

    La famille était incrédule  pour tout ce qu'elle n'avait pas vu ,

     par exemple   l'oiseau venu m'inspirer 

     Mais ce dont on est témoin , comment le nier ?

     L'éclair qui avait ailleurs tué

     on le respectait.

     

     

    Et moi  cet oiseau je l'ai vu même si c'était en rêve.

     Il m'a montré comment orienter le hiéroglyphe 

     de mon incarnation passagère

     afin qu'elle me soit plus légère.

     

     

     

    Aussi je dois, avant de retourner au Ciel

     armé du seul passeport

     de mon âme invisible aux contrôleurs inhumains, 

     je dois te tatouer lecteur de ces lueurs

     

     Attrape ce boomerang de lumière

     et fais passer.

     Chacun s'illumine dans le relais.

     

     

     j'accomplis ma tâche  pour que les vents me poussent

     ainsi qu' une antique montgolfière

     vers là où les malédictions

     ne pourront plus me souiller !

     

     

    Il fait chanter le temps  ce  travail

     de témoigner des bienfaits de l'éveil ,

     mais aussi 

     des crimes et mensonges

     presque parfaits .

     

     

    Ceux pour qui je ne suis pas un parasite à balayer,

     m'ont fait parfois  l'aumône sans même m'écouter 

     ainsi qu'à un mendiant qui délire

     devant la porte de leur église .

     

     

    Merci quand même, cela prouve au moins 

     Que  les perroquets ont un rôle à jouer

    tant qu'ils  ne se sentent pas menacés

    par le  Phénix, Quetzacoalt,

     e Simorgh, Taaroa, Hamsa ton propre souffle,

     

     

    Alors mon frère, ma soeur en humanité

    accueille le nouveau monde vivable

     épris d'air pur et de lecture

    loin de tout marchandage !

     

     

     

    Accueille moi un peu dans ton regard

     Es tu  si sûr de détenir toutes les clés

     pour ouvrir toutes les serrures ?

     Montre moi le chemin de ton rivage !

     

     

    Là où le phénix demeure ,

     nous serons tous  recompensés

     de nous oublier dans le partage

     de son écho, même fredonné

     

     

    Ceux qui s'en fichent peuvent bien ricaner

     de la veillée ...

    Il est essentiel de négocier des lois

    pour chasser le renard du poulailler

    il s'est clamé gardien, l'illusionniste

    A notre tour de l'escamoter.

     

     

    E te manurere o te Pārataito,

     Meho Nui Ha'atupua,

     'ua 'ite 'oe iā'u te ara o te arara'a :

     

    Parau mau ! 

     E'ita e mo'e iā'u 

     i tō 'oe mau 'ū pohe 'ore !

     

     

     

    Mého Nouï, Garouda, Bouroung Chandrawasih ,

      toi c'est mon moi pour me sortir de la noyade !

     

     

     Et ce qui est véridique aussi

     c'est le mauvais coeur qui inquiète 

     la chenille en gestation dans le cocon

     en dépit de la bonté inlassable 

     des couleurs de l'Eternité

     

     

     

    *

     

     

     

    TE ARARA'A MĀTĀMUA,

     

    opus 1 : acrylique sur carton encadré , 66 x 50

     

     

     

     

     

    Tel  est en effet  le titre inscrit au dos de ce tableau, avec la signature, car je ne signe jamais sur la face peinte, ce serait comme écraser une mouche sur une vitre en regardant un paysage . Les voyelles se prononçant différemment en tahitien, entendre  : Té arara'a ma+ta+mou'a , ce qui veut dire en français : l'éveil ancien, premier, du début..

     

     

     

     Lorsque j'étais enfant au Maroc, mes parents vinrent  une fois passer des vacances en Provence où étaient leurs familles, notamment dans la campagne de Pertuis (Vaucluse) où mon grand-oncle, Antoine Krébil, vivait avec tante Léo dans une maison entourée d'arbres fruitiers et de vignes. 

     

     

     

    Tout comme mon grand-père Louis Cottalord, tonton Antoine aimait peindre, en particulier les paysages de Provence. Et à l'étage, dans la petite chambre où je dormais seul, il y avait un chevalet avec une  grande  toile vierge, qui faisait face à une fenêtre ouverte. Cela faisait du temps que l'oncle n'avait pas touché aux pinceaux , il avait peut être laissé là ce matériel pour être tenté ...mais qu'ajouter à la beauté du paysage ? ou alors peindre est l'occasion d'aiguiser le regard ?

     

     

     

     Or un matin , en m'éveillant, je vis, à la vitesse de l'éclair, un oiseau multicolore qui se précipitait   par la fenêtre jusqu'à la toile, puis, sans ralentir , son parcours fit une boucle , et il repartit d'où il était venu. Ensuite, pendant quelques instants , subsista la trace multicolore de son passage sur la toile vierge, comme s'il s'agissait de son sang, de sa chair, de sa vitesse.

     

      

     

     Trace indélibile dans ma mémoire , rayonnant un message d' éternité, et je peux m'imaginer chevaucher son double astral pour accompagner cet oiseau là au dessus de la campagne. Mais  à force  pédagogue, il semble que les graines  de  l'Eveil ne prennent qu'un temps  sur cette Terre. C''est peut être l'indication d'une étape ultérieure où soit durable l'éveil à la conscience cosmique , par libre choix .  

     

     

     

    C'est que les mots ne suffisent pas. Tout le monde veut renaître Phénix, mais il y a les flammes purificatrices et celles de l'enfer, et à force de mélanger les ambitions contradictoires, on se retrouve au pays des iwawas, des zombis, des tupapau , prononcer toupapaw ... il y a un sens aux actes et aux choses en deçà et au delà des mots. Je  suggererai que ce soit cela leur sphotas, même si je ne suis pas sûr que c'est ce dont veut parler   Daumal, dans Bharata, quand il évoque  le sens dénominateur commun à un mot et à sa traduction .

     

     

     

      " Une langue inconnue parle en nous, et nous mêmes nous en sommes des mots, détournés du réel" écrivait Pessoa, traduit par Quillier . Sans le sens métaphysique des formes  d'esprit et de matière où s'engendrent les créatures ou les objets , pauvres sont les mots, juste utiles à jouer avec  l'anxiété de survie de la bête. "

     

     

     

    Avec l'âge ,je me suis dit que ce qui m'était arrivé avec cette première vision de l'oiseau bariolé, ce n'était peut être pas une vision reçue au moment où j'avais ouvert les yeux, mais un rêve. J'avais peut-être dormi jusqu'à ce que les rayons du soleil viennent colorer mes paupières closes. Mais qu'importe, même aujourd'hui, en repensant à ce moment crucial de mon existence , j'en ai un souvenir comme d'un fait plus réel que tout ce que je vivais alors.

     

     

     

    Mon frère Freddy n'était alors pas encore né . L''ambiance familiale au Maroc avait tendance à se limiter, depuis quelques années aux mines renfrognées et aux coups de gueule d'un père que je percevais comme un despote. Dans mes poèmes adolescents je l'appelais "l' Empereur de Chine", puisqu'en dépit  du dernier empereur devenu jardinier, c'était en principe contre le despotisme qu'on faisait des révolutions . A moins que le despote , le fauve prédateur ne soit en chacun une option actualisable, pour prendre le relais des potentats.

     

     

     

     Ferdinand pourtant avait souffert du pétainisme,radié de son emploi de dessinateur parce que né étranger,  mais voilà, ayant peu connu la tendresse de ses propres parents harassés par la vie, il ne savait pas rayonner l'amour. Seulement une angoisse déguisée de certitudes sur ce qui était réaliste dans la vie, et pour le chien de garde c'est la voix de son maître qui est l'exemple absolu, quand on a  trouvé un peu de répit dans une niche . 

     

     

     

    Et voila que par ce rêve, le visage baigné par le soleil dans mon petit lit, s'était révélée une Réalité tellement plus consistante que je n'allais plus laisser ma mémoire s'en éloigner. On pouvait bien tout tenter pour décourager ma vocation d'artiste , je ne voyais pas de quelle félicité jouissaient les esclaves et même les maîtres et leurs portées.

     

     

     

    Lorsque j'ai peint ce tableau, je m'étais représenté comme un être asexué, puis ensuite j'ai voulu représenter une femme , comme pour inciter l'oiseau à visiter ma compagne . Je  vivais alors avec Christine , et j'ai toujours souhaité ardemment partager mes inspirations avec les femmes que j'ai aimées.

     

     

     

    Au fond le monde entier pouvait m'ignorer, pourvu que ma compagne soit capable de tout partager, même ce regard qui me traversait. Excessif , naïf, utopique , tyrannique ? C'est à voir  ... Ce fut en tous cas  une des obsessions fertiles  de ma vie dans cette incarnation, et l'oiseau exorciseur, symbole de Délivrance , me paraissait davantage digne de fidélité que les charmes de la sensualité, si je devais les payer par l'enlisement de mon espace, de mon temps et de ma créativité  ...

     

     

     

     Je pense que l'on est sur terre pour se créer, mais librement car le monde ne peut accéder au  Divin avec une conscience de machine. D'où probablement la clé de l'énigme du mal. C'est librement que l'on peut réaliser l'Union Cosmique.

     

     

     

    Plus tard sur cette image  j'ai ajouté la fleur du sexe d'homme , comme si finalement je devais assumer que ce souvenir c'était seulement mon histoire . Rêve possible à partager, mais mettre le haut idéal dans les désirs de la chair, c'est un paradoxe que seul l'exemple peut inciter à pratiquer, comme une clé de l'évolution, la pénétration de l'esprit dans la matière. ... 

     

     

     

    Ce tableau fut acheté dans une galerie de l'île de Formentera ,je l'avais encadré moi même , une fois le carton de marque Canson posé sur une pièce de contreplaqué de sa taille . On remarquera  que la toile  représentée dans le tableau ressemble à une deuxieme fenêtre à côté  de la fenêtre, quoique  dans mon souvenir elle lui faisait face.

     

     

     

    Le lit semble suspendu dans le ciel bleu où poudroient  des éclats de couleur. La blancheur de la toile , la nudité   et les pentes de verdure suggèrent des parcours possibles . Tant l'éveil est va  plus facilement se proposer  dans une vie  vierge de souillures choisies . Si la conscience et ses sens vassaux sont réceptiifs  et l'art catalytique du supramental divin n'ensemence pas sur du macadam  mais il faut aussi notre volonté . Jadis ,les religions se bâtissaient à travers des poèmes  et des visions sacralisées par le consensus social. La peinture était là pour illustrer les textes. Ici ce sont les mots qui sont des outils , comme les couleurs, pour que l'éveil silencieux ou chantant soit trouvé.

     

     

     

    Cet oiseau, symbole de la bienveillance cosmique des astres,  devint  le repère central de la mythologie instinctive où ma vie a trouvé son sens , son épanouissement , je n'ai pas fait  de son image une icône pour un culte, et je conçois que chaque regard rêve autrement de cet oiseau ou d'un autre symbole, chaque vie est une équation à résoudre.

     

     

     

    Quoique sous de multiples formes, l'Oiseau venu du paradis a commencé  alors à me nourrir d'un rayonnement qui longtemps après m'a paru émaner du supramental Divin , mais perçu selon les limites des organes sensoriels et de la réceptivité psychique du petit singe français que j'étais ,né dans l'Atlas Marocain .

     

     

     

    Ce sont les oiseaux des Galapagos, qui ne craignaient pas l'homme, et Christian Zuber avait des films pour le prouver, qui m'aimantèrent lorzsque j'avais 12 ans vers  une vie dans le Pacifique . Mais je n' y arrivais que bien  plus tard .Dans la cosmologie tahitienne ,Taaroa est  l'oiseau né de l'oeuf du  monde  . Il  laisse tomber quelques unes de ses plumes pour qu'elles se plantent et deviennent des arbres . Dans un autre de mes tableaux, ce moi qui s'est pris pour Taaroa  a semé des arbres-guitares .

     

     

     

      Peu avant la vision de Pertuis  il y a eu deux   deux autres iscènes fondatrices de mon cheminement sur cette planète  , toutes deux à Agadir. L'une est infernale , c'est la vision de mon père les yeux exorbités écoutant la radio pendant que je suis près de ma mere, dans l'ombre de la véranda , une de ses jambes posée sur un petit cheval de bois . La baie vitrée de la véranda est ouverte sur la nuit et le jardin. Je frissonne apeuré d'imaginer des fantômes, des diables, comme s'ils me narguaient. 

     

     

     

     L'autre vision , sur la plage très déserte au delà de la ville où était notre maison, est celle d'une très jeune femme noire sortant de la mer, avec un pendentif en or scintillant entre ses seins mouillés .

     

     

     

     En fait, pendant longtemps je n'ai accordé aucun sens à ce rêve éveillé de l'oiseau merveilleux . Puis, un jour, à Nice,  je fus ébloui de retrouver cet oiseau, sous une forme différente , comme pour fournir une signification supplémentaire . Il s'élançait d' un arbre sur une miniature arabe  ornant  un mur chez Jean Pierre Boursier Mougenot , dont les grandes sculptures étaient incrustées de bouts de miroir .

     

     

     

    Et  vers 1970, dans la série de mes  Pictographies,  c'est encore cet oiseau qui me délivre de la caverne de chair ancestrale  . Voir l'opus 463 , qui se trouve dans ces albums :  https://www.facebook.com/pages/FONDATION-ABALYON/168165169931580?sk=photos_albums .J'avais imaginé   l'édition  de ces Pictographies sous forme d' un livre rouleau où les symboles suffiraient au récit ...

     

     

     

    Plus tard,  de mon deuxième séjour à Bali en 1974, j'avais également suspendu au dessus de l'entrée de  la chambre où je dormais  un dessin en couleur de cet oiseau que j'appelais Amour, à côté d'une cage. Je  prévenais  que dans la cage on ne pouvait apprendre le secret de son vol. 

     

     

     

    La même année  ,  alors que je cheminais dans un torrent au fond d'un précipice, pres du village de Batuan,  l'oiseau du paradis  vint m'éveiller de façon encore plus explicite . C'est le thème de l'opus 14 qui se trouve également dans ces albums : https://www.facebook.com/pages/FONDATION-ABALYON/168165169931580?sk=photos_albums

     

     

     

    C'était semble-t-il vers midi, car j'étais entouré d'eau mais aussi de Lumiere, et le soleil doit être au zénith pour pénétrer dans la gorges profonde creusées par la rivière, où je me trouvais. j'en ai parlé dans plusieurs textes déjà , c'est vrai que je ne me lasse jamais  de revivre ces moments ... Comme il est bon de se répéter quand c'est pour partager  l'éblouissement  dont me gratifia cet oiseau, qu'on peut qualifier d'imaginaire, cela ne le dérange pas !

     

     Etrangement la nuit du deces de mon pere, la salle de l'hopital où il respirait encore  se transforma soudain , comme une projection astrale plus forte que le constat de mes yeux physiques, en une sorte d'hologramme réactualisant la scène où j'avais entendu le cri de l'oiseau du Paradis à Bali. Les cascades de  Batuan semblaient répandre leur fraicheur jusqu'à  la conscience de Ferdinand et 'en approchant de son dernier souffle , il semblait être devenu un  un peu réceptif , impression tout à fait subjective... et en contraste avec  ses dernieres paroles, lorsque je le soutenais pour le conduire vers l'ambulance qu'avait appellé Freddy, et que je lui disais " respire à fond, cela va te donner des forces", il avait répondu : " Ca , c'est de la fumisterie :"

     

     

     

     

     

    Ci dessous on trouvera aussi  une photographie du petit Domdom dans un arbre , prise à Pertuis à l'âge de la vision inaugurale, ainsi qu'un autoportrait peint à l'huile  par l'oncle Antoine , et un portrait  de Léocadia son épouse , coloré par le photographe, son époux semble-t-il , peut être avec  l'appareil de Louis Cottalord, mon grand père.

     

     

     

    Louis Cottalord officia longtemps  avec un gros appareil de photo, de la taille d'une petite caisse de bois , la couleur était quelque chose entre l'ocre et le jaune  , avec des stries marron, le tout vernis , et là dedans il enfilait des plaques de la taille d'un livre et couvrait sa tête avec un tissu noir, pour éviter que la lumière ne s'imprime trop tôt   .

     

     

     

      Je dois préciser que  l'oiseau de Paradis s'écrit Burung Candrawasih en bahasa Indonesia, même si dans une strophe en français j'ai préféré écrire Bouroung pour restituer un peu la prononciation . Et  si le poème avait été en anglais, j'aurais écrit  Garuda, plutôt que Garouda .  Garuda,  la monture de  Vishnou que l'éléphant appelle à son secours quand il est attaqué par le crocodile ...

     

     

     

    Quelques vers du poème me sont venus en tahitien. En reo maohi, le u se prononce ou, le e = é, ai = aï,  le h est audible ,  le tiret sur les voyelles les allonge, on roule les r  et le ' est le coup de glotte . Je reproduis ici ces vers  , et donne leur équivalent en français :

     

     

     

    E te manurere o te Pārataito,

     

    Meho Nui Ha'atupua,

     

    'ua 'ite 'oe iā'u te ara o te arara'a :

     

     

     

    Parau mau ! 

     

    E'ita e mo'e iā'u 

     

     i tō 'oe mau 'ū pohe 'ore !

     

     

     

    O toi l'oiseau du Paradis

     

    le grand Discret exorciseur

     

    tu m'as montré le chemin de l'éveil !

     

     

     

    Parole véridique !

     

    Impossible de perdre la  mémoire

     

    de tes couleurs sans mort !

     

     

     

     

    *

     

    Voilà  quoi je ressemblais à l'époque de la vision inaugurale  , à Pertuis :

     

    L'EVEIL INAUGURAL

     

    *

    l'oncle Antoine Krébil, par lui même , peinture à l'huile :

     

     

     

    *

    la tante  Léocadia :

     

     

     *

     

     


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